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De la lumière à l'ombre. Birgit Prinz, légende du foot féminin des années 2000, double championne du monde, est de retour au Mondial... comme psychologue de l'équipe d'Allemagne.
A peine son nom avait-il été prononcé, quand les Allemandes sont arrivées en France, que tous les journalistes demandaient à la rencontrer.
Mais déjà peu à l'aise face aux micros lorsqu'elle était joueuse, Prinz a choisi cette fois d'éviter les médias: son travail est discret, voire intime, et elle entend s'y absorber tout entière.
"Birgit se tient en retrait, toujours disponible si on a besoin de parler", témoigne la milieue de terrain Turid Knaak, "si on a des problèmes et si on est sous pression, elle est là. Ca créé une atmosphère de grande confiance".
Pour la sélectionneuse Martina "MVT" Voss-Tecklenburg, qui a gagné avec elle les Euros 1995 et 1997, l'apport de Prinz est essentiel: "Nous avons une équipe où beaucoup de filles ont peu de sélections, 15 joueuses disputent leur premier Mondial. Quelqu'un qui a elle-même l'expérience des Euros et des Mondiaux a une conception claire de ce qu'elle peut leur apporter."
- "Speed-dating" -
A 41 ans, celle qui fut élue trois fois meilleure joueuse Fifa est en effet devenue une psychologue du sport expérimentée. Elle travaille à l'année depuis 2012 avec l'équipe professionnelle de Hoffenheim.
"Dès mes premières conversations en janvier, je me suis rendu compte que 23 de nos 30 joueuses étaient demandeuses de soutien psychologique, développe "MVT", dès lors, il était logique d'aller chercher de l'aide (...) C'est ce que fait Birgit d'une façon formidable".
S'agissant de Prinz, le mot "expérience" est presque insuffisant. L'ancienne attaquante a été internationale pendant 17 ans, compte 214 sélections, 128 buts, deux victoires en Coupe du monde (2003 et 2007) comme capitaine, et cinq à l'Euro !
Ce monument du football ne risquait-elle pas, dès lors, d'impressionner les jeunes ? Lors du premier rassemblement en mars sous la houlette de Voss-Tecklenburg, l'encadrement a eu l'idée de mettre en place une sorte de "speed-dating" où chacune pouvait rencontrer chacune.
"Les joueuses ne se sont même pas rendu compte qu'on avait fait tout ça en fait pour intégrer Birgit. Ca a tout de suite cassé la glace", sourit la coach.
- Lucarnes -
Depuis, le courant est passé. L'attaquante Svenja Huth, qui avoue que Prinz fut l'idole de sa jeunesse, se réjouit de pouvoir aujourd'hui s'appuyer sur elle: "Elle peut encore transmettre énormément de l'époque où elle jouait, et servir de point d'appui, si nous avons un problème, si nous avons besoin de tuyaux ou de suggestion".
Dans un sport féminin où l'argent coule moins à flot que chez les hommes, Prinz fait aussi figure de référence pour sa gestion de l'après-football: elle a mené ses études de psychologie à Francfort en parallèle avec sa carrière, et obtenu son diplôme avant même de raccrocher les crampons.
Et, comme pour rappeler qu'elle ne fut pas toujours une femme de l'ombre, il est arrivé à Prinz d'enfiler le survêtement et de venir taquiner la balle lors des rassemblements de la sélection: ses tirs en pleine lucarne n'ont rien perdu de leur précision, les gardiennes de la Mannschaft peuvent en témoigner.