Partager:
Onze mois à peine après avoir donné naissance à son premier enfant, Clarisse Agbégnénou a glané, à 30 ans, une sixième couronne mondiale dans la catégorie des -63 kg, mercredi aux championnats du monde de judo de Doha.
"C'est de bon augure pour Paris-2024", a déclaré la double championne olympique de Tokyo dès sa sortie du tatami, après sa victoire par ippon contre la Slovène Andreja Leski, 12e mondiale.
"Je suis tellement fière de moi et de ma fille", a-t-elle poursuivi. "Franchement, elle est top, elle m'a laissée un peu dormir. Je l'ai laissée un peu toute seule, je suis désolée, mais je lui avais promis que j'allais lui ramener cette belle médaille d'or. Voilà, c'est fait, et je vais lui mettre autour du cou."
Absente de la dernière édition des Mondiaux pour cause de congé maternité, Agbégnénou signait au Qatar son grand retour sur la scène planétaire avec son dossard doré de championne olympique.
"Je pense qu'indéniablement, il y a un aspect psychologique. La patronne est de retour et cela a inquiété tout le monde", avait anticipé son entraîneur Ludovic Delacotte juste après sa qualification pour la finale.
- Montée en puissance -
Depuis sa reprise, la Française, désormais sextuple championne du monde, n'avait disputé que deux compétitions, la première avec son club fin 2022, puis le Grand Slam de Tel Aviv en février dernier.
"En arrivant ici, je me suis dit +ça va être un peu chaud d'aller chercher un titre+. Je savais que j'avais le niveau pour avoir une médaille mais le titre, il me manquait encore des petites choses à régler. Et finalement (...) tout s'est bien passé", a-t-elle constaté.
Sa journée de compétition avait commencé avec une victoire au premier tour contre la Serbe Anja Obradovic, 30e mondiale, au terme de 3 min 45 de combat. Elle s'était ensuite imposée par ippon en prolongation face à la Cubaine Maylin Del Toro Carvajal, livrant un combat accroché contre la 16e mondiale et récente finaliste du Grand Slam de Tel Aviv.
Au troisième tour, face à l'Israélienne Gili Sharir, 7e mondiale et victorieuse du Grand Slam de Paris début février, elle a de nouveau été contrainte à la prolongation, avant de l'emporter par waza-ari.
Puis elle est montée en puissance en quart de finale, dominant par ippon la Canadienne Catherine Beauchemin-Pinard, N°2 mondiale et vice-championne du monde en titre, malgré une frayeur lors d'une phase de combat au sol.
Le tableau s'étant éclairci après l'élimination précoce des deux Japonaises --"Merci les camarades d'avoir balayé un peu certaines filles", a-t-elle dit en souriant-- la Française s'est retrouvée à affronter en demi-finale l'Autrichienne Lubjana Piovesana, 60e mondiale. Elle l'a alors dominée par ippon de manière méticuleuse.
- "Mum power" -
"Clarisse, c'est Clarisse: une grande championne, elle l'a encore démontré", s'est félicité son entraîneur en équipe de France Ludovic Delacotte. "Ce n'est pas tout que les adversaires perdent, encore faut-il gagner ses matches. Voilà, mission remplie. Elle a été impeccable."
Dès le gong retenti, Agbégnénou a mimé des bras le signe d'un berceau en clin d'œil à sa fille Athéna présente partout à Doha: à l'hôtel des athlètes, en tribunes et jusqu'en salle d'échauffement où elle gambadait encore quelques instants avant la finale.
"Je ne pensais pas le faire aujourd'hui mais j'ai envie de dire à toutes les mamans et tous les papas qui me regardent: +Vous pouvez le faire+. Mum Power, il faut y aller!", a-t-elle déclaré.
"C'est vraiment une grande championne, si quelqu'un en doutait. Faire ce qu'elle a fait aujourd'hui comme elle l'a fait. Peu auraient parié sur la façon et le résultat final. Une fois encore, elle nous a fait du Clarisse", a lâché son entraîneur.