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"On nous a vendu le paradis et on en est loin": propriétaire dans un nouveau quartier à Anderlecht, Xavier déchante...

Devenir propriétaire d’un bien immobilier est le rêve de beaucoup. Xavier (nom d’emprunt) voit le sien peu à peu se transformer en cauchemar. La raison ? Une promesse de quartier animé et de commerces à proximité qui peine à se concrétiser. Cerise sur le gâteau : le quartier ne semble pas entretenu. Face à l’inertie de sa commune, Xavier nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. 

Au début des années 2010, BPI Real Estate, un développeur et promoteur immobilier, s'est lancé dans un projet d'envergure : mettre sur pied une cité écologique à Anderlecht en l'espace de quelques années seulement.

Tout s'est enchaîné très vite : le permis de lotir (diviser le terrain afin d'y mettre des lots pour bâtir, ndlr) a été délivré en 2014. Les constructions ont commencé en 2016 et le premier bâtiment a été finalisé en 2018. Quelques années et immeubles plus tard, le projet connaît désormais un léger coup d'arrêt. 

"La mixité sociale fera partie intégrante du projet avec des résidences pour étudiants, des commerces, deux aires de jeux, une maison de repos, des bureaux, un parc public et un potager collectif. La fresque intitulée 'Sur le chemin délicat des racines', réalisée par le graffeur bruxellois Deeko (Gare SNCB Mérode, Gare de Boitsfort), apportera une touche créative au quartier" peut-on toujours lire sur le site du Fonds du Logement, qui chapeaute une partie du projet. 

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C’est en partie grâce à cette belle promesse que Xavier (nom d’emprunt) et sa maman ont décidé d’acheter l'un des appartements sur place. "On était dans le tout premier bâtiment [à être construit]. Initialement, on l’avait acheté pour ma maman, mais pour finir, on a décidé de ne pas revenir sur Bruxelles, donc on l’a fait louer."

Il y a un peu de laisser-aller

Problème : l'engagement est loin d’être tenu. "On loue dans ce quartier en se disant ‘oh, tout va se trouver tout près, il y aura un restaurant, des magasins, il faudra juste sortir…' C’était pour des raisons de facilité mais 4 ans plus tard, il n'y a toujours rien", déplore Xavier.

"Il y a un peu de laisser aller. Il y a des personnes âgées qui vivent là et ça manque d’activités… Les commerces sont importants pour les personnes qui veulent aller faire leurs courses et rentrer facilement à la maison, ou boire un verre. J’étais là-bas et c’est mort, il n’y a pas un chat dans les rues…". Xavier souhaite que ce quartier soit "réactivé". 

L’un des principaux arguments de vente était une petite étendue d'eau située sur la promenade, devant les bâtiments. "L’appartement de ma maman se situe au premier étage et se trouve juste en face [de ce qui devrait être] une fontaine. On se retrouve 3-4 ans plus tard et il n’y a toujours rien qui est fait", poursuit-il. Selon lui, "on nous a vendu le paradis et on en est loin". 

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"La fontaine a toujours été comme vous la voyez : avec un petit fond d’eau, très vaseux." (voir photos ci-dessous)

Laissé à l'abandon, ou presque 

Nous nous sommes rendus sur place pour vérifier les dires de Xavier. En effet, les rez-de-chaussée sous les bâtiments, destinés à accueillir des magasins, sont vides. 

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La fontaine, quant à elle, ne fonctionne pas. Il n’y a aucun jet d’eau, pourtant sur les images qui servaient à promouvoir ces biens immobiliers, elle apparaissait fonctionnelle. La réalité est toute autre : seuls des déchets animent l’eau. 

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Ce n'est pas tout, la nature reprend librement ses droits à plusieurs endroits, de quoi interroger à propos du soin apporté au jardinage.

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Afin d’y voir plus clair quant à la responsabilité de l’entretien du site et de sa propreté, nous sommes entrés en contact avec Victor H, le syndicat en charge de certains bâtiments du projet Erasmus Gardens, dont celui de notre témoin Xavier. 

Inactivité communale

"Tout a été validé et réceptionné par la commune, mais elle ne fait pas le suivi de l’entretien de ces espaces publics.", affirme Tanguy Pierre, gestionnaire syndical. Il nous explique endosser la responsabilité des bâtiments où opère son syndicat, mais pas de la promenade devant, ni de la fontaine. "Il y a effectivement une partie qui doit être prise en charge par les copropriétés, et une partie qui doit être prise en charge par la commune. Cette dernière n’est pas pro-active à ce niveau-là, je dois leur rappeler de venir faire l’entretien de leur partie…"

L'explication des autorités

Tanguy Pierre a beau avoir essayé de contacter la commune, il n’a pas eu les réponses espérées. Nous avons donc pris le soin d'interroger Fabrice Cumps, actuel bourgmestre d'Anderlecht. Le politicien comprend la frustration, mais explique que tout n'est pas du ressort de sa commune : "C’est vrai qu’on est dans une zone intermédiaire, où une partie appartient à l’espace public, dont la fontaine. Mais une partie est encore à charge du promoteur et des différents investisseurs."

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La commune assume cependant sa part de responsabilité vis-à-vis de l'entretien de la fontaine. "C’est quelque chose qui a été développé par le promoteur, c’est lui qui a tout construit. Après, la commune doit reprendre l’entretien et ce sont des choses assez technologiques. Nos services doivent sous-traiter l’entretien, mais c’est vrai qu’il y a quelque chose qui est en défaut niveau communal, il faut bien l’avouer." Avant d'ajouter : "On fait les démarches, mais ça prend du temps pour avoir des systèmes d’entretien. On doit pouvoir s’adapter pour en assumer la gestion."

Le promoteur privé a les outils en main

Quant aux espaces vides qui sont censés accueillir des commerçants, Fabrice Cumps insiste : "Le promoteur, qui est à l’origine au quartier, n’a pas trouvé les commerces qui permettaient d’utiliser les espaces vides." 

Avant d'entrer dans les aspects plus techniques : "On peut faire des commerces jusqu’à 150m². Le promoteur est revenu vers nous pour nous dire qu’il ne trouvait pas de commerçants qui veulent occuper un espace de 150m², et donc il nous a demandé, au niveau communal, de faire ce qu’on appelle un plan particulier d’aménagement du sol (PPAS). C’est quelque chose d’assez lourd, qui prend beaucoup de temps et qui permet de déroger aux règles régionales pour aller jusque 500m²." 

"Donc, depuis décembre 2022, le PPAS a été validé par le gouvernement régional. Aujourd'hui, le promoteur privé a les outils en main pour faire venir le type de commerçant qu’il souhaite..."

Des causes aux effets

Wim Ottevaere, chargé de projet chez BPI Real Estate, confirme. "Malheureusement, cela a pris 5 ans pour la modification du PPAS. On avait des demandes [de la part de commerçants], mais c’était pour du 50m² (pour des coiffeurs et d’autres petits magasins) ou c’était vite 200-250m². Le 150m² n’est pas une surface optimale pour nous." Le promoteur immobilier explique ensuite que des imprévus ont complexifié la situation. "On avait déjà deux compromis signés qui ont été annulés à cause du Covid-19. On est conscients que c’est super important, on a besoin de ces magasins pour 'activer' le site."

BPI veut "vraiment commencer avec un supermarché de proximité, et une boulangerie."

"On souhaite ouvrir 4 magasins cette année, mais ce n’est pas sûr. On doit encore négocier…"nous souffle Wim Ottevaere. "Ça traîne, c’est plus long que ce qu’on souhaiterait", déplore-t-il. Les habitants du quartier Erasmus Gardens devront encore faire preuve de patience avant de voir le projet aboutir. 

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Commentaires

3 commentaires

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  • Chouette , investir dans ce qui au final est du "rêve"

    Charles Edouard Seghers
     Répondre
  • bruxelles ....poubelle !! .....!!

    paul leboulanger
     Répondre
  • pas de la faute des politiciens ...eux ils se contentent de donner les permis et recuperer un pti appart en passant.

    Claude Boudart
     Répondre