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Le prince Harry a dénoncé mardi l'intrusion de la presse dans sa vie et raconté sa souffrance depuis son enfance face aux articles écrits sur lui, au cours d'un procès à Londres contre un tabloïd qu'il accuse d'avoir illégalement recueilli des informations.
"Chaque article m'a fait souffrir", a déclaré le duc de Sussex après avoir prêté serment sur la Bible en tant que témoin. Harry a dénoncé "l'invasion de la presse pendant la plus grande partie" de sa vie et affirmé avoir "connu l'hostilité de la presse depuis (sa) naissance".
Ce témoignage du prince âgé de 38 ans est la première apparition d'un membre de la famille royale à la barre depuis celle du futur Edouard VII en 1891 pour un procès en diffamation.
Exilé en Californie avec son épouse Meghan, le fils cadet du roi Charles III, en froid avec le reste de la famille royale britannique, accuse la presse à scandale d'avoir été responsable de la mort de sa mère Diana, pourchassée par des paparazzi à Paris en 1997. Il lui reproche aussi ce qu'il qualifie de harcèlement envers Meghan et d'avoir une responsabilité dans les mauvaises relations qu'il entretient avec sa famille.
Il a livré plusieurs batailles judiciaires. Dans le procès en cours, qui s'est ouvert le mois dernier, Harry accuse l'éditeur du Daily Mirror d'avoir eu recours à des procédés illicites pour recueillir des informations, y compris en piratant des messageries téléphoniques, entre 1996 et 2010.
- "Comportement ignoble" -
"D'après mon expérience en tant que membre de la famille royale, chacun d'entre nous se voit attribuer un rôle spécifique par la presse tabloïd", a-t-il dénoncé dans sa déclaration de témoin. Puis le prince a dressé la liste : "Vous êtes soit le prince playboy, soit le raté (...) ou, dans mon cas, le tricheur, le buveur mineur, le toxicomane irresponsable et la liste est encore longue".
"En y repensant aujourd'hui, un tel comportement" de la part de ces journaux "est tout à fait ignoble", a-t-il ajouté.
"Combien de sang va encore tâcher leurs doigts avant que quelqu'un ne mette un terme à cette folie ?", a interrogé Harry dans un passage de sa déclaration de témoin écrite, évoquée à l'audience, où il dénonce aussi les liens entre la presse et le gouvernement, tous les deux "au plus bas".
- "Paranoïa" -
Trente-trois articles litigieux ont été retenus par le juge dans la procédure sur 147 visés par Harry.
Son avocat a affirmé que le groupe de presse avait recouru aux services d'"au moins 30 détectives privés"
Face à ces accusations, Andrew Green, l'avocat de Mirror Group Newspapers (MGN) - qui outre le quotidien Daily Mirror publie Sunday Mirror et Sunday People, a réitéré les excuses "sans réserve" du groupe. MGN a reconnu depuis le début du procès "quelques preuves" de collecte illégale d'informations mais met en avant l'ancienneté des faits et rejette certaines accusations.
Le duc de Sussex a décrit l'impact qu'a eu sur lui la collecte illégale d'informations : "J'avais l'impression de ne pouvoir faire confiance à personne, ce qui était un sentiment terrible pour moi".
"En découvrant l'étendue des activités illégales menées par (...) MGN à mon égard, je suis quelque peu soulagé de savoir que ma paranoïa à l'égard de mes amis et de ma famille était en fait déplacée".
L'audition du Duc de Sussex doit se poursuivre mercredi matin.
La précédente apparition du prince Harry au Royaume-Uni remonte à son voyage éclair pour le couronnement de son père le 6 mai.
Il est resté à distance de son père et de son frère, l'héritier de la couronne William, qu'il a étrillés dans ses mémoires parus en janvier.
Charles III se trouvait cette fois en visite privée en Roumanie, rendant donc une réconciliation de nouveau peu probable.
Fin mars, Harry avait créé la surprise en se présentant à la Haute Cour - mais dans le public - à l'occasion d'une audience préliminaire contre ANL, l'éditeur du Daily Mail, accusé des mêmes méthodes par une série de personnalités dont le chanteur Elton John.