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Même le protocole a cédé: le code vestimentaire des quelques dirigeants mondiaux bousculé à la cop30

Par RTL info avec l’AFP
Dix ans après l’accord de Paris, l’heure n’est pas à la célébration au Brésil : des dirigeants internationaux ont admis à Belem jeudi que le monde n’avait pas réussi à limiter le réchauffement climatique comme espéré. Comme un symbole d’impuissance face aux températures toujours en hausse, la chaleur ambiante y a poussé le peu de chefs d’État présents à abandonner la cravate.

La diplomatie a relâché sa cravate au sommet de la COP30 à Belém, où les températures dépassent les 30 ºC, au cœur de l’Amazonie. Dans la chaleur humide de la plus grande forêt tropicale du monde, même le protocole a cédé : certains dirigeants, comme Gustavo Petro, président de la Colombie, sont arrivés sans cravate, tandis que d’autres, dont Gaston Browne, Premier ministre d’Antigua-et-Barbuda, ont retiré la leur pour saluer le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva. Le président français Emmanuel Macron ou encore le prince William, eux, ont cependant conservé la cravate.

« La fenêtre d’opportunité » pour agir « se ferme rapidement » a mis en garde le président Lula, en ouverture d’un sommet avant la 30e conférence sur le climat de l’ONU. Il a fustigé les « mensonges » de « forces extrémistes » qui favorisent « la dégradation de l’environnement ». Pendant longtemps, l’ONU comme les dirigeants pro-climat ont évité le catastrophisme par crainte de démobiliser. Face à des températures incontestablement record, ils invitent à une « COP de la vérité », selon le terme de Lula.

Moins de pays présents et l’échec de l’accord de Paris acté

« Nous sommes moins nombreux ici à Belem, moins de dirigeants prêts à dire les choses comme elles sont » a reconnu le président irlandais Micheál Martin. « Notre attention a été détournée vers d’autres menaces et crises qui peuvent sembler moins pressantes » a-t-il déploré, en allusion aux tensions géopolitiques et commerciales.

Seulement une trentaine de chefs d’États et de gouvernements ont fait le voyage vers cette ville fluviale de l’Amazonie. Après une inauguration joyeuse en musique, le ton est devenu brutal, alors que l’ONU a confirmé en même temps que l’année 2025 serait la 2e ou 3e année la plus chaude jamais enregistrée.

Le secrétaire général de l’ONU António Guterres a acté l’échec de la communauté internationale à limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à la période préindustrielle, l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015, évoquant une « faillite morale ».

L’ONU a basculé sur un message réaliste : les pays doivent faire en sorte que ce dépassement soit le plus court possible. Mais il faudra encore 50 ou 70 ans pour revenir à 1,5°C, dit à l’AFP Johan Rockström, directeur de l’Institut de recherche sur le climat de Potsdam.

Tous contre la désinformation climatique

Avec force, des présidents ont rejeté la désinformation climatique, les lobbys du pétrole, le manque d’argent et le retrait des États-Unis de la coopération sur le climat – même si l’absence de la première économie mondiale est une source de soulagement pour ceux qui craignaient que Donald Trump envoie des agents d’obstruction.

À la tribune, le président américain a suscité de vives critiques. Le Chilien Gabriel Boric a dénoncé ceux qui « choisissent d’ignorer ou de nier les preuves scientifiques et la crise climatique » . « Trump est contre l’Humanité » a tranché son homologue colombien, Gustavo Petro, dont le visa pour les États-Unis a été annulé par Washington.

Mais « nous n’avons jamais été mieux équipés pour contre-attaquer » a aussi dit Antonio Guterres. C’est l’autre objectif des dirigeants à Belem : ne pas laisser penser que la bataille est perdue. Beaucoup vantent les progrès phénoménaux des énergies renouvelables qui font entrevoir un avenir sans pétrole.

La Chine, championne industrielle de la transition énergétique, a profité de l’occasion pour demander à lever les « barrières » commerciales sur les « produits verts », un rappel des tensions douanières actuelles.

Fonds pour les forêts

Le choix de la capitale de l’État du Para pour la COP a fait polémique en raison de ses infrastructures limitées qui ont renchéri la venue des petites délégations et des ONG. Au point que le Brésil a dû trouver des fonds pour loger gratuitement des délégués des pays les plus pauvres dans deux navires de croisière affrétés.

Jamais la ville de quelque 1,4 million d’habitants, dont la moitié vivent dans des favelas, n’avait accueilli un tel événement international.

Le Brésil ne cherchera pas de nouvelles décisions emblématiques, mais veut que la COP30 inscrive dans le marbre des engagements concrets et organise un suivi des promesses du passé.

Le Brésil a ainsi lancé jeudi un fonds d’un nouveau genre appelé à générer des dividendes sur les marchés financiers pour la protection des forêts (TFFF). La Norvège a déjà proposé d’allouer jusqu’à 3 milliards de dollars.

Une partie du monde en développement reste sur sa faim après l’accord arraché dans la douleur l’an dernier à Bakou sur la finance climatique et veut remettre le sujet sur la table.

Les financements internationaux en faveur du climat sont « insuffisants, fragmentés et trop souvent mal ciblés » a déploré jeudi le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi. Son pays dans le bassin du Congo abrite la deuxième plus grande forêt tropicale humide au monde, après l’Amazonie.

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