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"C'est de la folie, je ne vais pas risquer ma vie": un médecin généraliste refuse de tester ses patients au Covid-19 dans le contexte actuel

Les médecins généralistes devaient commencer à réaliser des tests au Covid-19 à partir de lundi prochain, selon la stratégie du Conseil national de sécurité. "De la folie pure", réagit un docteur expérimenté. En raison du manque de matériel et d'informations précises, ce dépistage des patients serait d'ailleurs reporté d'une semaine dans certaines régions.

"On vient d'entendre à la radio que les médecins traitants peuvent tester pour le Covid-19 à partir de lundi prochain. Or, je viens de téléphoner à mon médecin qui me confirme qu'il n'a rien reçu. Ni tests, ni gants et masques de protection rien du tout", témoigne Patricia via notre bouton orange Alertez-nous. "Les ministres nous prennent vraiment pour des pigeons", se plaint-elle.

D’après la stratégie de déconfinement présenté par le gouvernement après le Conseil national de sécurité, les médecins généralistes devaient en effet commencer à tester leurs patients au Covid-19 à grande échelle dès la semaine prochaine.

"Nous n’avons aucune protection adéquate pour réaliser ces tests"

"C’est complètement cinglé. C’est de la folie", lance le docteur Michel De Volder, médecin généraliste à Zaventem. "Nous n’avons aucune protection adéquate pour réaliser ces tests. Nous avons besoin d’une visière en plexiglass, de lunettes et je n’ai que des masques. Il faut quand même mettre un bâtonnet à 15cm de profondeur dans le nez du patient. Mais je ne le ferai pas. Je ne vais pas risquer ma vie", confie le docteur qui exerce ce métier depuis 45 ans. "Tous mes confrères à qui j’en ai parlé partagent ce sentiment. Maggie De Block est à côté de la plaque. On nous envoie au casse-pipe", ajoute-t-il. 

Par ailleurs, ce médecin généraliste déplore que l’absence de consignes claires: "On ne comprend rien, je reçois 250 mails par jour et les informations sont contradictoires". 

Pour l'instant, ce n'est clairement pas possible, confirme Marc Moens, directeur honoraire de l'Association belge des syndicats de médecins (Absym). Selon lui, les équipements de protection et les écouvillons viennent à manquer pour les médecins. "Les soldats sont encore envoyés sur le champ de bataille sans armes ni munitions."

"Il y a encore des questions à régler"

Même son de cloche du président de la fédération des associations de médecins généralistes de Bruxelles. "Au-delà du manque de matériel nécessaire, il y a encore des questions à régler au niveau logistique, informatique et de la communication aussi bien scientifique que générale", assure le docteur Michel Devolder. "Nous devons notamment redéfinir les cas qui seront testés, utiliser une plateforme informatique. En fait, les médecins sont prêts mais pas la logistique. Il s’agit donc d’un effet d’annonce magnifique alors que chefs ne sont pas prêts en cuisine", souligne-t-il.

D’après lui, ces tests de dépistage seront normalement reportés d’une semaine et les prochains jours serviront de période de rodage et de mise en place. "Quelques centres de tri et des médecins équipés vont y participer. Nous sommes en train de réfléchir à tout cela. Il y a déjà une conférence prévue ce vendredi à ce sujet", indique le président de la fédération qui espère que les autorités vont réaliser une communication claire le plus vite possible.

"La plupart des médecins généralistes recevront du matériel dès ce week-end"

Ce jeudi soir, le cabinet de Philippe De Backer, ministre en charge du matériel médical dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, informe que les médecins généralistes qui vont contribuer à tester les patients présumés contaminés par le COVID-19, seront approvisionnés dès ce week-end avec suffisamment de matériel de protection pour effectuer ces tests. "Cette semaine, nous avons fait les préparations pour fournir le matériel de protection nécessaire pour effectuer les tests aux médecins généralistes et aux postes de tri. Dès que nous avons reçu les adresses de livraison, la Défense se chargera de livrer le matériel. Nous nous attendons à ce que la plupart d'entre eux reçoivent le matériel déjà ce weekend", souligne Philippe De Backer, précisant que les tests débuteront à partir de lundi et que leur nombre augmentera autour du 11 mai.

Une liste longue

Son cabinet fait également le point sur le matériel de protection. "Les derniers jours, (...) 5,5 millions de masques chirurgicaux ont été livrés, ce qui ramène le total des livraisons à quasi 59 millions. 1,7 millions de masques FFP2 ont également été livrés", souligne-t-il. "La semaine dernière, une commande de 200 millions de masques chirurgicaux a été placée auprès d'un fournisseur fiable. Nous y avons conclu une garantie que si les masques semblent être de qualité insuffisante lors de la livraison, ils seront remplacés dans la semaine. En parallèle, environ 700.000 kits de testing ont été commandés dont 200.000 ont été livrés", ajoute-t-il. Au total, environ 2 millions de masques chirurgicaux, 250.000 masques FFP2 et 4 millions de paires de gants ont été livrés la semaine dernière aux hôpitaux et 1 million de masques ont été prévus pour Iriscare. 

En tout cas, les médecins généralistes pourront reprendre les consultations non urgentes la semaine prochaine, mais le président honoraire de l'Absym leur demande d'être sélectif et d'évaluer les risques pour chaque patient.

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