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Sur la route des Jeux: Ambre Papazian, quand le budget vient parasiter le sport

A 23 ans, Ambre Papazian fait partie des espoirs français de l'IQFoil, nouveau support olympique de planche à voile qui sera pour la première fois au programme des JO en 2024.

Jusqu'aux Jeux de Paris, l'AFP suit le parcours de celle qui s'entraîne sur le plan d'eau olympique de Marseille. Dans ce quatrième épisode, elle raconte comment les questions financières peuvent perturber le parcours sportif.

"Ma 40e place aux Mondiaux n'est pas conforme à mes objectifs mais, au moins, ça me laisse sur les listes ministérielles. C'était primordial parce que ça me permet d'avoir des subventions, des aides, et de garder ma place en pôle France. Je suis dans la structure comme les années précédentes, même si je suis sortie de l'équipe de France proprement dite et que je ne suis plus coachée. Ça implique de faire des choses par moi-même, y compris financièrement, et de prendre un peu d'autonomie par rapport à la fédération. Pour les Mondiaux, par exemple, j'avais pris un coach privé, partagé avec une Japonaise et une Américaine. Comme je n'étais pas en équipe de France, je n'avais pas la possibilité d'intégrer tous les entraînements. Mais au moins j'étais plus sereine, je n'étais pas seule à attendre de savoir si je pouvais venir ou pas. Sortir de l'équipe de France a quand même été très dur la première année. Mais un coach m'avait dit que soit ça serait un +booster+ de performance, soit ça entraînerait un changement de direction. Il avait raison. Si tu tiens, que tu arrives à continuer ton projet toute seule, c'est que tu as le mental et que tu es vraiment passionnée. Ça a été mon cas et même en dehors du système, je ne me vois pas du tout arrêter."

. Pas d'embouteillage

"Si je me sens plus libérée cette année, c'est aussi parce que ma blessure m'a permis de mieux gérer l'aspect scolaire, qui est toujours un peu compliqué. Mars-avril, c'est la période la plus importante de la saison sportive mais aussi celle des examens. Là, avec ma blessure, j'ai pu avancer et j'arrive à la fin de ma dernière année de Master 2. Ça n'a pas été l'embouteillage complet comme avant. Cette année je vais aussi passer mon Dejeps (Diplôme d'État de la Jeunesse, de l'Éducation populaire et du Sport, ndlr). Je profite pour ça du programme de l'Afdas (organisme public chargé de l'apprentissage et de la formation dans certains secteurs, ndlr) pour aider les athlètes à financer leur formation et répondre un peu à la problématique de précarité dans le sport. J'ai toujours voulu passer ce diplôme, mais ça coûte 6.000 euros. Quand tu finances déjà ton projet sportif, ça n'est pas possible."

. "Avec une voile pourrie..."

"La question financière est toujours venue parasiter la performance. Non seulement la planche n'est pas un sport dont on va vivre, mais en plus, c'est très onéreux. D'autres filles ont peut-être plus de soutien des parents, d'autres arrivent par leurs résultats à avoir un peu plus de partenaires. Mais moi quand je régatais, je n'étais jamais reposée parce que je me disais +cette régate est trop importante, je dois perfer pour gagner ma vie, pour trouver des partenaires etc.+ Et à force de penser comme ça, je ne perfais pas, je me mettais beaucoup trop de pression extra-sportive. Aujourd'hui j'arrive à avoir l'esprit beaucoup plus tranquille.

"Mon budget annuel, pour avoir les résultats que je veux, c'est 30.000 euros. Evidemment, je peux aussi faire une saison avec une voile pourrie, mais je n'atteindrai pas mes objectifs. Ou alors je ne vais pas sur une régate. Quand j'étais en RSX, il y a des championnats en Australie ou au Japon que je n'ai pas faits parce que je n'avais pas les moyens. L'année dernière, j'ai fait un prêt étudiant pour financer ma saison en partie. Il y a des aides de la ville, du département et de la région, à travers le pôle France ou mon club. Avec tout ça, j'arrivais les années précédentes à 10.000 euros. Cette année, j'ai pu ajouter 15.000 euros de partenaires et ça libère vraiment l'esprit."

Propos recueillis par Stanislas TOUCHOT

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