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Déjà de la casse sur les corps, dans les têtes et au classement général: la première étape du Tour de France, samedi de Bilbao à Bilbao, s'est montrée impitoyable pour des grands noms du peloton comme Enric Mas ou Richard Carapaz, aux espoirs fracassés dès le premier jour.
Les routes mal plates du Pays basque se sont aussi révélées rudes pour Romain Bardet et Guillaume Martin, ou Ben O'Connor, qui ont déjà lâché du temps sur la concurrence.
Tous deux prétendants au podium, l'Espagnol Enric Mas et l'Equatorien Richard Carapaz, ont tapé le goudron à une vingtaine de kilomètres de l'arrivée dans la descente technique de la côte de Vivero. Cinquième du Tour 2020, Enric Mas, regard hagard, a jeté l'éponge après s'être longuement tenu le haut du bras. Il "souffre d'une forte douleur à l'épaule droite", selon son équipe Movistar, qui l'a conduit vers un hôpital.
Quant au lauréat du Giro-2019 Richard Carapaz, au genou gauche entaillé, il a trouvé les ressources pour terminer. Mais le leader d'EF-Education a déjà dit adieu à son ambition de troisième place puisqu'il compte plus d'un quart d'heure de retard sur le vainqueur, Adam Yates. Pourra-t-il même longtemps pédaler si sa rotule est amochée ?
Le champion d'Equateur doit passer des examens radiologiques dans la soirée pour évaluer les dégâts, a annoncé son équipe.
Sale journée décidément pour la formation américaine puisque son autre carte au classement général, le vétéran Rigoberto Uran (36 ans), deuxième du Tour 2017, a lâché lui aussi cinq minutes.
"C'était une journée de merde", a résumé côté Movistar Matteo Jorgenson. "J'étais placé trois roues derrière Enric. Il est sorti de route et a fait un salto. Je me suis arrêté immédiatement, car il était notre leader", décrit l'Américain, relégué à plus de deux minutes et demie alors qu'il aurait pu servir de joker à l'équipe espagnole.
- Bardet a souffert de la chaleur -
Plusieurs autres candidats au top-3 ont perdu plus ou moins gros samedi. Dont quelques uns nourrissant les espoirs français: Romain Bardet et Guillaume Martin ont terminé dans ce qui restait du peloton, à 21 secondes du groupe Vingegaard-Pogacar. Comme le leader australien de l'équipe tricolore AG2R, Ben O'Connor.
"C'était difficile, j'ai eu du mal avec l'humidité et la chaleur. La mise en route a été difficile, j'ai souffert dans la dernière ascension, a commenté Romain Bardet. Ce n'est pas ce qu'on attendait mais ce n'est que le premier jour."
"J'ai dû mettre pied à terre au pire moment quand un coureur s'est arrêté devant moi, a expliqué de son côté Ben O'Connor. Quand on regarde mes premières étapes, cette fois, je suis entier et je n'ai pas chuté."
Prolongeant la sombre série des hispanophones samedi, le miraculé Egan Bernal, de retour sur le Tour pour la première fois depuis son atroce accident sur ses terres colombiennes en janvier 2022, a également concédé 21 secondes sur les favoris. Les dégâts ont été les mêmes pour le local Pello Bilbao, natif de Guernica que le peloton a traversé deux fois.
Les premiers jours du Tour condamnent toujours certains destins. Thibaut Pinot, à qui la première étape a souri samedi --"c'est très rare" relève-t-il--, avait fait les frais de la nervosité de cette première journée en 2020 à Nice.
Sorti deuxième du Dauphiné, il avait laissé son dos sur le verglas d'été de la promenade des Anglais. Les Tours se suivent et ne se ressemblent pas. Pour Simon Yates, aussi: le Britannique avait connu une mise en route fatale en 2021 en laissant plus de trois minutes sur la ligne de Landerneau lors de la première étape d'une Grande boucle qu'il avait fini par abandonner. Cette fois, seul son jumeau l'a devancé samedi.