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Le néerlandais obligatoire pour les taxis de Zaventem? "C'est pas que je ne veux pas, je n'y arrive pas...", s'inquiète un chauffeur

La Flandre veut imposer un test exigeant de néerlandais, de niveau B1, à tous les chauffeurs de taxi qui travaillent pour la région et aux abords de l'aéroport pour le mois de juin. Il y a un an, Alain, chauffeur, confiait ses craintes. Qu'en est-il aujourd'hui?

C'est une mesure désirée par la Flandre qui inquiétait déjà Alain, en 2023. Un test exigeant de néerlandais, de niveau B1, à tous les chauffeurs de taxi qui travaillent pour la Région et aux abords de l'aéroport de Zaventem...  Le même qui est imposé aux fonctionnaires en région flamande. À l'époque, Alain affirmait au micro de RTL info de "perdre mon travail pour la langue", tout comme "la moitié des chauffeurs de l'aéroport".

Un an et demi plus tard, Alain possède toujours sa carte de conducteur lui permettant d'exercer son métier de chauffeur de taxi à l'aéroport de Bruxelles. "Ça c'est mon pass, il va jusqu'en 2027", montre-t-il. "Mais au 30 juin 2025, il y a toujours cette clé de Damoclès sur la tête parce que c'est la date butoir. Donc on est obligés de l'avoir et d'avoir l'examen B1. Sans quoi on n'a plus d'emploi."

Lors de la première rencontre avec Alain, ce taximan bruxellois, ce dernier montrait son niveau de néerlandais basique. "Je dirais que les gens sont contents parce que j'ai fait l'effort de leur dire que je ne parlais pas la langue en néerlandais", disait-il alors. 

Depuis plus d'un an, Alain n'a toujours pas pris de cours de langue. "Ce n'est pas que je ne veux pas l'apprendre, c'est que je n'y arrive pas. Et puis bon, j'ai passé l'âge de la pension... Commencer à apprendre, ça me paraît un tout petit peu plus compliqué."

Une perte pour les sociétés 

Lors d'un précédent reportage, un directeur d'une entreprise de taxis indiquait avoir dû réduire, un an et demi, sa flotte de véhicules par manque de chauffeurs. "Le problème de la connaissance des langues n'arrange rien. Et de ce fait, nous avons dû renoncer à 27 autorisations d'exploiter l'aéroport", indique Marc Delire. "Donc nous sommes passés de 107 voitures à 80 autorisées."

Sur ces 200 chauffeurs, environ 130 verront leur certificat pour l'aéroport expiré au mois de juin prochain, sauf s'ils réussissent l'examen de néerlandais de niveau B1. Certains ont pris des cours de langue, d'autres non. "Nous espérons de la compréhension vis-à-vis des autorités flamandes pour ceux qui ont fait un effort de suivre les cours. Et nous espérons vraiment pouvoir garder un maximum de personnel en place", poursuit Marc Delire. "Si ce n'est pas le cas, la société risque fort d'avoir d'énormes difficultés."

A Zaventem, près de 430 chauffeurs de taxi n'ont toujours pas le niveau de néerlandais requis pour obtenir leur certificat et pourraient donc perdre leur travail dans les prochains mois. Certains ont déjà décidé de quitter la profession. "Il y a des gens qui sont partis, qui sont allés soit vers le TEC ou à la STIB, où il n'y a pas toutes ces contraintes", constate Alain, chauffeur.

Des dispositions jugées "discriminatoires" 

Les taximens ont décidé de porter l'affaire en justice: une procédure au Conseil d'Etat pour tenter de faire annuler cette décision de la région flamande. "Nous estimons que les dispositions sont discriminatoires", explique Pierre Chomé, avocat et représentant de chauffeurs de taxis. "Parce qu'obliger des chauffeurs de taxi, qui ont quand même une mission très particulière, c'est-à-dire conduire les gens à une adresse qui est indiquée, les obliger à connaître la langue néerlandaise écrite et orale n'a aucun sens." 

Les chauffeurs de taxi espèrent que le Conseil d'Etat annulera cette mesure avant la fin du mois de juin.

L'ensemble des taximens en Flandre sont concernés. D'après l'administration flamande, sur les 15.000 chauffeurs de taxi dans le nord du pays, 5.000 n'ont pas encore les connaissances suffisantes du néerlandais pour réussir le test et donc renouveler leur certificat de conduite.

 

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