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La banque BNP Paribas Fortis a annoncé le transfert de 500 employés vers la société Accenture afin d’intégrer davantage l’intelligence artificielle dans ses services. Une décision qui suscite inquiétude et colère parmi les travailleurs.
"Ils viennent d’annoncer le transfert d’environ 500 employés vers la société Accenture afin d’intégrer l’IA dans nos procédés", nous raconte Julie, employée chez BNP Paribas Fortis, via le bouton orange Alertez-nous.
Les employés concernés par cette décision ne cachent pas leur indignation. "Les personnes transférées deviendront des employés Accenture alors qu’elles n’ont rien demandé. Ils portent atteinte à notre sécurité d’emploi", dénonce Julie.
"Un scandale"
Selon plusieurs témoignages, la manière dont cette annonce a été faite a choqué les employés. Sylvie (prénom d’emprunt), également employée chez BNP, revient sur les faits : "Ils ont reçu un mail le mercredi annonçant une réunion via Teams pour le lendemain matin. Le jeudi, lorsque la réunion est lancée, surprise : il s’agit d’une vidéo pré-enregistrée, qui annonce aux employés qu’ils seront transférés d’ici le 1er janvier 2026 chez Accenture".
Pas de question possible, aucune information supplémentaire…
"Pas de question possible, aucune information supplémentaire…", ajoute-t-elle. Un choix de communication qui renforce le sentiment d’abandon et d’opacité. "BNP ne dit pas tout, la manière dont les employés ont été informés de cette vente est un scandale. Il y a eu un manque de compassion, mais aussi beaucoup de lâcheté de la part de la direction", s'indigne l’alerteuse.
Un avenir incertain
Plus de 500 personnes sur un total de 1.100 équivalents temps plein seraient concernées, et ce transfert soulève de nombreuses questions. Les employés de BNP relèvent de la commission paritaire 310, tandis que ceux d’Accenture relèvent de la commission paritaire 200. Cette différence pourrait avoir un impact sur leurs conditions de travail et avantages sociaux.
"Les employés de BNP pourront-ils garder les avantages dont ils disposent actuellement ? Pendant combien de temps ? Quel sera leur lieu de travail ? Comment ce changement va-t-il s’organiser ? Que vont-ils devenir ?", s’interroge Sylvie.
BNP laissera le sale boulot à Accenture
De son côté, la direction assure que les emplois seront maintenus, mais les travailleurs redoutent un autre scénario. "BNP ne veut évidemment pas passer pour une entreprise qui licencie… Elle laissera ce sale boulot à Accenture, entreprise réputée pour être à la pointe de la digitalisation et de l’IA", estime la lanceuse d’alerte.
Elle va même plus loin : "D’une certaine manière, vos crédits et investissements seront eux aussi vendus à cette société digitalisée. BNP se moque des clients lambda comme vous et moi. On ne rapporte pas assez d’argent à la banque. L’accent sera dorénavant mis sur les grosses sociétés et multinationales".
Un préavis de grève imminent
Face au mécontentement croissant, un bureau de conciliation réunissant la direction et les représentants syndicaux s’est tenu, mais s’est soldé par un échec.
Murielle Montignies, co-présidente du comité CNE, dénonce un manque d’explications et de concertation : "La direction campe sur ses positions avec des explications insuffisantes, qui ne justifient pas le transfert des travailleurs vers une nouvelle société au sein du groupe Accenture. Ce n’est pas admissible".
Dans un communiqué, la direction de BNP Paribas Fortis tente d’apaiser les tensions : "Nous comprenons l'inquiétude que ce projet suscite auprès de nos travailleurs et reconnaissons le droit des partenaires sociaux à formuler leur opinion. Le management est convaincu que ce projet est le bon choix pour la banque".
Pour les employés vendus, le combat ne fait que commencer
Mais ces déclarations ne suffisent pas à calmer les inquiétudes. "Certains ne dorment plus, d’autres pleurent, l’inquiétude est grandissante chez tout le monde et la torture psychologique que fait subir BNP à ses employés est un vrai scandale", confie Sylvie. Elle est formelle : "Pour les employés vendus, le combat ne fait que commencer".
Les syndicats, eux aussi, n’entendent pas en rester là et réfléchissent aux actions à entreprendre. Ils ont d'ores et déjà annoncé qu’un préavis de grève sera déposé dans les prochains jours.


















