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Un commissaire de police mis en examen deux ans après la mort de Steve à Nantes

Deux ans après la chute dans la Loire de Steve Maia Caniço lors d'une intervention de police controversée, le commissaire chargé des opérations a été mis en examen pour homicide involontaire, a annoncé mardi le parquet, au "grand soulagement" de la famille.

"Il conteste les motifs et les termes de sa mise en examen mais il ne souhaite faire aucun commentaire sur une instruction en cours", a réagi auprès de l'AFP son avocat Me Louis Cailliez.

Le commissaire divisionnaire Grégoire Chassaing, chargé du dispositif policier lors de la fête de la musique 2019 à Nantes, a été mis en examen la semaine dernière, selon la même source. Muté peu après les faits, il est actuellement directeur adjoint de la sécurité publique dans le Puy-de-Dôme.

Un autre commissaire, Thierry Palermo, directeur départemental de la sécurité publique de Loire-Atlantique au moment des faits, a été placé sous le statut de témoin assisté à l'issue de son audition lundi par le juge d'instruction, selon le procureur de Rennes Philippe Astruc.

"C'est un grand soulagement pour la famille et un sentiment de justice dont ils avaient grand besoin depuis deux ans", a réagi l'avocate de la famille, Me Cécile de Oliveira.

Les deux ans écoulés depuis la mort de Steve, "c'était le temps de réaliser des expertises extrêmement techniques et complexes", a rappelé l'avocate. Mais, "pour eux qui ont perdu un enfant, ce temps était long".

"On est heureux que la justice fasse son chemin même si le temps est long", a abondé Samuel Raymond, coordinateur de Freeform, structure nationale qui accompagne l'organisation de rassemblements festifs.

Steve Maia Caniço, animateur périscolaire de 24 ans, avait disparu après une opération policière destinée à faire cesser une soirée électro en bord de Loire dans la nuit du 21 au 22 juin 2019. Son corps avait été retrouvé noyé dans le fleuve plus d'un mois plus tard.

L'analyse des relevés de son téléphone a permis de situer le moment de sa chute dans la Loire à 04H33, "soit dans le temps de l'intervention de la police nationale" sur le quai Wilson où se déroulait la soirée, avait indiqué mi-juin le procureur de Rennes.

- Nuage de gaz lacrymogène -

L'intervention de la police, au cours de laquelle des gaz lacrymogènes avaient été tirés et plusieurs autres personnes étaient tombées à l'eau, s'était déroulée en plusieurs phases entre 04H24 et 04H52. Les policiers avaient affirmé avoir essuyé des jets de projectile et avaient riposté en tirant 33 grenades lacrymogènes, 12 balles de défense (LBD) et 10 grenades de désencerclement, selon un rapport de l'Inspection générale de l'administration (IGA), qui avait critiqué "un manque de discernement" de la part du commissaire Chassaing.

Des participants au sound-system en bord de Loire avaient relaté avoir été aveuglés par un nuage de gaz lacrymogène.

Six personnes physiques et deux personnes morales sont convoquées par le juge d'instruction dans cette affaire, d'ici à la fin du mois de septembre.

Outre les deux policiers, il s'agit de la maire (PS) de Nantes Johanna Rolland, de son ancien adjoint à la sécurité Gilles Nicolas, de l'ancien préfet de Loire-Atlantique Claude d'Harcourt ainsi que du directeur de cabinet du préfet en poste au moment des faits. La mairie de Nantes et Nantes Métropole sont également convoquées en tant que personnes morales.

La mairie de Nantes avait été mise en cause dès le début de l'affaire en raison de l'absence de barrières le long de la Loire près du lieu de la fête. Selon les témoignages recueillis, la chute du jeune homme aurait en effet eu lieu "dans la zone dépourvue de barriérage concernée par quatre autres chutes concomitantes à l'intervention de la police", selon le parquet.

Au total, trois informations judiciaires "contre X" sont instruites à Rennes dans cette affaire. L'une pour homicide involontaire concernant la mort de Steve, l'autre pour mise en danger de la vie d'autrui concernant l'intervention policière, et la troisième pour violences sur personne dépositaire de l'autorité publique s'agissant de la prise à partie des forces de l'ordre.

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