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Dernier adversaire des Bleus dans le Tournoi des six nations 2023, le pays de Galles, l'une des plus grandes nations du rugby mondial, est tombé bien bas depuis deux ans, plongé dans une crise tant économique que structurelle.
. Une nation majeure en bout de course
Les Gallois, détenteurs de 28 titres dans le Tournoi depuis sa création, dont le dernier en 2021, et de douze Grands Chelems, sont assurés de terminer cette édition à l'avant-dernière place, comme en 2022.
"Il y a deux ans, ils peuvent faire le Grand Chelem et aujourd'hui ils sont au fond du trou", a récemment résumé l'ancien international français Denis Charvet, au micro de RMC Sports.
Après avoir brillé pendant plus d'une décennie sous la houlette du Néo-Zélandais Warren Gatland (deux demi-finales mondiales en 2011 et 2019 notamment), le rugby gallois a subi un net coup d'arrêt.
Tombés à la neuvième place au classement mondial, défaits de peu au printemps par l'Italie puis à l'automne par la Géorgie, giflés par les All Blacks (55-23), les coéquipiers de Dan Biggar ont enchaîné les désillusions l'an dernier.
. Où est passé le jeu gallois ?
Malgré le retour aux affaires de Gatland début février, le XV du Poireau n'a pas retrouvé le jeu qui lui avait permis de décrocher trois Grand Chelems (2008, 2012 et 2019).
Les Gallois n'ont marqué qu'un seul essai lors de leurs trois premières rencontres, faisant preuve d'une pauvreté offensive inquiétante, et en ont encaissé quatorze.
Plus grave: lors de la quatrième journée face à l'Italie, nation la plus faible du Tournoi, le pays de Galles s'est fait franchir à dix reprises.
"Nous devons davantage faire bouger le ballon, le mettre dans les mains de nos ailiers, qu'ils jouent plus dans les espaces", a plaidé auprès de l'AFP l'ex-arrière gallois Lee Byrne.
. Une fédération coincée "à l'âge de pierre"
Dès novembre dernier, dans The Times, l'ancien capitaine des Diables rouges Sam Warburton (74 sél.) avait critiqué "l'esprit de clocher grotesque" d'une Fédération (WRU) au sein de laquelle le rugby amateur dispose de huit sièges sur douze.
"C'est un mode de gouvernance coincé à l'âge de pierre", avait-il estimé, appelant à faire entrer des "gens hautement qualifiés en finance, en marketing et dans la performance (sportive), qui devront prendre des décisions intelligentes, stratégiques et potentiellement drastiques".
Selon le journaliste de The Guardian Michael Aylwin, "le système gallois s'est presque entièrement appuyé sur le succès de l'équipe nationale. (Or) il s'agit d'une stratégie dangereuse, en particulier en cas de PIB faible" (75 milliards de livres, soit 85 milliards d'euros).
La menace de grève des internationaux, en plein Tournoi, inquiets pour leurs contrats fédéraux, avait mis l'accent sur ces difficultés économiques. Un problème de plus pour la WRU, empêtrée dans une affaire de sexisme ayant contraint son directeur général à la démission avant le début du Tournoi.
. Un faible réservoir de joueurs
Face aux Bleus, le XV du Poireau devrait aligner ses stars vieillissantes: le deuxième ligne Alun Wyn Jones (37 ans, 157 sél.), dont c'est le 17e Tournoi, le talonneur Ken Owens (36 ans, 90 sél.), l'ouvreur Dan Biggar (33 ans, 106 sél.), l'arrière Leigh Halfpenny (34 ans, 98 sél.)...
Toujours performants, à l'image du demi de mêlée Rhys Webb (34 ans, 39 sél.), excellent face à l'Italie, ces anciens, associés à quelques étoiles montantes -- l'ailier Louis Rees-Zammit, le deuxième ligne Dafydd Jenkins --, peinent cependant à cacher le manque de joueurs disponibles dans une nation qui ne compte que quelque trois millions d'habitants.
Selon Warburton, d'ici cinq ans, "il n'y aura tout simplement pas un réservoir de joueurs suffisant pour être compétitif, surtout quand les cadres expérimentés prendront leur retraite".
Mi-février, il avait ainsi estimé sur Twitter que "le rugby gallois n'est viable qu'avec trois provinces" contre quatre actuellement (Cardiff, Dragons, Ospreys et Scarlets), ces dernières ayant déjà du mal à se hisser au niveau des grosses cylindrées dans la lucrative Champions Cup.