Partager:
Le trafic de drogue gangrène la Belgique. Dans les grandes villes comme en milieu rural, l’offre ne cesse de s’étendre. Notre pays est devenu à la fois un lieu de consommation, un point d’entrée, un centre de production et une plaque tournante du trafic européen.
Bruxelles figure aujourd’hui au 4e rang des villes européennes en matière de cocaïne retrouvée dans les eaux usées. Et selon les chiffres de Sciensano, un Belge sur trois a déjà consommé du cannabis, et un sur huit a testé d’autres substances, souvent dures. Malgré les saisies records, les arrestations quotidiennes et les réseaux démantelés, les criminels continuent de développer un business prospère. Leur objectif est clair : gagner toujours plus d’argent, en contournant sans cesse les dispositifs de sécurité.
Des saisies toujours plus surprenantes à l’aéroport de Bruxelles
Deuxième point d’entrée de la drogue en Belgique après le port d’Anvers, l’aéroport de Bruxelles est un véritable champ de bataille pour les douaniers. Là, les agents doivent redoubler de vigilance face à l’imagination débordante des trafiquants.
Werner, douanier depuis 23 ans, travaille sans relâche pour déjouer leurs plans. Il décrit un trafic en constante mutation, où chaque semaine, de nouvelles ruses apparaissent. « Par exemple, on avait retrouvé un demi-kilo de cocaïne, et ce n’était pas dissimulé dans un article, mais dans l’emballage. Il y avait une boîte remplie avec un contenu tout à fait anodin. On a pris la boîte, et on s’est dit : elle est assez lourde, c’est assez bizarre. En réalité, le carton avait été préparé avec des couches dissimulant de la drogue », explique-t-il.
Autre cas marquant : une palette entière de pots de peinture destinée à l’exportation. À première vue, tout semblait normal. Sauf que les pots ne contenaient pas de peinture… mais des cristaux de kétamine pure, une substance psychotrope très puissante.
« La kétamine, c’est un produit qui est utilisé en médecine vétérinaire, mais aussi en médecine humaine comme anesthésiant. Mais il y a un marché illicite très important qui a commencé à se développer il y a six ou cinq ans, et qui ne cesse de prendre de l’ampleur », précise Werner.
Fausses tuiles, œuvres d’art… la créativité sans limite des trafiquants
Mais ce n’est rien comparé à ce que les douaniers découvrent ensuite : des fausses tuiles remplies de MDA, le principe actif de l’ecstasy. En tout, plus de 50 kilos de cette drogue de synthèse ont été saisis sous cette forme. « Ici, vous voyez une tuile à première vue normale. Mais en fait, ce n’est pas une tuile », raconte le douanier.
Autre exemple : une œuvre d’art expédiée comme une simple décoration. Là encore, la machine d’analyse utilisée par les douaniers détecte une anomalie. Résultat : de la MDA cachée dans la structure même de la pièce. « Que ce soit des pots de peinture ou ce type de produit, la créativité ne connaît pas de limite. »
Malgré le travail acharné des douanes, une partie de la drogue passe entre les mailles du filet. Et si les saisies de cocaïne sont en baisse cette année, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. Cela signifie surtout que les trafiquants ont adapté leurs méthodes pour contourner les contrôles.
Selon Ine Van Wymersch, commissaire nationale aux drogues, la position centrale de la Belgique en Europe et l’efficacité de sa logistique en font un terrain fertile pour le trafic : « Notre chaîne logistique fonctionne très bien dans l’économie légale. Et c’est précisément pour ça que nous devenons intéressants pour le monde illégal. »
Ce deuxième épisode de Stupéfiants est désormais disponible en streaming sur RTL play, et sera diffusé ce mardi 23 septembre à 20h25 sur RTL tvi.


















