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"Il peut aller très, très loin." Révélation du début de saison avec sa victoire au Tour des Alpes-Maritimes et du Var, le jeune Français Kévin Vauquelin crève l'écran sur Paris-Nice dans un rôle de leader qu'il assume du haut de ses 21 ans.
Mercredi, au sommet de la Loges des Gardes, petite station de ski de l'Allier, il était tout en haut avec les plus grands, cinquième de l'étape, dans le même temps que le vainqueur du dernier Tour de France Jonas Vingegaard, après une ascension corsée de 6,7 km à 7,1%.
"C'était l'occasion de voir où j'en étais par rapport aux tout meilleurs. Finalement je ne suis peut-être pas si loin que ça", a-t-il savouré à l'arrivée.
Le Normand de l'équipe Arkéa-Samsic vise un Top 10 dimanche à Nice - il est actuellement quinzième au général à 2 min 09 de Tadej Pogacar, à 15 secondes du 10e, l'Italien Matteo Sobrero - dès sa première course d'une semaine au niveau World Tour, la première division du cyclisme mondial.
Une nouvelle étape pour ce spécialiste du contre-la-montre - quadruple médaillé mondial chez les juniors - qui se découvre aussi de belles capacités lorsque la pente s'élève, deux ingrédients qui font le chasseur de classement général idéal.
"Depuis un an, on le découvre et on n'est plus vraiment surpris. Il n'a pas beaucoup de failles. Et là il franchit encore un palier en étant présent dans une confrontation de très, très haut niveau", souligne son directeur sportif Yvon Caër auprès de l'AFP.
- "Ce petit truc en plus" -
Dès sa première année dans le peloton professionnel, l'an passé, Vauquelin s'est fait remarquer en signant dix podiums dont une deuxième place du Tour du Luxembourg. Il a explosé en février en remportant ses deux premières victoires (étape + classement général) au Tour des Alpes-Maritimes et du Var.
Ce début de saison canon a convaincu son équipe de lui confier le rôle de leader sur Paris-Nice, malgré son expérience encore limitée.
"Être leader d'une grande équipe sur une course comme Paris-Nice à son âge, ce n'est pas facile. Mais il gère ça très bien", expose son équipier luxembourgeois Michel Ries. "Comme leader, il a ce petit truc en plus. Il a un très bel avenir devant lui, il peut aller très, très loin."
De fait, Vauquelin n'a pas l'air impressionné du tout de côtoyer les Jonas Vingegaard ou Tadej Pogacar, même s'il avoue que ça fait "bizarre".
Regard franc et verbe précis, il endosse même sans sourciller le costume de leader. "Je sens que l'équipe me fait vraiment confiance. Oui, mon statut a changé et m'apporte plus de pression mais c'est de la bonne pression. J'aime bien ce rôle", dit-il.
"Il a une vraie attitude de leader et une maturité assez surprenante pour son âge", souligne Yvon Caër. "Il y a un an, on l'a découvert brut de décoffrage. Mais il grandit à vitesse grand V."
- "Il sait tout faire" -
Cet appétit pour assumer ses responsabilités ouvre de belles perspectives au Normand, d'autant qu'il "sait tout faire", selon son directeur sportif. Percutant au sprint, puissant dans la plaine, bon en chrono, il prouve ascension après ascension qu'il sait aussi grimper.
"On a découvert ça au Tour d'Oman l'an dernier où il fait deux sur Green Mountain (une montée de 6 km à 10 %, NDLR) en étant équipier", raconte Caër. "Sur des montées encore assez courtes il est déjà très fort. Maintenant il reste à savoir si, sur un effort plus long, il maintient le cap. Il le fera à l'avenir, c'est sûr. Mais je ne sais pas s'il est déjà capable de le faire aujourd'hui."
L'arrivée au col de la Couillole samedi (15,7 km à 7,1%) offrira de premiers éléments de réponse. A terme, il est prévu qu'il découvre son premier grand Tour cette année, soit le Tour de France soit la Vuelta.
"Maintenant, il faut faire des choix et construire une belle histoire de manière raisonnée et raisonnable, sans excès et sans aller dans le 120% non plus", souligne Yvon Caër qui loue un "garçon à l'écoute, modeste et humble dont il ne faut pas oublier qu'il n'a toujours que 21 ans".