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Discret mais influent, l’Américain Robert Francis Prevost a été élu pape ce jeudi, devenant le 267e souverain pontife, sous le nom de Léon XIV.
C’est une première dans l’histoire de l’Église catholique : un pape originaire des États-Unis. Élu ce jeudi 8 mai, Robert Francis Prevost, 69 ans, devient Léon XIV, succédant à François. Homme de terrain et fin connaisseur des arcanes du Vatican, ce cardinal classé parmi les modérés incarne une figure d’équilibre dans un contexte ecclésial et géopolitique tendu.
Un pasteur enraciné dans le peuple
Né le 14 septembre 1955 à Chicago, dans une famille d’origines italienne, française et espagnole, Robert Francis Prevost entre dans l’Ordre de Saint-Augustin en 1977, après des études en mathématiques à l’université Villanova. Il poursuit ensuite une formation théologique à Chicago, puis obtient un doctorat en droit canonique à Rome.
Ordonné prêtre en 1982, il est envoyé dès 1984 comme missionnaire au Pérou, où il restera plus de vingt ans. À Chiclayo, dans le nord du pays, il s’investit dans la formation, la justice ecclésiastique et l’accompagnement pastoral. Il y devient archevêque-évêque émérite, profondément engagé dans les "périphéries", ces zones géographiques et sociales souvent négligées par l’Église.
"Un évêque ne doit pas être un petit prince assis en son royaume, il doit être proche du peuple qu’il sert et marcher avec lui, souffrir avec lui", déclarait-il encore en 2024 dans une interview à Vatican News.
De l’Amérique latine à la Curie romaine
De retour à Chicago en 1999, il est élu supérieur provincial des Augustins du Midwest, avant d’être désigné prieur général mondial de l’Ordre en 2001. Il occupera ce poste jusqu’en 2013. En 2014, le pape François le nomme évêque de Chiclayo, puis le fait cardinal en 2023, reconnaissant sa vision pastorale et sa capacité à conjuguer proximité et gouvernance.
Cette même année, il prend la tête de l’un des dicastères les plus influents du Vatican : le Dicastère pour les évêques, chargé notamment des nominations épiscopales à travers le monde. Une fonction stratégique, qu’il assure avec mesure après avoir succédé au cardinal Marc Ouellet. Il devient également président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine et siège au sein de sept dicastères de la Curie romaine.
Un homme de synthèse apprécié à Rome
Considéré comme un homme d’écoute et de synthèse, Léon XIV est décrit comme "le moins américain des Américains" par La Repubblica, en référence à son ton posé et son approche modérée des grandes questions de l’Église. Sa connaissance du droit canonique et sa stature internationale rassuraient autant les réformateurs que les conservateurs au sein du Collège des cardinaux.
Son profil de "pont" entre les cultures, sa maîtrise des réalités de terrain et sa compréhension fine des équilibres internes du Vatican ont fait de lui un favori discret, souvent cité par les vaticanistes en amont du conclave.
Une vision résolument tournée vers l’avenir
À l’annonce de la mort de François, il affirmait que l’Église avait "encore beaucoup à faire" : "Nous ne pouvons pas nous arrêter, nous ne pouvons pas revenir en arrière. Nous devons voir ce que l’Esprit Saint veut pour l’Église d’aujourd’hui et de demain", soulignait-il en avril. "Le message est toujours le même, mais le moyen d’atteindre les gens d’aujourd’hui – les jeunes, les pauvres, les politiques – est différent".
Son élection ouvre une nouvelle page de l’histoire pontificale, placée sous le signe de la continuité réformiste, mais aussi de la réconciliation des courants au sein de l’Église catholique. Léon XIV, pape américain au parcours profondément latino-américain, entend conjuguer enracinement spirituel, sens du dialogue et fidélité à la mission évangélique.


















