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"Piqués" de la tête aux pieds: peaux nues et paroles de tatoués

Ils veulent être vus ou réservent ce spectacle à leurs intimes. Mais serveur, cordonnier, avocat ou chasseuse de tête, ces passionnés de tatouages ont tous choisi de grandes pièces qui recouvrent le dos ou la moitié du corps.

A quelques jours du Mondial du tatouage prévu mi-mars à Paris, ils sont venus dévoiler leurs peaux habillées d'encre, et quelques confidences, dans le studio photo de l'AFP.

- Léa, 25 ans, responsable des ressources humaines. Le dragon qui lui recouvre le dos est son premier tatouage. "Quitte à souffrir, et à avoir une oeuvre d'art, autant l'avoir en grand. Moi déjà je suis toute petite, alors de petits motifs, ça n'irait pas. Je voulais un dragon, j'aime les reptiles et le style japonais. Mon dragon n'est visible que si je suis en débardeur, il reste relativement discret même s'il descend finalement sur ma cuisse, quasiment jusqu'au genou. Quand on commence, c'est difficile de s'arrêter. Je pense déjà au prochain, peut-être sur l'avant-bras... Autant tout faire pendant que je suis jeune".

- Laurent, 44 ans, associé dans un cabinet de conseil. Il pose avec un chèche sur la tête, pas envie de publicité pour ses tatouages. "Disons que je ne vais pas à la piscine avec mes collègues", plaisante-t-il. "Vu la surface du dessin, ça ne laisse personne indifférent. Je préfère garder ma différence pour moi et mes proches. J'ai commencé avec un truc absolument horrible: un dragon et un tigre hideux sur l'épaule, j'avais 21 ans. On m'a conseillé d'aller voir Tin-tin, tatoueur célèbre du quartier de Pigalle. ’Ton dragon il a une tête de clébard’, m'avait alors lancé l'artiste avec sa gouaille habituelle. Tout l'atelier avait éclaté de rire. En quatre traits, Tin-tin a fait émerger un dragon, un vrai. Quinze ans plus tard, je lui ai demandé une carpe sur tout le dos. Etant juif ashkénaze, je dis souvent que j'ai un gefilte fish (spécialité de carpe farcie) dans le dos. Ca fait au moins rire ma mère !"

- Hadrien, 28 ans, petits boulots et jeune papa. "Mon premier j'avais 20 ans. Je travaillais dans un hôtel à Singapour et au lendemain d'une soirée bien arrosée, j'ai décidé d'aller me faire tatouer une petite bombe à l'intérieur du bras. Discret, près de l'aisselle. Je suis plutôt réservé, tranquille, et là après quelques verres, j'avais montré un côté un peu plus explosif. L'an dernier, j'ai eu envie d'une grande pièce. Une carpe japonisante. Symbole de chance - j'en ai eu pas mal déjà dans ma vie - et de fertilité alors que j'étais sur le point d'être papa. Je suis aussi du signe poissons. Je ne regretterai jamais ma carpe, qui ne se voit que quand je suis torse nu, alors que je regrette déjà les petits tatouages qui l'ont précédée. Je les recouvrirai un jour".

- Laurent, 47 ans, manager dans une entreprise. Il a commencé avec des bracelets autour des biceps. "J'étais jeune, j'ai fait ça en Irlande". Puis les bras entiers. "J'ai arrêté une vingtaine d'années. Récemment, j'ai eu envie de me lancer dans un projet. J'ai choisi une carpe koï, j'aime son histoire: elle remonte le fleuve Jaune à contre courant, lutte et triomphe de l'adversité. C'est un symbole fort".

- Vu-Hai, 39 ans, serrurier. "C'était pendant un voyage à Cuba. Les deux bras d'abord. Un lotus, un chrysanthème... Un +skull+ tibetain ensuite. Et puis j'ai décidé de faire une estampe sur tout le dos, jusqu'à l'arrière des cuisses. Centrée, une femme bouddha. Je suis d'origine vietnamienne, je l'ai choisie en fonction de ma religion. Elle me protège. Cela a pris un an à compléter, à raison de séances de plusieurs heures, espacées dans le temps. Le plus douloureux, c'est le bas du dos et les fesses. Je vais arrêter là un petit moment. Mais je réfléchis déjà à ce qu'on pourrait me tatouer sur les pectoraux..."

- Esther, 28 ans, co-organisatrice du Mondial du tatouage. "Mon premier, j'avais 18 ans et un jour. J'avais pris rendez-vous sans en parler à mes parents, je savais qu'ils seraient contre. Trois oiseaux centrés sur mes côtes, un hommage à mon grand-père. Il est recouvert aujourd'hui. Pas parce que je ne l'aimais plus, mais parce que ça ne collait pas avec ce que j'avais fait entre-temps dans le dos. Question d'esthétique générale. J'essaye de garder une certaine sagesse, ne pas aller trop vite, mais il y a tellement de bons artistes..."

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