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Chaque jour, 37.000 conteneurs transitent par le port d’Anvers. Seul 1 à 2 % d’entre eux sont réellement contrôlés. Résultat : selon les estimations, les autorités ne saisiraient que 10 % de la drogue qui y transite réellement. Cocaïne, cannabis, héroïne… tout passe par cette plaque tournante de 15.000 hectares, l’équivalent de 22.000 terrains de football. Les chiffres donnent le vertige : près de 280 millions de tonnes de marchandises chaque année, parmi lesquelles se cachent des cargaisons de drogue soigneusement dissimulées. Le port, devenu la cible privilégiée des cartels, est aujourd’hui au cœur d’un système criminel où la corruption gangrène peu à peu toutes les strates.
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Les dockers, premières cibles des cartels
Le documentaire « Stupéfiants », disponible en streaming sur RTL play, met en lumière un maillon essentiel du trafic : les dockers. Ils sont 11.000 à travailler dans le port, au sein d’un total de 165.000 employés. Sans eux, impossible de faire sortir un conteneur. C’est précisément cette position stratégique que les trafiquants exploitent.
« On m’a contacté sur Snapchat », témoigne l’un d’eux lors d’une caméra cachée réalisée dans une station-service à la sortie du port. Un autre raconte avoir été approché via WhatsApp ou encore Instagram. « Foutre son job et sa vie en l’air pour 20.000 €, et puis la prison, tout perdre, même sa famille… c’est non », confie un docker.
Ce ciblage n’est pas laissé au hasard. Les trafiquants identifient volontairement les plus fragiles : « Les trafiquants cherchent des dockers qui ont des dettes et des problèmes. Des gens qui n’ont plus rien à perdre », explique un témoin. « Les trafiquants ont même des collaborateurs qui arrivent à savoir qui a des problèmes. Ils ont des complices auprès du registre national. On a arrêté des gens qui travaillaient à la justice ou dans des mutuelles et qui leur renseignaient les personnes fragiles. »
La loi du silence imposée par les cartels
Les cartels ne reculent devant rien : menaces, chantage, intimidation… « Si tu dis non, tu menaces leurs mômes. Et là ils vont dire oui », confesse un trafiquant. « Il y a toujours une faiblesse chez les gens. Soit ils veulent devenir riches, soit ils ont peur pour leurs enfants. »
Le chef des douanes le confirme : « Ils ont des gens pour nous surveiller. Une fois qu’ils savent que vous avez un fils ou une fille, ils vous tiennent. » Une stratégie qui sème la peur et paralyse toute tentative de résistance. Les dockers menacés n’osent pas porter plainte. « On leur dit que s’ils déposent plainte, les trafiquants le sauront dans les cinq minutes grâce à des policiers corrompus », explique l’avocate Valérie Giard, spécialiste du milieu portuaire.
Un système sous emprise
Ce réseau ne fonctionnerait pas sans la complicité d’une partie du personnel portuaire. Douaniers, chauffeurs, grutiers… chacun peut se voir proposer des sommes colossales. « Un badge d’accès se loue 5.000 €. Un docker peut recevoir entre 20.000 et 50.000 € pour faciliter une sortie. Un chauffeur routier touche jusqu’à 10.000 € pour faire sortir un conteneur pollué », détaille Me Giard.
L’argent sale impose ses règles. Le documentaire « Stupéfiants » dévoile un monde parallèle, où la loi est dictée par les cartels et où les autorités peinent à endiguer un phénomène devenu systémique. Face à cette emprise tentaculaire, la Belgique semble à la croisée des chemins. Devenue, bien malgré elle, l’épicentre du narcotrafic européen, elle doit aujourd’hui affronter une question cruciale : comment reprendre le contrôle ? Et à quel prix ?
Une plongée implacable dans les coulisses d’un fléau invisible, désormais en streaming sur RTL play.

















