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Marc Van Ranst se confie après 11 jours de stricte protection policière: "Il y a des fenêtres et on nous apporte les repas"

Aimé ou détesté au nord du pays, l'épidémiologiste a toujours eu son franc parler depuis les débuts du coronavirus en Belgique. Exposé médiatiquement, il a été menacé par Jürgen Conings, le militaire toujours recherché, mais également par d'autres personnes. Il vit aujourd'hui dans un endroit tenu secret, avec sa famille. Nous avons discuté avec lui: il n'a toujours pas peur, mais il ressent de la colère...

Souvenez-vous: l'affaire Jürgen Conings (voir les derniers développements) a commencé il y a 11 jours, car il avait menacé plusieurs personnalités, dont l'épidémiologiste Marc Van Ranst, très présent dans les médias néerlandophones depuis le début de la pandémie. Le militaire en cavale se serait même rendu près de son domicile, potentiellement lourdement armé. Le scientifique a donc été directement mis à l'abri, avec sa famille.

Nous l'avons interrogé par téléphone, et il nous donne de ses nouvelles. "Vu les circonstances, ça va bien. On est bien protégé, et je tiens à remercier tous les policiers qui s'occupent de ça", nous a-t-il déclaré. Mais il reconnait que "c'est aussi un peu énervant", tout simplement car il est vraiment confiné: "on ne peut pas aller dehors, on ne peut pas aller où on veut, depuis 11 jours je n'ai pas pris l'air". Il ne peut pas donner de détails sur l'endroit où lui et sa famille sont protégés. "Mais il y a des fenêtres, oui, et on apporte les repas". Quant à son occupation, "on continue à travailler", et ses enfants "suivent les cours en ligne".

Pas de peur, mais de la colère

Pour autant, il n'a pas peur. "Pas du tout. Il y a des policiers armés, on ne doit pas avoir peur". Si par la suite, "il y a des gens qui veulent me menacer, c'est leur problème, c'est une chose sur laquelle je n'ai pas le contrôle".

Sa colère se tourne logiquement vers tous ceux qui le menacent (un homme a été inculpé mercredi à Saint-Nicolas), mais "en plus, aussi, vers les quelques milliers de gens qui soutiennent ce Jürgen Conings, et qui pensent que c'est un héros, qu'il est fantastique, ça je ne comprends pas, c'est complètement fou. S'il s'était appelé Mohamed, ça serait autre chose. Parce qu'il est blanc et Belge, il est un héros, alors que c'est un terroriste comme les autres".

Des idiots qui écrivent trois mots avec cinq fautes

Marc Van Ranst a intégré "des groupes publics" sur Telegram (une plateforme de messagerie), et sur lesquels d'autres personnes le menacent également. "J'avais toutes les raisons… Je voulais voir pourquoi, et je n'y suis pas de manière anonyme. J'ai vu des idiots, qui écrivent trois mots avec cinq fautes".  

Des soutiens politiques

Le monde politique condamne bien entendu toutes les menaces à caractère terroriste. Pedro Facon, le commissaire du gouvernement à la crise corona, a même insisté sur la nécessité pour les experts dans ce domaine de se sentir libres et en sécurité. Mais il a également demandé que ceux-ci fassent preuve de réserve dans leur communication: "il doit y avoir une différence entre le rôle d'expert et celui de commentateur de la société", a-t-il déclaré.

Le virologue de la KUL a son franc parler, passe régulièrement dans les médias, est un contempteur de l'extrême-droite sur les réseaux sociaux et suscite régulièrement l'animosité du monde politique, essentiellement à droite. Il est souvent apparu comme le tenant d'une ligne stricte dans la gestion de la pandémie.

Frank Vandenbroucke, ministre de la Santé, le soutient sans réserve. "En tant que personne privée, il a le droit d'exprimer son opinion. Ne présentons pas les choses de manière erronée. Il s'agit ici de Marc Van Ranst menacé par quelqu'un qui s'est rendu devant sa maison avec des lance-roquettes dans sa voiture. Marc Van Ranst vit enfermé avec sa famille depuis une grosse semaine. Pourquoi? Essentiellement pour le rôle qu'il joue en tant que virologue et scientifique, et la formulation d'avis désagréables", a-t-il déclaré à la radio flamande. "Je soutiens pleinement Marc Van Ranst, indépendamment du fait que je sois d'accord avec ses avis. Un scientifique n'a pas seulement le droit, il a aussi l'obligation de parler. Je me sens mal dans une société où une telle personne est menacée", a-t-il ajouté.

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