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« Je ne suis pas sûr que cela passionne Mme Durand » , voilà comment un député qualifiait ce débat il y quelques jours. Il est vrai que ce genre de polémique intéresse les politiques et les journalistes, mais beaucoup moins le grand public. Et pourtant, le mode de scrutin est un des piliers de la démocratie. Il y en a pour tous les goûts, du scrutin uninominal à un tour propre au Royaume Uni, à la proportionnelle du mathématicien gantois Victor D’hondt en vigueur en Belgique. En résumé, dis-moi comment tu votes et je te dirais comment tu es gouverné.
Ainsi, le système anglais, qui élit le premier arrivé dans une circonscription même s ‘il n’a pas la majorité absolue , a le mérite de dégager des majorités claires. Après les élections, le roi n’a qu’à désigner, comme premier ministre, dès le lendemain, le chef du parti arrivé en tête. L’inconvénient c’est que les petits partis, par exemple les écologistes, mêmes s’ils représentent 10 à 15% de l’électorat, n’ont pratiquement aucune chance d’avoir un seul élu.
En Belgique c’est le contraire, pratiquement tous ceux qui recueillent un minimum de voix sont représentés au parlement. C’est plus juste mais c’est moins gérable, car il faut de longues négociations pour constituer un gouvernement.
Le système à deux tours
En France la méthode se rapproche du modèle anglais avec cette différence c’est qu’il y a deux tours. L’élu d’une circonscription est donc celui qui arrive en tête au second tour. Ce système voulu par le général de Gaulle en 1958, est censé simplifier les choses car il force les candidats à s’allier pour le second tour. Du genre : je te soutiens à Lille et toi tu me soutiens à Marseille. Cela force les partis à s’entendre avant les élections et pas après comme en Belgique.
Cela a bien fonctionné pendant des décennies, jusqu’aux dernières législatives où malgré le mode de scrutin il n’y a pas eu de majorité claire. Or, en Europe les démocrates-chrétiens dont fait partie François Bayrou sont favorables à la proportionnelle et il veut profiter de l’occasion pour l’imposer en France.
Un vrai casus belli pour les Républicains fidèles bien sûr au système du Général. On verra s’ils vont jusqu’à sortir du gouvernement, ça m’étonnerait, ce n’est qu’une menace. Une chose est sûre , si à l’Assemblée Nationale, on ajoute les voix de gauche à celles du centre, la proposition Bayrou l’emportera. J’en conviens, tout ça est un peu microcosmique, car comme dirait Mme Durant : ce n’est pas le mode de scrutin qui fait l’élection, c’est l’électeur…


















