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Après avoir frôlé une nouvelle annulation faute de neige, le soulagement règne sur le stade Jason Lamy-Chappuis des Rousses (Jura), qui accueille ce week-end le retour de la Coupe du monde de ski de fond en France dans une région amoureuse du nordique.
Les skieurs défilent au son des cloches secouées frénétiquement par les supporters, au milieu des conifères finalement enneigés du stade Jason Lamy-Chappuis des Rousses. Les amoureux de ski de fond peuvent enfin encourager à domicile les Français, plus de six ans après le dernier passage du circuit mondial à La Clusaz (Haute-Savoie).
Pour la plupart des membres d'une équipe de France rajeunie, c'est une première, comme pour le sprinter Lucas Chanavat.
"C'est important de montrer que le ski de fond se passe aussi en France, qu'on peut avoir une ferveur populaire, parce que nos performances le méritent. C'est bon pour la fédé, pour nous, pour les sponsors", note le costaud de 28 ans aux 15 podiums, dont deux victoires, en Coupe du monde.
- "Risque" -
Cette petite fête qui rassemble plusieurs milliers de spectateurs a failli ne pas avoir lieu après un début d'hiver particulièrement chaud qui avait fait disparaître la neige du massif jurassien. À dix jours de l'évènement, la fédération internationale avait accordé un dernier délai aux organisateurs, qui ont su profiter du retour du froid mi-janvier.
"C'était une prise de risque énorme. Les canons c'est de l'informatique, tu peux avoir des pannes, du vent, ce n'est pas toujours une science exacte", explique Nicolas Michaud, directeur du site inauguré en 2018, dont la modernité et la vingtaine de canons à neige ont permis la tenue de la course.
"Sans ce stade, c'était mort. On a une puissance de feu impressionnante. En quatre jours, on est capables d'enneiger une piste de 3 km de Coupe du monde. Normalement pour une telle piste, des organisateurs prennent un mois ou deux. On a aussi des gens compétents qui ont bossé jour et nuit".
La tenue de l'épreuve s'avérait vitale pour le futur des courses internationales dans la région, après deux annulations liées au Covid-19, dont celle de l'an dernier à la dernière minute.
"On ne pouvait pas annuler une nouvelle fois, sinon je pense qu'on pliait la chose pour de bon. Quand tu annules une Coupe du monde, tu as déjà engagé de l'argent et on est une petite association. L'an passé, on avait engagé 200.000 euros qu'on a dû combler. Ça ne pouvait pas se répéter. On est enfin lancés", indique M. Michaud, soulagé.
- "Quentin" -
Les organisateurs de la Coupe du monde de combiné nordique de Chaux-Neuve (Doubs), site voisin moins bien équipé, ont eu moins de chance avec la météo une semaine avant et ont dû annuler leur évènement.
Dans le massif du Jura, aux près de 2.000 km de piste de ski de fond, le nordique, menacé dans les prochaines années par le réchauffement climatique, fait partie du folklore et de l'économie locale. Par exemple, pour l'enfant du pays double champion olympique de biathlon, on ne parle pas de "Fillon Maillet" mais de "Quentin", sur lequel chaque habitant s'empresse de raconter avec tendresse une anecdote.
"J'ai vu des anciens skieurs de haut niveau qui pleuraient au bord de la piste, trop heureux de voir cette compétition ici", ajoute M. Michaud.
La dernière fois, c'était il y a 23 ans, lorsque la Coupe du monde avait pris comme support la Transjurassienne, course de grand fond (70 km) emblématique de la région.