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« De nombreux touristes dont mes parents sont bloqués en Tanzanie à cause des élections violentes », confie Chloé via notre bouton orange Alertez-nous.
« Internet est coupé, j’ai pu juste avoir de leurs nouvelles pendant 10 minutes hier. Et depuis, plus rien. Sur place, visiblement, c’est la catastrophe. C’est très stressant car nous ne savons pas si nos parents pourront revenir en Belgique rapidement », craint la jeune femme de 20 ans. Confiné dans son hôtel à Zanzibar, le couple devait prendre un vol retour jeudi soir, mais il a été annulé. « Peut-être qu’ils auront un vol samedi via le Kenya », espère cette habitante de Zaventem.
D’après elle, ses parents sont habitués à voyager. Mais c’est la première fois qu’ils sont confrontés à une telle situation. « C’était leur rêve de réaliser un safari en Tanzanie et leur voyage tourne au cauchemar », regrette la jeune femme.
Le pays de 68 millions d’habitants a sombré dans la violence mercredi, jour d’élections présidentielle et législatives qui se sont déroulées sans opposition, les deux principaux adversaires de la cheffe de l’Etat Samia Suluhu Hassan ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.
Un journaliste de l’AFP a entendu mercredi des tirs nourris dans la capitale économique et plus grosse ville du pays Dar es Salaam, alors que des centaines de personnes protestaient, incendiant notamment un commissariat. La contestation s’est ensuite étendue dans le pays.
Internet très largement bloqué
«Au moment où nous parlons, le nombre de morts à Dar (es Salaam) est d’environ 350 et il y en a plus de 200 à Mwanza (nord). Si l’on ajoute les chiffres des autres endroits dans le pays, on arrive à un total d’environ 700 morts», a déclaré à l’AFP le porte-parole de Chadema John Kitoka. Un bilan similaire a été communiqué à l’AFP par une source sécuritaire.
Un chercheur d’Amnesty international, interrogé par l’AFP, a indiqué avoir reçu des informations faisant état d’au moins 100 morts en Tanzanie ces deux derniers jours.
«Les forces de sécurité sont dans les hôpitaux. Elles essaient de contrôler la narratif» et d’empêcher les chiffres sur le nombre de victimes de sortir pour ne pas mettre en difficulté du gouvernement, a-t-il raconté.
Internet restant très largement bloqué, le travail de récolte de ces données est extrêmement complexe, a-t-il ajouté.
Plusieurs hôpitaux et centres de santé ont refusé de s’exprimer auprès de l’AFP, dans un contexte de crainte maximale des autorités, qui n’ont communiqué aucun bilan de leur côté.
Election «volée»
La cible de leur courroux est la cheffe de l’Etat Samia Suluhu Hassan, promue à la tête de la Tanzanie à la mort de son prédécesseur John Magufuli en 2021, qui aspire cette fois à être élue.
Saluée dans un premier temps pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de mener une répression sévère contre ses critiques, notamment en amont du scrutin.
Les sites d’information locaux n’ont pas été mis à jour depuis mercredi et Mme Hassan n’a fait aucun commentaire sur les troubles.
La seule déclaration officielle est venue du chef d’état-major de l’armée, Jacob Mkunda, qui a qualifié jeudi soir les manifestants de «criminels». «Je demande aux Tanzaniens de rester calmes. Les forces de défense contiennent la situation», a-t-il ajouté.
Le résultat des élections n’est pas encore connu. Le décompte des votes est toujours en cours, avec des mises à jour régulièrement donnés sur à la télévision nationale qui ne mentionne pas les troubles mais montre, sans surprise, un raz-de-marée du parti au pouvoir CCM.
Sur l’île de Zanzibar, haut lieu touristique, le parti au pouvoir de Mme Hassan a été déclaré vainqueur des élections locales jeudi soir. Mais le parti d’opposition ACT-Wazalendo, arrivé second, a rejeté les résultats, s’estimant «volé» et exigé un nouveau scrutin.

















