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Karim Oussanaa, le "transporteur" aérien des stars du foot

De recalé par des clubs modestes à "transporteur" incontournable des stars du foot: l'ex-joueur Karim Oussanaa s'est imposé, à 23 ans, comme l'intermédiaire privilégié dans l'organisation de leurs voyages en jet privé, symbole des nouveaux métiers en vogue dans les coulisses du foot-business.

Conciergerie de luxe, préparateurs physiques individuels, diététiciens... les petites mains de l'industrie du foot ne chôment jamais, même en période de crise. Et malgré la chute du transport aérien à cause du coronavirus, les vols en jet n'ont pas vraiment cessé.

A l'image de Thiago Silva, Edinson Cavani ou Keylor Navas, qui a pris place à bord d'un avion privé, contre la somme de 180.000 euros selon ESPN, pour se réfugier en famille au Costa Rica, plusieurs joueurs évoluant en Europe ont préféré se confiner dans leur pays d'origine durant la pandémie.

Au grand bénéfice des compagnies spécialisées, qui comptent sur cette clientèle "spécifique" pour limiter les effets d'une crise majeure ayant entraîné une baisse "de plus de 70%" de l'activité au mois de mars.

"Durant les premières semaines du confinement, c'était très calme. Mais une fois que les clubs ont commencé à libérer leurs joueurs, j'ai fait pas mal de rapatriements. Les seuls vols autorisés étaient pour ceux qui avaient la nationalité du pays de destination", confie à l'AFP Karim Oussanaa, courtier chez Goodwill, l'un des leaders français du marché.

Avec la reprise des grands championnats, l'ouverture progressive des frontières et surtout le coup d'envoi à venir du mercato estival, il espère un rapide "retour à la normale".

- Portefeuille de 300 joueurs -

Comment cet ancien espoir, passé sans succès par Orléans, Tours et Marseilles-Consolat, titulaire d'un BAC S, a-t-il pu s'imposer comme un acteur incontournable dans ce marché juteux, estimé par un spécialiste du secteur "à un peu plus de 13 milliards de dollars en 2019" au niveau mondial ?

Après avoir échoué à devenir joueur professionnel, "il fallait que je trouve une alternative pour mon avenir: soit retourner à l'école, soit trouver du travail. J'ai commencé à envoyer des CV aux boîtes d'intérim, je me voyais même travailler à l'usine !"

"Par l'intermédiaire d'un proche qui voyageait énormément en jet privé", le jeune homme toujours tiré à quatre épingles rencontre en 2017 une responsable d'une entreprise d'aviation d'affaires, souhaitant développer sa clientèle de gens fortunés.

"Au culot, je leur dis: +Ecoutez, je connais tous les footballeurs, je pense pouvoir faire quelque chose de solide avec eux", raconte-t-il. "Après un test de deux semaines, cela s'est avéré payant".

Disponible sept jours sur sept avec un vol tous les deux jours en moyenne, et des "pics" d'activité lors des grandes compétitions, Karim Oussanaa accroît très vite son réseau grâce à un profil singulier n'hésitant pas à "casser les codes" dans ce milieu select.

Du champion du monde Florian Thauvin, son ami d'enfance, aux joueurs francophones de Bundesliga, le bouche-à-oreille fonctionne à plein. Au point d'avoir aujourd'hui un portefeuille de 300 joueurs évoluant dans tous les grands championnats européens.

- "Gain de temps" -

"La plupart des footeux, pour les plus jeunes, sont des gars avec ou contre qui j'ai joué, explique-t-il. Comme ce monde est très petit, tous les footballeurs se font passer le message. Et avec les réseaux sociaux, je me suis fait vite une réputation".

Comment expliquer leur attrait croissant pour ce mode de transport "bling-bling"? Avec des horaires "plus flexibles" et une "tranquillité" assurée, le jet offre surtout "un gain de temps" inestimable dans un calendrier infernal, estime un agent de joueur.

"Il y a des villes comme Leipzig, où il n'y a pas de lignes directes vers les capitales. Quand tu n'as que deux jours de repos, tu ne peux pas te permettre de faire des escales", rappelle Karim Oussanaa.

Avec des prix variant entre 5.000 et 100.000 euros, ce nouveau signe extérieur de réussite n'est toutefois pas "réservé qu'aux top players".

"J'ai des joueurs de Ligue 1 qui n'ont pas des salaires exorbitants mais qui vont, de temps en temps, se faire un kiff", dévoile-t-il. De quoi élargir le spectre d'une clientèle déjà fournie.

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