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Le call center de la drogue à La Louvière qui vient d’être démantelé est loin d’être unique en son genre. Notre journaliste Benjamin Samyn a obtenu facilement, via le réseau social Snapchat, le numéro d’une centrale de Charleroi qui vend également de la cocaïne. En un message, le deal est réglé :

Il se rend au point de rendez-vous. Le call center lui envoie un message. pour lui dire que le livreur est à une dizaine de mètres de là., certainement une mesure de précaution. Sur place, la transaction se déroule sans problème. En quelques secondes, le livreur s’excuse même car il a un peu de retard.
Excusez-moi, j’ai pris un peu de temps, mais j’ai fait au maximum.
Pas de souci, merci à toi.
J’ai fait le plus vite possible. Donc voilà.
Après même pas une demi-heure d’attente après un premier message, la marchandise était livrée. Un exemple de système ressemblant à celui démantelé à La Louvière.
Ils envoyaient même des pubs avec des promos
Là, les dealers étaient joignables en permanence via le numéro de téléphone du call center. Une fois la commande passée, ils s’occupaient eux-mêmes de la livraison dans différents endroits via des véhicules de location. Les trafiquants disposaient également d’un annuaire de consommateurs qu’ils n’hésitaient pas à relancer. « Ils envoient des messages promotionnels à toute une série de consommateurs qui sont connus et dans lesquels on indique qu’on fait une promotion d’autant de grammes de cocaïne. Vous en achetez autant, vous en avez un gratuit, etc. Et à partir de là, vous avez tous ces consommateurs qui vont téléphoner à ce call center et du call center vont repartir des livreurs », détaille l’avocat Frank Discepoli, qui travaille sur plusieurs dossiers de call centers de drogue.
600 appels par jour et structurés comme une entreprise
Et la demande est importante : ce genre de centrale reçoit plus de 600 appels par jour. « Ils ont essayé de regrouper ces demandes, ces achats, entre les mains de personnes qui elles-mêmes vont dispatcher à des livreurs toutes ces commandes. En fait, tout est rentabilisé comme dans une société, comme dans une entreprise. Chacun a son rôle bien déterminé », ajoute l’avocat.
Démantelé grâce à des écoutes et des observations
Concernant l’enquête du call center de La Louvière, elle est en cours depuis plusieurs mois. Des mises sous écoute et des observations policières ont notamment été réalisées. Elles ont permis d’établir que des suspects se sont rendus aux Pays-Bas pour se fournir en stupéfiants. « Le travail de téléphonie est essentiel, que ce soit les repérages téléphoniques, l’exploitation des écoutes téléphoniques ou l’identification des différents intervenants pour pouvoir à la suite les entendre. Et tout cela requiert évidemment un travail colossal », rappelle Me Fabian Lauvaux, l’avocat d’un des inculpés.
Les suspects, placés sous mandat d’arrêt, passeront mardi devant la Chambre du Conseil qui décidera de leur maintien ou non en détention.















