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Fabrice distribue des petits journaux depuis 30 ans, son salaire vient de diminuer de MOITIÉ: "Je vais remettre ma démission"

"Au moment où les travailleurs demandent des augmentations, parce que le coût de la vie augmente, nous voyons notre traitement diminué de 50%": Fabrice est déçu et à bout de nerfs. Il travaille depuis 30 ans pour BD Media, leader belge dans la distribution de publicités, et il adore son emploi. Pourtant, sa décision est prise: "Je vais remettre ma démission." Les coursiers promo ont un statut d'indépendant et sont payés à la prestation, en fonction de la zone couverte, du nombre de boîtes aux lettres et du poids des dépliants à transporter.

Après autant de temps passé dans la même entreprise, Fabrice a connu plusieurs changements, mais cette fois, c’en est trop: "Il y a déjà eu des diminutions de tarif mais rien d'énorme. Ici, c'est catastrophique. On va bientôt payer plus de lois sociales que ce que l'on gagne."

"C'est à prendre ou à laisser"

Ce qui chagrine le plus l'homme de 57 ans, c'est l'aspect inamovible des choses. "C'est à prendre ou à laisser, sans discussion possible", regrette-t-il. Au début de l'année, il a reçu un courrier pour annoncer la mauvaise nouvelle. Et au moment de recevoir les nouveaux tarifs, c'est l'hécatombe. L'indépendant couvre huit secteurs et les tarifs diminuent pour chacun d'eux. À titre d'exemple, pour une tournée de livraisons à Coxyde, il touchera désormais 52,29€ contre 112,42 auparavant. À La Panne, il passe de 61,53€ la prestation à 30,77€.

Comment expliquer une telle diminution? Dans le courrier reçu par Fabrice, BD Media accuse, entre autres, la hausse des prix du papier et la diminution du nombre de dépliants. Nous avons contacté la société qui nous a répondu par courriel: "Les rémunérations ont été rendues plus équilibrées. Le tarif de base varie en fonction du poids des folders à distribuer et donc de l'intensité du travail à fournir. Selon nous, il s'agit d'une manière plus juste et plus correcte de déterminer cette rémunération."

Le hic? Fabrice assure que "la charge de travail n'est pas réduite". Ce serait même le contraire: "Il y a plus de travail qu'avant et la compensation est ridicule." Il nous raconte une semaine type: "Je travaille la nuit, c'est plus facile. Je commence ma journée vers 1h et je la termine vers 7h30 pendant 4 à 5 jours par semaine." Il reçoit des "bons de distribution" et peut agencer ses heures de travail comme il le souhaite sur la semaine.

Ne pas se laisser abattre

"Quand j'ai commencé, je gagnais un demi-million de francs belges par mois", se souvient Fabrice qui est désormais proche de la retraite. La coupe budgétaire représente un changement radical dans la vie des porteurs indépendants. Résultat: beaucoup claquent la porte. Pour Fabrice, c'est à contre-cœur: "Ce métier, c'était le paradis."

Pour autant, il n'est pas question pour lui de s'apitoyer sur son sort: "Je ne sais pas encore ce que je vais faire, mais j'arriverai à retomber sur mes pieds." Toutefois, il ne compte pas laisser cette injustice impunie et veut intenter une action contre BD Media.

Peut-il avoir gain de cause? Pour le savoir, nous avons contacté Bruno-Henry Vincent, avocat spécialisé en droit du travail. Mauvaise nouvelle pour Fabrice, rien n'interdit légalement la société de diminuer ses tarifs. Pour le reste, c'est au cas par cas, "il faut examiner le contrat". Tout n'est pas perdu: "Il y a des obligations de prudence contractuelle. En règle générale, on ne peut pas changer des choses importantes sans préavis raisonnable qui permet à la partie faible de se réorienter." Sans les détails de l'accord, impossible d'avoir un avis tranché. L'avocat recommande tout de même de "tenter sa chance".

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Commentaires

2 commentaires

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  • Vous avez raison, mais si on stoppe la distribution de pubs, avec quoi va-t-on allumer nos feux ? ;-)

    roger rabbit
  • En 2023, il serait temps de stopper les journaux dans les boîtes aux lettres, un gaspillage de papier, de respect de la nature et un coût Tibi que chaque citoyen doit assumer pour le recyclage. Le plus souvent ils vont direct à la poubelle sans être lu. De multiples applications mobiles existent et elles sont 100 x plus efficaces pour cibler nos besoins.

    Mike MMAB
     Répondre