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Objectif Lune pour SpaceX

La compagnie spatiale américaine SpaceX doit dévoiler lundi soir l'identité de la première personne qu'elle enverra d'ici quelques années en voyage autour de la Lune, un pari déjà annoncé mais reconfirmé par le fantasque patron Elon Musk, également dirigeant du constructeur automobile Tesla.

La présentation est organisée comme un événement, lundi à 18H00 (mardi 01H00 GMT) au siège de SpaceX en plein milieu de l'agglomération de Los Angeles, à Hawthorne, où son usine de fusées est installée.

Tout ce qu'Elon Musk, assailli de questions sur Twitter, a laissé filtrer est un drapeau japonais, tweeté en réponse à une personne lui demandant s'il était lui-même le passager mystère.

Jusqu'à présent, aucune personne non-américaine n'est allée aussi loin. 24 astronautes de la Nasa ont fait le voyage de la Lune: tous des hommes américains blancs. Douze d'entre eux en ont foulé le sol.

SpaceX a affirmé que le périple serait "une étape importante pour les gens ordinaires qui rêvent d'aller dans l'espace".

La société a dit que l'on découvrirait qui allait s'envoler et "pourquoi" --un mot qui pourrait impliquer que la mission a un autre objectif que le seul frisson d'un fortuné client.

Le prix du billet reste l'un des nombreux mystères de la mission, comme le calendrier.

La Big Falcon Rocket (BFR), que personne n'a jamais vue qu'en dessins, a seulement commencé à être construite cette année, à l'abri des regards à Los Angeles.

Annoncée en 2016, elle sera la plus puissante jamais construite, davantage même que la Saturn V, fusée star des missions Apollo des années 1960 et 1970.

Elon Musk avait fixé en 2017 comme but "ambitieux" un premier voyage non habité sur Mars en 2022, et un voyage habité en 2024 à bord de cette BFR.

- Première société spatiale -

SpaceX, fondée en 2002, est adepte des annonces spectaculaires (elle avait prévu un premier voyage lunaire cette année, avant d'y renoncer), mais elle a de facto révolutionné l'industrie spatiale depuis son premier lancement réussi il y a dix ans.

Ses fusées sont réutilisables, ce qui réduit considérablement le coût par rapport aux fusées "jetables" traditionnelles.

Elle est devenue de loin la première société privée de lancement du monde, avec quinze tirs cette année, contre cinq pour Arianespace.

A elle seule, elle rivalise avec l'agence spatiale gouvernementale chinoise (24 lancements en 2018 selon Phil Smith, analyste au cabinet Bryce Tech).

A partir de l'an prochain, elle doit emmener des astronautes de la Nasa vers la Station spatiale internationale (ISS), avec la fusée Falcon 9 existante et la capsule Dragon. Une première.

La Nasa utilise déjà SpaceX pour ravitailler l'ISS, des contrats de plusieurs milliards de dollars qui contribuent à la solidité financière de la société.

"Au fait, je ne pourrais jamais dire assez que nous n'en serions pas là sans la Nasa. Merci", a tweeté Elon Musk.

Mais c'est aussi le succès commercial de SpaceX qui aide à financer le coût de développement sans doute gigantesque de la BFR. "SpaceX a environ deux milliards de dollars de contrats signés avec divers clients", dit Phil Smith à l'AFP, un matelas "très confortable".

- "Espèce multiplanétaire" -

Ce sont surtout les détails de la BFR qu'attendent avec impatience les passionnés d'espace, et Elon Musk a aiguisé leur curiosité en tweetant trois nouveaux dessins de l'appareil.

La fusée sera composée d'un premier étage contenant moteurs et carburants, et d'un second étage avec le vaisseau proprement dit, à bord duquel le ou les passagers prendront place.

M. Musk a déclaré vouloir utiliser ce système pour coloniser, un jour, la Lune et Mars, et faire de l'humanité "une espèce multiplanétaire".

Le voyage martien est un tout autre défi qu'un aller-retour de trois jours vers la Lune. Il durera entre trois à six mois et nécessitera un ravitaillement en carburant.

"Ce sera très difficile", technologiquement et financièrement, dit à l'AFP Timothy Swindle, directeur du centre des sciences planétaires de l'université d'Arizona.

L'expérience lunaire promise par SpaceX sera très supérieure à ce que les autres compagnies de tourisme spatial promettent.

Virgin Galactic, du milliardaire britannique Richard Branson, et Blue Origin, du milliardaire et patron d'Amazon Jeff Bezos, proposeront des voyages de quelques minutes à la frontière de l'espace, peut-être dès 2019, et pour 250.000 dollars dans le cas de Virgin. Des sociétés russes et chinoises ont également annoncé des voyages touristiques.

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