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Qui peut encore dire qu'il n'aime pas Eden Hazard ? Cette question, pour être sincère, je me la pose depuis que le Brainois a sorti son costume de héros en Russie, lors de la Coupe du Monde 2018. Hazard avait illuminé la Belgique de toute sa classe, que dire, il avait étalé sa grâce devant le monde entier.
Il avait prouvé, au passage, qu'il avait entendu les critiques. Qu'il était prêt à assumer un nouveau statut, qu'il était prêt, au fond, à devenir l'immense joueur que l'on espère secrètement qu'il devienne. Eden, c'est un joueur de PlayStation. Parfois, il a l'air de courir dans le vide. Et sur l'action suivante, il casse des reins et signe des actions dont seul lui a le secret. J'ai beau essayer sur ma console, jamais je n'arrive à faire aussi bien.
Mais Eden avait fait parler sa personnalité, l'année passée. Il avait fait parler l'homme qu'il est. Profondément gentil, respectueux, vrai. Il avait refusé un clash avec son club pour signer au Real Madrid, dont il rêve depuis toujours. Il a mordu sur sa chique. Il a assumé. Il a accepté de venir en aide au club qui, et il le sait, lui a permis d'avoir cette stature de grand joueur. Il a débuté cette saison avec une mission: celle de prouver à Chelsea qu'il pouvait leur rendre un tout dernier service avant de s'envoler vers d'autres cieux.
Résultat: 52 matchs, 21 buts et 17 passes décisives plus tard, Hazard a mis tout le monde d'accord. Il a porté Chelsea sur ses épaules comme un soldat porterait son partenaire blessé: à bout de bras, à gros coup de courage. Il a évolué au coeur d'une équipe qui mélangeait des touristes en voyage et des jeunes prometteurs.
Il aurait pu sombrer, attendre, dans l'ombre. Mais Eden préfère allumer la lumière là où la nuit cherche à s'imposer. Il a fait rêver tout le monde, il a respecté l'institution. Il lui a offert un dernier trophée. Il l'a surtout fait rêver, comme il l'a fait pendant ces sept dernières années. La boucle doit être bouclée, c'est à présent au tour de l'institution de respecter l'homme et le joueur.
C'est avec sa grande sincérité qu'il a avoué, hier soir, son intention de quitter sa deuxième maison. Avec émotion, parce qu'Eden a l'art de s'accrocher. Sa personnalité et son talent font de lui un homme à part dans les vestiaires, dans le coeur des supporters. Alors il s'accroche, pour leur faire honneur, pour leur offrir quelques sourires. Alors fatalement, quand il faut partir, quand il faut penser à lui et pas aux autres, il le vit comme un petit déchirement.
Il a suivi son chemin dans les règles de l'art. Aujourd'hui, il le sait, Chelsea le sait, le monde du foot le sait, il est temps de s'en aller. Hazard est prêt à s'envoler, plus haut que le toit de Stamford Bridge. Le Real Madrid l'attend comme il a rarement attendu quelqu'un dans son histoire. Avec ce transfert, c'est le plus beau football qui gagne. Pas celui des statistiques, non, celui de l'exemplarité, celui du sport. Celui du rêve, celui des grands hommes. Zinedine Zidane faisait déjà partie de cette frange footballistique avant sa sombre action italienne. Il n'est pas étonnant qu'il se soit pris d'admiration pour notre joyau.
Et tout joyau mérite bien une couronne, non ? Sa couronne est au Bernabeu. La Belgique en rêve, parce que du haut de ses 10 mètres carrés à l'échelle de la planète football, elle a réussi à fournir au monde un diamant aux pieds magiques. Le monde le sait: Eden Hazard est un joueur à part, inclassable. Il est de ceux qui font rêver. De ceux qui font du football un sport qu'on aime et qu'on respecte.
Alors, profitons-en. Hier, à Bakou, Hazard n'a pas dit au revoir, il a dit merci. Pourra-t-il s'asseoir à la table de Messi et Ronaldo ? Eden s'en fout. Lui, ce qu'il veut, c'est être dans la même pièce pour faire une partie de carte, pour s'amuser, pour boire un verre et manger un burger. Mais attention, à 28 ans, Eden a encore un as planqué dans sa manche. A lui, maintenant, de nous le démontrer.






















