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Educateur spécialisé pour séniors, Youssef Kaddar casse véritablement les codes. Via son asbl "Papy Booom", ce Bruxellois organise des activités hors du commun pour les résidents de la maison de repos où il travaille. Et grâce à sa passion, il a redonné le sourire à ses séniors.
Avec Youssef, impossible de s‘ennuyer. Cet éducateur spécialisé pour séniors fait preuve de créativité pour surprendre ses résidents. Et ainsi, rompre d’isolement et la solitude qui renferme les séniors en maisons de repos. "Quand je voyais ça de l’extérieur, j’avais envie de changer ce fonctionnement", explique-t-il. "Je voyais qu’en maison de repos, les activités se ressemblaient beaucoup. Et ces personnes-là, avant d’arriver ici, elles avaient une vie donc j’ai trouvé ça dommage de ne rien faire", ajoute Youssef.
Ni une ni deux, il créé alors l’asbl "Papy Booom" au sein de la maison de repos Les Acacias à Molenbeek en 2016. L’idée était simple: casser la routine des résidents en organisant des activités. "Je suis parti avec eux dans des challenges pour faire ce qu’on fait dans notre vie en général et leur rendre accessible", explique-t-il. Karting, vol en montgolfière, initiation à l’e-sport, ou encore vol en hélicoptère… Youssef casse véritablement les codes !
Mais au début, ce n’était pas si facile pour tous les résidents: "Ils étaient ancrés dans cette idée de maison de repos, il y a eu des réticents", avoue-t-il. Mais très vite, un petit groupe de séniors l’a suivi dans ces activités. "Et les autres ont suivi en voyant les vidéos et l’amusement". Ce qui a poussé Youssef à suivre dans sa lancée. Et depuis, l’aventure Papy Booom est née.
"C’était une surprise": au début, Youssef imaginait être éducateur pour les jeunes, aujourd'hui ça fait 12 ans qu'il travaille dans cette maison de repos
Aujourd’hui âgé de 35 ans, Youssef a débuté à tout juste 23 ans dans cette maison de repos. C’est après un stage découverte en 2010 que sa passion est née. Il était alors en première année et n’avait pas imaginé finir éducateur pour séniors: "C’était une surprise parce que je ne me voyais pas travailler en maison de repos, je voulais travailler dans un milieu communautaire plutôt jeune", explique Youssef.
"Et finalement j’ai adoré ! Je me suis senti utile, en plus les résidents nous donnent beaucoup, et j’ai aimé l’ambiance", avoue-t-il. Il refait alors un stage à la maison de repos Les Acacias en 3e année, et se fait embaucher dans la foulée.
12 ans plus tard, Youssef est toujours éducateur dans cette maison de repos, et ses initiatives pour rendre le quotidien des séniors plus beau ne faiblissent pas. "Tous les mois voire tous les deux mois, j’essaie de faire une activité spéciale", dit-il, et développe: "Je fais des recherches en amont et j’essaie de trouver des idées insolites, mais je demande aussi aux résidents ce qu’ils aimeraient faire, s’ils ont des rêves qu’ils n’ont pas pu réaliser, etc".
Une soirée en boîte de nuit à Bruxelles avec 8 séniors
Dernière activité en date ? Une sortie en boîte de nuit ! "J’ai contacté l’établissement et ils étaient partants, ils ont trouvé mon projet très humain", explique Youssef. Alors avec l’aval de la boîte, il organise cette sortie un samedi soir pour 23h. "Au début, les résidents m’ont regardé avec de grands yeux. Puis, ils en ont parlé entre eux. Et au final, une dizaine de résidents étaient partants", se réjouit-il.
8 séniors, Youssef et une autre éducatrice se rendent alors en boîte de nuit à Bruxelles. Mais avant, passage obligé dans un restaurant. "Parce qu’en maison de repos, les résidents mangent à 18h. Alors ça faisait un gros trou avant le début de la soirée", explique-t-il. Youssef les emmène alors dans une crêperie de la capitale. "A 23h on est allés en boite, on nous a donné une table VIP, l’équipe a été super ! Et les résidents étaient heureux. Les gens aussi se posaient des questions et une dizaine de personnes sont venus avec nous pour dire bonjour", se réjouit Youssef.
Le beau petit groupe est resté en boîte jusque 3h du matin. Et à la fin de la soirée, les résidents avaient les yeux pétillants de bonheur (vidéo ici). Mission réussie !
Une "olympiade inter-home", une école de devoirs au sein du home... Papy Booom, des activités aussi en extérieur
Mais Papy Booom ce n’est pas que des activités en extérieur. C’est aussi des activités au sein de la maison de repos. Comme une école de devoirs, par exemple: "On a créé une école de devoirs dans la maison de repos pour créer du lien avec les jeunes du quartier", développe Youssef. Grâce à ce concept, tous les lundis, mardi et jeudis en fin de journée, les séniors aident les élèvent à faire leur devoir.
Et Youssef ne s’arrête pas là, puisqu’il a aussi créé en 2018 une "Olympiade inter-home" où plusieurs maisons de repos s’affrontent. Parce qu’il n’y a pas d’âge pour faire du sport ! Cette année, 16 maisons de repos y participent avec comme thème Fort Boyard: "Ça manquait de dynamisme et de collaboration entre maison de repos. Je sais que ça avait été fait en France mais pas à Bruxelles alors j’ai voulu y remédier", explique-t-il.
On dirait bien que Youssef a trouvé sa voie : rendre le quotidien des séniors un peu plus beau. Déjà pendant la crise sanitaire, cet éducateur engagé dans ce qu’il fait, avait fait ses preuves en œuvrant contre l’isolement des personnes âgées. Ainsi, il avait organisé pendant le confinement des karaokés géants que chaque résident pouvait suivre depuis son balcon, et avait mis en place une petite échoppe ambulante surnommée "Papy shop". En septembre 2020, il avait même été mis à l'honneur par le roi Philippe pour ses initiatives.
Et Youssef n'est pas prêt de s'arrêter !
