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Le Grec AJ Ginnis, vice-champion du monde de slalom dimanche à Courchevel, a eu un itinéraire inédit pour un skieur de son niveau, depuis le Mont Parnasse en Grèce jusqu'aux aventures de sa petite équipe privée.
- Le skieur du Mont Parnasse -
Né d'une mère américaine et d'un père grec, Ginnis a grandi en Grèce et appris à skier sur les pentes du Mont Parnasse, où les pistes sont nommées en fonction des douze dieux grecs. Le skieur y retournera pour les championnats nationaux fin mars.
"Le Mont Parnasse est assez haut en altitude (2.460 m). C'est sûr que ce n'est pas une façon traditionnelle de venir au ski de haut niveau, mais je n'ai pas eu vraiment le choix du sport. Mon père avait un magasin et il était également professeur de ski, c'est comme ça que mes parents se sont rencontrés", a expliqué Ginnis en conférence de presse dimanche.
Après un passage en Autriche, pays du ski, Ginnis a suivi ses parents aux États-Unis à 15 ans, intégrant rapidement l'équipe américaine avec de probants résultats sur le circuit nord-américain, sorte de 2e division mondiale.
Sorti de l'équipe faute de résultats, il représente la Grèce depuis 2020.
Sans beaucoup de financements, il est entraîné par deux amis, l'Américain Sandy Vietze et le Français Gabriel Coulet, qui les a rejoints en janvier.
"On est les trois Mousquetaires depuis. Ils feraient tout pour moi, ils font beaucoup de sacrifices, ils me conduisent partout, ils dorment parfois dans la voiture pour économiser l'hôtel."
- Carrière hachée par les blessures -
Le champion de 28 ans a vu sa carrière ralentie et hachée par six opérations des genoux. La dernière en août 2021, à la suite d'une rupture des ligaments croisés du genou droit, l'avait privé du rêve olympique à Pékin.
"Je me pensais fini pour le haut niveau. Mais j'ai travaillé à Pékin pour la chaîne NBC comme consultant aux Jeux olympiques. J'ai pu voir mes amis, mes concurrents skier là-bas. Quand je suis revenu, le feu en moi s'était ravivé. J'ai dit à ma mère que je voulais tenter encore une fois ma chance. Elle m'a encouragé. Elle aurait pu me dire de trouver un boulot à la place, merci à elle."
"J'ai eu de bons chirurgiens, de bons kinés et ma famille et moi avons été très patients. Et je suis sacrément têtu", a ajouté celui qui skie avec deux genouillères, à propos de ses nombreux retours.
- Premières grecques -
Ginnis multiplie les grandes premières pour la Grèce. Il avait marqué les premiers points de l'histoire de son pays en Coupe du monde en janvier 2021 à Flachau (Autriche) avec une 11e place.
Cet hiver, il s'était déjà montré à l'aise en obtenant une 20e place début janvier à Adelboden (Suisse) avant d'exploser à Chamonix le 4 février avec une deuxième place. C'était le premier podium de son pays sur le circuit mondial.
Désormais, il peut rêver devenir le premier Grec victorieux en Coupe du monde, ou le premier médaillé olympique en ski alpin en 2026 aux Jeux italiens de Milan/Cortina.