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Le trafic de drogue est incessant autour de la Porte de Hal à Bruxelles. Un constat qui inquiète les habitants du quartier. Une habitante a accepté de témoigner. Selon elle, les autorités n'en font pas assez pour endiguer le phénomène. Cette habitante songe à déménager.
La Porte de Hal, dernier vestige de la seconde enceinte qui entourait Bruxelles lors de la période médiévale, est un lieu bien connu des Bruxellois et héberge aujourd'hui un musée. Mais elle est également connue pour le trafic de drogue qui s'y opère, et, depuis quelques jours, pour les fusillades qui ont causé la mort d'une personne. C'est ce que constate une habitante du quartier qui souhaite rester anonyme et que nous appellerons Éva. "C'est devenu une plaque tournante de la drogue dure, on est envahis par les toxicomanes de tout Bruxelles", lance-t-elle d'emblée.
Une situation délicate pour les habitants qui ne se sentent plus en sécurité et qui subissent des désagréments en tout genre. "Ils squattent toutes les rues, volent dans les voitures, agressent les gens. Il y a tout le temps des disputes entre drogués et dealers", déplore Éva avant de poursuivre, "Moi, je ne me sens plus en sécurité. J'ai peur de me faire agresser physiquement. Verbalement, c'est déjà arrivé. Je me suis aussi fait casser le carreau de voiture à trois reprises en trois mois".
La Bruxelloise est d'autant plus touchée que ses enfants doivent également subir cette situation. "Nos enfants sont en danger en voyant un toxicomane consommer du crack devant eux à 7h du matin. Je songe même à quitter le quartier et à trouver un autre endroit pour éduquer mes enfants dans de meilleures conditions".
La police est bien au courant
Pour essayer de faire bouger les choses, par le passé, Éva a contacté la police et la commune de Saint-Gilles, mais ses messages sont restés sans réponse. Elle a l'impression que, jusquà présent, les autorités ne font pas assez pour endiguer ce phénomène qui perturbe sa qualité de vie. "Le bourgmestre a été averti par les riverains et même les commerçants du quartier, mais rien n'a changé. Il ne répond pas aux mails envoyés", regrette Éva qui est d'autant plus frustrée que les dealers ne se cachent même pas, "sur le square Jacques Franck, ça vend de la drogue à ciel ouvert. Ils sont plusieurs, chacun a son rôle, et dans chaque coin, il y a quelqu'un qui surveille en cas d'arrivée de la police. On peut voir les échanges entre l'acheteur et le vendeur simplement en passant sur le square".
Des actions sont régulièrement organisées à cet endroit
La mère de famille dénonce un certain laxisme de la part des forces de l'ordre, qui disent pourtant travailler en collaboration avec la commune pour endiguer le phénomène. "Ce n'est vraiment pas nouveau le trafic de drogue dans ce quartier et un travail journalier est effectué. Il fait partie des quartiers qui attirent plus notre attention que les autres et des équipes patrouillent. Nous travaillons avec Bruxelles-Capitale et le bourgmestre de Saint-Gilles et les actions sont régulièrement organisées à cet endroit", défend Sarah Frederickx, porte-parole de la zone Midi.
Un ras-le-bol général
Jean Spinette, le bourgmestre de Saint-Gilles, constate lui aussi l'augmentation du trafic de drogue dans le quartier de la Porte de Hal. "Les gens m'écrivent de plus en plus,car ils ont peur pour leur sécurité et veulent plus de police. Tout le monde me dit que ça doit suffire, mais les polices bruxelloises sont sous-dotées. On ne parle pas ici du petit deal local, ce sont des mafias avec des moyens importants. Certains ont pris des claques et j'ai moi-même été la cible de menaces", décrit le bourgmestre.
Je suis en charge de l'ordre public, pas du grand banditisme
Selon lui, les causes de cette situation sont multiples et relèvent parfois de compétences qui dépassent ses attributions. "Je suis en charge de l'ordre public, pas du grand banditisme, mais je suis aux côtés des habitants pour appeler au secours" se défend Jean Spinette avant de poursuivre, "des arrestations régulières sont faites avec de grosses prises de drogue et d'argent, mais ce sont souvent des mineurs ou des illégaux. Ils sont alors relâchés quelques heures plus tard sans que les dossiers n'aillent plus loin, faute de moyens dans le monde de la justice. Si on ne règle pas le problème en amont, on va se retrouver avec une situation digne du mythe de Sisyphe".
La commune a donc décidé d'organiser des rencontres avec les citoyens pour recueillir leurs revendications et les faire remonter aux niveaux supérieurs. En attendant, c'est un ras-le-bol général qui règne au sein des habitants, commerçants et dirigeants du quartier.