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Depuis 2022, les services secrets européens observent une intensification notable de tentatives d’espionnage russes, visant tout particulièrement notre royaume. Cette guerre de l’ombre, menée sans armes ni militaires, mais à coups d’infiltrations et de manipulations, s’inscrit dans une stratégie à long terme de la Russie pour affaiblir et influencer les démocraties occidentales.
Pourquoi la Belgique ?
Le choix de la Belgique comme cible n’est pas fortuit. Notre pays occupe une position stratégique unique en Europe, abritant le siège de grandes organisations internationales telles que l’OTAN et plusieurs institutions de l’Union européenne.
Bruxelles, souvent désignée comme un « nid à espions », attire naturellement ces activités en raison de la concentration de décisions politiques et militaires cruciales qu’elle héberge. « En Europe, Bruxelles est la principale ville où tout se décide, commente Sergueï Jirnov, ancien officier russe du KGB (services de renseignements de l’URSS). Et l’espionnage, ce n’est pas James Bond, ironise-t-il. C’est récupérer l’information auprès des gens qui décident et éventuellement, les influencer ».
Les ports également visés
Les ports belges, comme Zeebrugge et Anvers, occupent également une place centrale dans les préoccupations russes. Ces plateformes logistiques cruciales sont vitales à la fois pour l’approvisionnement énergétique de l’Europe et pour le transit de matériel militaire. Anvers, par exemple, est un point névralgique pour l’acheminement des équipements militaires américains en Europe. « Intervenir là, c’est fondamental », éclaire Alain De Nève, chercheur à l’Institut Royal Supérieur de Défense.
Les data centers, dont celui de Google dans le Hainaut, sont la cible de tentatives de piratage
En parallèle, les infrastructures numériques critiques belges figurent parmi les cibles privilégiées des hackers russes. Des ensembles digitaux comme le réseau SWIFT, qui gère les transactions bancaires internationales depuis le Brabant wallon, ou encore les centres de données comme celui de Google dans le Hainaut, suscitent des tentatives de piratage constantes. « Il s’agit d’abord de chercher un moyen pour les hacker », explique Alain De Nève, chercheur à l’Institut Royal Supérieur de Défense.
Ils cherchent à entrer par une porte dérobée, et à défaut, l’idée est d’entrer en contact avec du personnel qui pourrait divulguer par inadvertance des informations qui, une fois recoupées par les Russes, pourraient offrir des données sensibles sur la sécurité du pays ». Engendrer des défaillances par inadvertance ou exploiter des erreurs humaines peuvent suffire à compromettre des informations sensibles.
Une intensification depuis le début de la guerre en Ukraine
Depuis le début de la guerre en Ukraine, cette guerre invisible s’est intensifiée. Les Russes multiplient les tentatives de désinformation, de sabotage et de pénétration des systèmes critiques européens, testant ainsi leurs failles. Une telle intensité dans les actions d’espionnage vise à déstabiliser les démocraties européennes et à mettre à mal leurs capacités de réaction collective. La Belgique, à la croisée des enjeux stratégiques énergétiques et militaires, demeure au cœur de cette guerre de l’information et des cyberconflits.


















