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Plus qu'un Belge sur 40 va encore à la messe le dimanche: est-ce bientôt la fin de l’église catholique?

Seul un Belge sur 40 moins fréquentait un édifice religieux en 2021 – soit 2,5% de la population - contre un sur deux dans les années 1960. La moyenne d’âge dans les églises est (très) élevée, un mariage sur 10, trois baptêmes sur 10 et quatre enterrements sur dix sont catholiques, la plupart des églises risquent de fermer, et certains édifices ont déjà été transformés en hôtels, en centres culturels, en magasins ou même en discothèques. Est-ce la fin des catholiques ?

Ce 4 décembre, on parle religion sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche. Les chiffres de la pratique du catholicisme et de la fréquentation des églises connaissent une chute vertigineuse. La question de la mort imminente de l'église catholique se pose donc logiquement.

"Si on manie uniquement les chiffres pour évaluer la vitalité de l’église, on peut se poser pas mal de questions, les évêques et les prêtres sont inquiets…", estime Jean Kockerols, évêque auxiliaire de Malines-Bruxelles. Mais pour lui, c’est un "non" catégorique, l’église ne va pas disparaître. "On quitte une époque de chrétienté qui a duré plusieurs siècles, une époque où tout le monde était plus ou moins catholique, plus ou moins pratiquant. On passe à un christianisme auquel on adhère volontairement, des fois quelques dimanches, parfois pas du tout…"


 
Pour son micro-trottoir précédant l'interview de Jean Kockerols, Christophe Deborsu a explique avoir peiné à trouver un témoin qui se rendait encore à la messe. Seule une personne a répondu par la positive: une personne ayant été malade, hospitalisée, et qui a récemment trouvé la foi après les drames de sa vie. Mais cela n'est pas représentatif pour l'ecclésiaste. "Il y a des réalités à géométries variables… à Bruxelles cette ’chute’ n’est pas vertigineuse puisque les pratiquants à Bruxelles viennent de partout, hors de Bruxelles et hors de l’Europe, nous avons une communauté très vivante", affirme Monseigneur Kockerols. Autrement dit: les catholiques de l’extérieur, les étrangers. "On est sauvés par ces gens qui nous amènent leur foi et leur manière de la célébrer."

Une église "trop dans le jugement" 

Mais pourquoi cette perte d’intérêt pour la religion? Qu’est-ce qui démotive la population à se rendre à la messe?

Sur le plateau de C’est pas tous les jours dimanche, Serge Schoonbroodt, pourtant organiste, s’est récemment fait débaptiser – tout comme les 5 200 Belges qui ont demandé à être radiés du registre des baptêmes en 2021.

Il explique son geste: "Je ne me reconnais pas trop dans cette communauté. Pour moi, l’église catholique est trop dans le jugement des gens,  trop dans la condamnation des gens alors qu’elle aurait dû être plus dans le rassemblement, dans prôner l’amour", regrette-il. "On donne trop la morale aux gens alors qu’on n'est pas forcément un exemple…" Serge Schoonbroodt précise tout de même: ce n’est pas en Dieu qu’il ne croit plus, mais en l’église catholique. Celle d’aujourd’hui dont il "ne se sent pas proche", notamment pour des raisons très personnelles. "Je suis homosexuel et l’église aurait dû accepter de bénir les mariages homosexuels depuis longtemps…"

Une église qui évolue?

En réponse à ces remises en question, Monseigneur Kockerols dit les entendre et les comprendre. Oui, l’église a "peut-être mis beaucoup de temps à réfléchir à certaines questions", une réalité que l’évêque auxiliaire regrette. Mais il assure que tout cela est en train de changer grâce au Pape François. Argument convaincant ou "trop tard" ?

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