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"Un Mur des noms" à Vienne pour commémorer les victimes juives du nazisme

L'Autriche a inauguré mardi dans le centre de Vienne un mémorial dédié aux plus de 64.400 juifs autrichiens assassinés par les nazis, "symbole de sa responsabilité" longtemps niée.

Le nouveau monument, qui s'étend dans un parc sur une surface de 2.500 mètres carrés, se présente sous la forme d'un "Mur des noms", composé de 160 stèles commémoratives ovales en granit.

Une plaque honore aussi les autres groupes de victimes et les personnes ayant souffert de persécutions sous le régime nazi.

"Nous avons détourné le regard pendant trop longtemps, jusqu'à ce que nous prenions conscience de notre rôle d'auteur des crimes et de la responsabilité historique qui en découle", a déclaré le chancelier conservateur Alexander Schallenberg lors de la cérémonie. Et ce mur en est "le signe visible".

"L'Autriche crée un symbole tangible de sa responsabilité. Les noms sont gravés de manière indélébile", a renchéri la ministre chargée de la Constitution, Karoline Edtstadler, dans un communiqué.

Alors que "les survivants de l'Holocauste sont en train de mourir", il faut "créer des lieux de mémoire" tels que celui-ci, estime la secrétaire générale du Fonds national autrichien pour les victimes du national-socialisme, Hannah Lessing, interrogée par l'AFP.

Le projet, financé par le gouvernement autrichien, les régions et des donations, a été à l'initiative de l'un de ces survivants, Kurt Yakov Tutter, qui a fui Vienne en 1939 à l'âge de neuf ans.

"Ma soeur et moi avons désormais un lieu, dans notre ville de naissance, où pleurer nos parents" déportés à Auschwitz, a-t-il expliqué dans la presse locale. Un lieu aussi pour tous "les juifs inconnus", alors que dans certaines familles, aucun membre n'a survécu.

Il était présent à l'inauguration, aux côtés du président de la communauté juive de Vienne, Oskar Deutsch, et du ministre israélien de la diaspora Nachman Shai.

Le président autrichien écologiste Alexander Van der Bellen devait y participer, mais il a été placé à l'isolement en raison de la contamination d'une collaboratrice par le coronavirus.

Cet événement a lieu 83 ans jour pour jour après la "Nuit de cristal", le vaste pogrom mené en 1938 par les nazis contre les juifs en Allemagne et dans l'Autriche annexée.

Avant la Deuxième guerre mondiale, la communauté juive d'Autriche comptait 192.000 personnes, soit presque 4% de la population.

Quasiment réduite à néant par le génocide ou l'exil, elle a très lentement retrouvé une place dans l'Autriche d'après 1945, même si le pays de 8,9 millions d'habitants a longtemps tenté de se faire passer pour une victime du nazisme, niant la complicité de nombre des siens dans les crimes du IIIe Reich.

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