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Six nations: comment l'Irlande est devenue une machine à gagner

Derrière l'inoxydable Jonathan Sexton ou l'impressionnant Josh van der Flier, l'Irlande est un rouleau compresseur: une machine froide et réaliste qui a remporté avec brio le Tournoi des six nations, son premier depuis 2018.

Un Grand Chelem, onze victoires consécutives, dont une historique tournée en Nouvelle-Zélande où l'Irlande ne s'était jamais imposée, une place de N.1 mondial, un premier succès à Cardiff dans le Tournoi depuis 2013... le XV du Trèfle semble intraitable à six mois de la Coupe du monde en France (8 septembre-28 octobre), dont il est un des grands favoris.

Sur la route de ce Grand Chelem, seulement le quatrième de leur histoire (1948, 2009, 2018), les hommes d'Andy Farrell ont même dominé les Bleus (32-19), dernier adversaire du top dix mondial qu'ils n'avaient pas battus, en leur infligeant la plus lourde défaite de l'ère Fabien Galthié.

Et ce ne sont pas uniquement les quatre essais marqués qui ont fait mal aux coéquipiers d'Antoine Dupont, pourtant invaincus depuis quatorze matches jusque-là. C'est avant tout l'écart dans le jeu, dans la maîtrise et dans la fluidité entre les deux nations.

"Tout le monde est un ton en-dessous de l'Irlande en ce moment, ils sont vraiment impressionnants (...) L'équipe d'Irlande prend fatalement le dessus sur la maîtrise de son jeu. Ils croient tellement en ce qu'ils font qu'ils continuent, ils continuent et ça finit par craquer", a expliqué l'ancien international français Fabien Pelous (118 sélections entre 1995 et 2007) à l'AFP.

- "A l'aise dans le chaos" -

"Ils maîtrisent leur jeu, ils font très peu de fautes, techniques ou de règlement. Chaque point, il faut aller se le gagner de haute lutte contre eux. L'Irlande maîtrise son jeu comme jamais j'ai vu une équipe maîtriser son jeu, même les All Blacks doubles champions du monde", a encore analysé l'ancien capitaine des Bleus.

Le secret de cette assurance à toute épreuve vient Andy Farrell.

Quand il a débarqué en tant qu'entraîneur principal de l'Irlande, en 2020, Farrell n'était qu'un simple entraîneur de la défense, anglais qui plus est, qui venait remplacer l'immensément populaire Joe Schmidt, désireux de retourner en Nouvelle-Zélande.

Vivement critiqué, le père du capitaine du XV de la Rose a retourné opinion et joueurs en s'appuyant sur le travail de Schmidt, technicien obsessionnel et impitoyable, qui avait mis en place une équipe au jeu plutôt pragmatique en s'appuyant sur ses points forts traditionnels: agressivité autour des rucks, habileté en touche, sur les groupés-pénétrants ou sous les ballons hauts, et jeu au pied.

Farrell y a ajouté une dose d'imagination et de prise de risques pour faire du XV du Trèfle une implacable machine à gagner, au plan de jeu bien huilé avec toujours le métronome Johnny Sexton (37 ans, 111 sél.) à la baguette.

"Le plus important, c'est d'être nous-mêmes. On doit jouer notre jeu", explique Farrell, dont la presse irlandaise aime à dire qu'il a "ôté les chaînes" de son équipe.

Il a ainsi lancé ou relancé des joueurs comme le demi de mêlée Jamison Gibson-Park, tandis que le pilier Andrew Porter, les avants Tadhg Beirne ou Caelan Doris sont devenus indispensables et que le centre Bundee Aki a ajouté de la subtilité à son jeu.

Enfin, les ailiers Mack Hansen et James Lowe apparaissent intouchables, tandis que Sexton semble éternel à 37 ans.

"Andy est vraiment un coach à l'esprit offensif. C'est un style différent (de Schmidt, NDLR), un entraîneur différent avec une vision différente sur le jeu. Il veut que les joueurs s'expriment, ils veut des ailiers qui mettent la main sur le ballon et qui marquent des essais", a récemment expliqué l'ancien international irlandais du Racing 92, Simon Zebo.

"L'atmosphère dans le groupe est plus détendue, les joueurs se régalent et c'est aussi important que de bien jouer ou de bien s'entraîner", a-t-il ajouté.

La cohésion évidente n'est pas étrangère au fait qu'une majorité de l'équipe sur chacune des feuilles de match du Tournoi évolue au Leinster, dans la franchise irlandaise vice-championne d'Europe, qui marche sur la Champions Cup, première de sa poule avec 184 points inscrits en quatre matches. Un cocktail redoutable.

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