Accueil Actu Régions Liège

"On fait tout pour nous éloigner": Florian, ancien habitué du tunnel de la drogue à Liège, se cache ailleurs

C'est un lieu tristement célèbre à Liège : le tunnel de la drogue situé à la place Saint-Lambert. Des dizaines de sans-abri toxicomanes s’y retrouvaient. Face à la pression, les autorités avaient fini par fermer le tunnel. Mais aujourd’hui, où sont passés ces toxicomanes ? Nous avons décidé d'enquêter en collaboration avec nos confrères de Sudinfo.

Six mois après sa fermeture, le calme semble être enfin revenu au niveau du tunnel de la place Saint-Lambert. Pour empêcher le retour des toxicomanes, des caméras de surveillance et des panneaux ont été installés. À l'entrée, un gardien surveille 7 jours sur 7 : "De 6 h du matin jusqu'à 22 h. Parfois, il y en a deux, trois. On passe avec la voiture pour leur dire de sortir", explique-t-il.

Pendant des années, ce tunnel a été le théâtre de scènes sordides. Des centaines de personnes venaient s'y droguer, parfois même s’y soulager ou y avoir des relations sexuelles.

"J'ai vu des seringues, j'ai vu des gens remonter dans un état plus que second. On les a vus en action on va dire, ça fait un peu peur", témoigne un chauffeur TEC. "C'est beaucoup mieux, l'endroit est plus propre, c'est le jour et la nuit", se réjouit un autre, mais il n'est pas dupe : "Ça s'est certainement déplacé ailleurs."

Le problème, est-il vraiment résolu ?

Où se cache-t-il aujourd'hui pour consommer ? Le problème, est-il vraiment résolu ? Nous avons décidé de mener l'enquête.

Premier arrêt à un parking juste sous le tunnel. Un agent d'entretien nous confirme que tout n'est pas réglé. Son patron nous répond : "Nous ici, on a essayé de minimiser cet impact, notamment en installant des portes de sécurité qui ne laissent l'accès qu'aux titulaires de titre de parking. Et on a aussi barricadé nos entrées avec des volets rapides pour les véhicules", explique Vincent Monisse, responsable du parking Saint-Lambert.

Quelques mètres plus loin, nous poursuivons notre reportage devant une permanence sociale et médicale. Nadia a très bien connu l'enfer du tunnel en tant que consommatrice.  "Depuis qu'ils ont fermé le tunnel, je vois réellement une différence. Tous ceux qui étaient dans le tunnel sont place Saint-Lambert", révèle-t-elle.

Ces personnes-là, elles ont quand même besoin de pouvoir être dans un endroit safe, serein, avec du matériel propre

Même constat du côté du personnel sur le terrain. Les problèmes du tunnel n'ont pas disparu. Ils ont simplement été déplacés. "On a fermé la salle de consommation ici à Liège. Et ces personnes-là, elles ont quand même besoin de pouvoir être dans un endroit safe, serein, avec du matériel propre", réagit Morgane Lottin, coordinatrice de l'ASBL Icare.

Structures envolées et silence quasi total des autorités. Si ce n'est cette brève réaction de la ville : "Les impositions budgétaires nous ont empêché de réinvestir dans la salle de consommation. Aujourd'hui, le dossier est débattu en commission au Parlement wallon. Nous attendons les conclusions", communique Willy Demeyer.

Où se cachent-ils?

Pour échapper aux regards, certains n'ont pas le choix. "C'est bourré de crasses, de bactéries, de virus. L'hygiène n'est pas au rendez-vous quoi", reconnait Florian.

On fait tout pour nous éloigner le plus loin possible

À 34 ans, en convalescence depuis quelques mois, il vient souvent dans un immeuble abandonné du centre-ville. "C'est mieux de venir ici que d'aller devant une entrée d'école où des papas, des mamans passent. On fait tout pour nous éloigner le plus loin possible parce qu'on est une mauvaise image pour la ville".

Tous les témoins interrogés lors de notre tournage sont formels. Le cœur du problème se concentre sur cette place Saint-Lambert où des dizaines de dealers opèrent tous les jours. Pour changer les choses, c'est peut-être ici qu'il faudra commencer.

 

 

Contenus sponsorisés

À la une

Les plus lus