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L’Iran envisage de fermer le détroit d’Ormuz : quelles conséquences sur le prix du pétrole ?

Par RTL info avec Melinda Bilmez et Amandine Payen
Dimanche en fin d’après-midi, le Parlement iranien a décidé de fermer le détroit d’Ormuz. Si cette décision est validée par le Conseil suprême de Sécurité nationale de l’Iran, l’industrie pétrolière sera touchée, et c’est toute l’économie mondiale qui pourrait être impactée.

L’une des premières réactions de l’Iran face aux attaques américaines pourrait être de fermer le détroit d’Ormuz, un lieu stratégique où transite 20 % du pétrole mondial. Le Parlement iranien l’a justement décidé dimanche après-midi. Si cette décision est validée par le Conseil suprême de sécurité nationale de l’Iran, toute l’économie mondiale pourrait être impactée.

Le détroit d’Ormuz est un véritable espace stratégique pour l’économie mondiale. Situé sur les côtes iraniennes, 20 % du pétrole mondial y transite, ce qui représente 20 à 30 millions de barils par jour. Depuis la récente escalade de tensions entre l’Iran et Israël, Téhéran menaçait de le fermer.

Lieu stratégique, impact économique

Mais cette décision pourrait avoir de lourds impacts économiques, à commencer par un doublement du prix du baril de pétrole. « Le prix du baril pourrait s’envoler jusqu’à 120 dollars l’unité. Cela voudrait dire que le prix serait doublé par rapport au prix d’il y a quelques semaines », explique Philippe Ledent, professeur d’économie à l’UCLouvain et économiste. Selon lui, cette décision aurait un intérêt stratégique : « Un blocage du détroit d’Ormuz, géo-stratégiquement parlant, forcerait probablement d’autres grandes puissances comme la Chine, à sortir du bois, et à s’impliquer dans ce conflit ».

Déjà fin 2011, l’Iran avait commencé à mener des exercices de tirs de missiles dans le détroit d’Ormuz.
Philippe Ledent, Professeur d’économie à l’UCLouvain et économiste

Contrôlé par l’Iran et Oman depuis 1975, ce passage essentiel, clé pour le pétrole et le gaz, a souvent été source de tensions et d’arguments pour l’Iran. Philippe Ledent le confirme : « Déjà fin 2011, dans le contexte des sanctions prises à son encontre pour le programme nucléaire, l’Iran avait commencé à mener des exercices de tirs de missiles dans le détroit d’Ormuz, ce qui effectivement était déjà interprété comme une menace d’un blocage de ce détroit ».

Les conséquences seraient alors énormes sur l’économie mondiale. Si le détroit venait à être fermé, cela donnerait l’occasion à Téhéran d’engendrer des négociations dans ce conflit qui dure depuis 10 jours maintenant, et de réagir à nouveau face aux frappes américaines.

Pressions de Washington sur Pékin

Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a exhorté dimanche la Chine à contribuer à dissuader l’Iran de fermer le détroit d’Ormuz, une route commerciale essentielle, à la suite des frappes américaines sur les sites nucléaires iraniens.

«J’encourage le gouvernement chinois à Pékin à les appeler à ce sujet, car ils dépendent fortement du détroit d’Ormuz pour leur pétrole», a déclaré M. Rubio sur la chaîne américaine Fox News.

Selon les analystes, l’Iran pourrait choisir de riposter à l’attaque de Washington survenue tôt dimanche en fermant le détroit, par lequel passe un cinquième de la production mondiale de pétrole.

«S’ils le font, ce sera une autre terrible erreur. C’est un suicide économique pour eux s’ils le font, et nous conservons des options pour y faire face», a ajouté le chef de la diplomatie américaine. «Mais d’autres pays devraient également se pencher sur la question, car les économies d’autres pays seraient bien plus touchées que la nôtre. Je pense qu’il s’agirait d’une escalade énorme qui mériterait une réponse. Pas seulement de notre part, mais de la part d’autres pays», a-t-il mis en avant.

L’Iran a plus tôt menacé les bases utilisées par les forces américaines au Moyen-Orient, un conseiller du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, déclarant qu’elles seraient considérées «comme des cibles légitimes».

La Chine s’est jointe à la Russie et à un choeur d’Etats arabes pour condamner les attaques américaines, déclarant qu’elles «aggravent les tensions au Moyen-Orient».

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