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Muriel nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. En quête d'un rendez-vous pour une mammographie, elle a été très surprise des délais incroyablement longs. Pour certains centres, il est question d'une attente de plus d'un an. Comment est-ce possible et quelles sont les alternatives pour les femmes qui souhaitent se faire dépister?
"J'avais rendez-vous à Mons pour une mammographie la semaine dernière et elle a été déplacée en septembre", raconte Muriel. Désireuse de passer l'examen médical plus rapidement, elle s'est mise à la recherche d'un autre rendez-vous. Et là, c'est la stupéfaction: "J'ai appelé différents endroits, notamment Charleroi et La Louvière, il n'y a pas de place avant un an. Les services sont en sous-effectif, me dit-on."
Nous avons fait le test en sollicitant le Grand Hôpital de Charleroi pour un rendez-vous. Verdict: en appelant début avril, ils proposent un créneau début mai… 2025.
Pour un dépistage, on n'est pas à quelques mois près
Muriel est scandalisée: "Les campagnes de prévention militent pour que les femmes se fassent dépister et finalement, le système ne fonctionne pas. C'est grave." Notre interlocutrice redouble de vigilance depuis qu'on lui a découvert une masse lors d'une précédente mammographie, finalement bénigne, mais qui doit être surveillée. Particulièrement préoccupée par le sujet, elle s'inquiète de voir les délais d'attente "décourager certaines femmes".
Diagnostic ou dépistage?
Une mammographie permet de détecter les lésions cancéreuses et les tumeurs. On ne rappellera jamais assez l'importance de se faire dépister. Les médecins sont tous d'accord, l'examen n'empêchera pas un cancer du sein d'éventuellement se développer, mais plus il est découvert tôt, mieux c'est pour le traitement.
Pour autant, en termes d'urgence, il est essentiel de distinguer le dépistage et le diagnostic, souligne Jacques de Toeuf, vice-président de l'Absym (syndicat de médecins). "Si on parle d'un diagnostic, donc si on pense qu'il y a un cancer du sein, on a un rendez-vous dans les huit jours. Pour un dépistage, on n'est pas à quelques mois près", explique-t-il.
"Un an, c'est beaucoup trop"
Le professeur André-Robert Grivegnée, chef du département prévention de l'institut Jules Bordet, est du même avis, "il n'y a pas de risque réel du fait de devoir attendre". Il précise toutefois: "Un an, c'est beaucoup trop."
Le spécialiste donne deux explications à ces temps d'attente très importants: d'une part, le manque de centres de dépistage dans certaines parties du pays (c'est le cas par exemple au Luxembourg où il y en a seulement cinq). D'autre part, "le manque de personnel médical et paramédical". On peut aisément imaginer que les services encombrés dans le Hainaut correspondent plutôt au second cas de figure. D'autant plus qu'il y a près de 30 centres dans la province.
Heureusement, tous les centres n'ont pas un agenda surchargé pour les 12 mois à venir, souligne le professeur. Nous avons par exemple appelé des hôpitaux de Liège et Bruxelles qui proposent des rendez-vous dans les deux, trois mois.
Bruxelles ou Liège pour une mammographie, c'est sans doute un peu loin pour une patiente comme Muriel qui est initialement soignée dans le Borinage. Donc, pour aider les femmes à trouver un centre qui serait moins encombré, le CCR (centre communautaire de référence pour le dépistage des cancers) a une liste de tous les centres de dépistage disponibles. "Il n'est pas encore possible de savoir quels sont les délais pour chaque centre, mais un travail est fait pour arriver à ça", explique André-Robert Grivegnée.
À terme, il sera donc possible de savoir, sans devoir solliciter directement les secrétariats, quels sont les centres avec des créneaux disponibles dans des délais assez brefs.
En attendant, les patientes peuvent se servir de la liste pour savoir où elles peuvent appeler pour tenter de trouver un rendez-vous au plus vite. Quant à Muriel, "après une matinée de recherches", elle a trouvé une place à Binche en mai… 2024 cette fois.