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Maxime, 17 ans, est un jeune virtuose de l'escrime belge: "Il est promis à un grand avenir" (vidéo)

A 17 ans, le jeune Waterlootois a terminé récemment à la 6e place d'un tournoi de Coupe de Monde à San Salvador le 4 novembre dernier. Un bel exploit qui lui permet de grimper dans le classement mondial et d'entrevoir son rêve, une participation aux plus grandes compétitions européennes et internationales et pourquoi pas un jour les Jeux Olympiques. Il est une véritable promesse pour l'escrime belge.

Maxime Habran baigne dans l'escrime depuis qu'il a 5 ans. Féru de travail, il gravit rapidement les échelons de son sport en Belgique et à l'étranger.

En terminant 6e lors d'un tournoi de Coupe du Monde à l'épée, organisé à San Salvador les 3 et 4 novembre derniers, il a atteint la 61e place mondiale de la catégorie junior. Un résultat qui lui offre de belles perspectives d'avenir.

"J’ai eu la petite déception de ne pas accrocher la médaille, mais c’est une compétition qui m’a permis de faire un gros bond en avant au niveau du classement mondial. Cela permet de lancer ma carrière et d'avoir des débuts de compétition plus abordables dans les prochains mois", a-t-il confié.


 

"Je veux en faire ma vie"

Pour en arriver là, le jeune étudiant en économie à l'Athénée royal de Waterloo a côtoyé les pistes d'escrime depuis ses premiers pas. "J’ai découvert ce sport grâce à mon père qui en a fait durant plus d’une trentaine d’années. Tout petit, j’étais dans les salles d’escrime. Au départ, c’était pour faire comme mon père, et puis c’est devenu quelque chose que j’aime super fort. C’est une motivation pour moi dans la vie. J’adore voyager et mon sport me permet de voir pas mal de choses. Je dois avoir déjà visité une quinzaine de pays en Europe", poursuit-il. "J’aime beaucoup de sports mais il y a quelque chose en plus dans celui que je pratique. Je veux en faire ma vie."

L'escrime lui a par ailleurs transmis différentes valeurs dont il se sert dans la vie de tous les jours. "C’est une discipline dans laquelle, il y a beaucoup de respect entre chaque personne, peu importe qui est en face de soi. C’est de la combativité et de la rigueur envers soi."

Mais quelles qualités faut-il pour être un bon escrimeur? "Il faut être passionné. Etre un athlète le plus complet possible, mentalement et physiquement. Il faut de l’endurance, de l’agilité et de l’explosivité. Il faut aussi être concentré et persévérant à l’entrainement. Enfin, il faut savoir utiliser sa taille à bon escient. Un grand va éviter le corps à corps et un petit va essayer de casser la distance très vite pour aller mettre sa touche grâce à son explosivité. Je pense que ce sont les qualités principales à avoir."



Maxime et son entraîneur, Al
ain Delcourt


"Mon coach fait partie de ma famille"

Formé à Braine-l’Alleud, dans le Brabant wallon, Maxime poursuit son évolution aux côtés de son entraîneur de toujours, Alain Delcourt. "Je pense que je resterai dans ce club jusqu’à la fin de mon parcours. Depuis le début, j’ai le même entraîneur, même si sur le côté, j’ai des leçons avec l’entraîneur fédéral", indique-t-il. "Alain et moi, on se connaît plutôt bien. On s’est côtoyé sur les voyages. Il est hyper impliqué et il fait partie de ma famille. C’est devenu quelqu’un de spécial pour moi. Il change chaque saison et évolue dans sa manière de m’entraîner. On évolue au même rythme et on profite aussi des conseils de l’entraîneur fédéral."


Une entrée dans le top 20 mondial

Arrivé à une étape charnière de son parcours, il aimerait continuer de bien figurer dans des tournois de Coupe du Monde afin de faire son entrée dans le top 20 mondial en junior, avant de découvrir dans deux ans le haut niveau en senior. "En 2019, j’aimerais un bon résultat aux prochains championnats d’Europe et du Monde. Ma 61e place mondiale ne m'assure pas encore d’y être. Il me reste six tournois de Coupe du Monde pour me qualifier."


 
Concilier sport et avenir professionnel

Au-delà de ses objectifs sportifs élevés, Maxime, qui est actuellement en rhéto, doit également s'assurer un avenir professionnel. "Après les secondaires, je vais prendre une année sabbatique pour m’entraîner à fond afin d'aller encore plus loin dans mon sport. Je verrai où j’en serai mais je pourrai ensuite enchaîner sur des études de kiné", explique-t-il. "J’aimerais de toute façon un travail qui me permette de gérer mes horaires pour pouvoir m’entraîner (8h par semaine plus les compétitions). Je dois également pouvoir partir le week-end pour les compétitions et je dois en plus aller courir en dehors des entraînements."

Des efforts intenses qui, il espère, le mèneront un jour aux Jeux Olympiques. "C’est mon grand objectif. C’est l’accomplissement d’une carrière sportive. C’est le graal et ça serait une consécration." Une de ses sources d'inspiration pour y arriver est, son idole, l'escrimeur hongrois Géza Imre, trois fois médaillé aux Jeux Olympiques. "Il a l’âge de mon père et ils se connaissent. C’est une escrime très propre. C’est ce que je veux arriver à faire", conclut-il.


 
"L’escrime était fait pour lui"

Son entraîneur, Alain Delcourt, qui le suit donc depuis ses débuts, explique qu'il a rapidement décelé des qualités innées chez Maxime. "Je l’ai vu arriver à la salle pour son premier entraînement et je me suis rapidement rendu compte que l’escrime serait fait pour lui. Il fait partie des enfants qui adoptent pratiquement naturellement les bonnes positions pour ce sport", raconte-t-il.

Coach depuis 40 ans, il ne tarit pas d'éloges au sujet de son élève. "C’est un fou de travail. Il court pratiquement tous les jours et il entretient sa condition physique. Il fait attention à ce qu’il mange. Il est très sérieux. Il avait évidemment certaines prédispositions."

A 63 ans, Alain Delcourt passe de nombreuses heures aux côtés de son protégé et il admire son évolution. "Je suis parti 43 weekends en compétition en 2017 avec lui", indique-t-il.

Après avoir détecté son talent et lui avoir appris les bases de l'escrime, son objectif est à présent de l'emmener "le plus haut possible". "En concertation avec ses parents, on a décidé de se semi-professionnaliser. On l’a mis dans les mains d’un ostéo, d’un médecin sportif et d’un kiné. Le club d’escrime de Braine-l'Alleud a aussi engagé une préparatrice physique", précise-t-il. Alain Delcourt explique par ailleurs que son but est d'être un "pourvoyeur d'athlètes" pour l'équipe nationale et la fédération. 



"Je n’ose pas faire de fausses promesses"

Pour Alain Delcourt, le rêve est de voir Maxime évoluer dans les plus grandes compétitions mais il reste "quelqu'un de pragmatique". "Max a les capacités pour aller aux JO, mais je n’ose pas faire de fausses promesses aux enfants. Je vois Max aller très loin, c’est un fana de travail. Il bosse beaucoup. J'ai dit à la fédération qu’il avait de bonnes prédispositions et du coup, il est engagé dans des compétitions en surclassement. Sauf accident, il devrait arriver aux championnats d’Europe et du Monde. Ce qu’il a réussi à San Salvador, c’est bon car c’est un tournoi qui rapporte plusieurs points pour le classement mondial", estime-t-il.

L'entraîneur souligne également l'apport d'entourage de Maxime qui lui permet de vivre pleinement sa passion. "Il faut dire un grand merci aux parents qui soutiennent leur enfant. L’argent est le nerf de la guerre, et quand ceux-ci décident d’engager un enfant sur le circuit, cela coûte de l’argent. Sans leur apport ou celui d’un sponsor, Max ne pourrait pas se permettre de faire tout ça. Même si en tant qu’espoir sportif à l’Adeps, il est soutenu financièrement (pour les déplacements et les logements), quand il part à l’étranger pour représenter la Belgique. Ce n’est pas négligeable. Il y a aussi un gros travail de la part de la fédération qui permet de faire évoluer ces jeunes."


Comment sa maman vit-elle cette aventure ?

Les parents de Maxime mettent donc tout en oeuvre pour que leur fils puisse s'épanouir dans son sport. Pour la maman, Estelle Brismée, qui est arbitre dans des tournois d'escrime, les derniers résultats de son fiston ne sont pas le fruit du hasard. "Je pense que c’est l’aboutissement du travail et des entraînements qu’il s’impose", explique-t-elle.

"Depuis qu'il a commencé ce sport, il a complètement accroché à ça. Il vit et dort escrime. On voit un jeune garçon qui grandit bien et qui a trouvé sa voie. Avec une petite larme, car on sait bien qu’il ne pourra pas en vivre, et c’est vraiment dommage. Cela fait partie de sa vie", ajoute-t-elle. "C’est tellement lui, ça le représente dans tout ce qu’il est, avec le côté esprit sportif et un bon état d'esprit. C’est une expérience humaine extraordinaire."



"Physiquement c’est un beau bébé"

Frédéric Fenoul, le sélectionneur de l'équipe nationale de l'épée (une des disciplines de l'escrime avec le fleuret et le sabre), n'est pas non plus passé à côté du talent de Maxime qu'il suit depuis un bon moment. Régulièrement, il se déplace à Braine-l'Alleud pour l'aider à gommer ce qu'il peut encore améliorer dans son jeu.

"Maxime a un potentiel intéressant. Physiquement c’est un beau bébé. Techniquement, c’est propre. Il faut qu’il apprenne à mettre en place ses atouts dans le bon sens pour obtenir un résultat. Il manque un peu de temps en temps de sens tactique mais il est à l’âge où on apprend cela. Quand il arrive à maîtriser son match, il est particulièrement efficace."

Maxime fait partie des athlètes à haut potentiel, mais il n’est pas le seul. Frédéric Fenoul travaille avec la fédération belge afin de mettre en place les structures qui permettront à ces sportifs de performer au mieux dans une discipline qui reste "confidentielle" en Belgique, avec 3.000 licenciés.

"Ce n’est franchement pas un sport de masse", affirme Frédéric Fenoul. A côté de la France, qui compte la plus importante fédération au monde avec 160.000 pratiquants, la Belgique ne peut pas véritablement faire le poids.

"Ce n’est pas pour autant qu’on n’a aucune chance de réussir", assure le coach fédéral. "Il y a plusieurs athlètes avec un potentiel intéressant, et nous voulons leur fournir les outils pour les faire avancer au plus haut niveau international. Il y a un gros effort de restructuration depuis deux ans et cela commence à porter ses fruits. On travaille sur 6-7 ans de perspective, et ce n’est pas en interne, chez nous en Belgique, qu’on va trouver l’adversité nécessaire pour faire évoluer nos escrimeurs. On est obligé de bouger à travers le monde."


Alain Delcourt (à gauche), Maxime et le sélectionneur national, Frédéric Fenoul

Les yeux rivés sur 2024 et 2028

Pour atteindre ses objectifs, la fédération belge s'est fixée des échéances sur le long terme. Elle veut notamment emmener des escrimeurs aux JO 2024 et 2028.

Il faut dire que l'escrime belge n'est pas encore représenté lors de chaque édition de la plus grande compétition sportive au monde. En 2016, à Rio, seul Seppe Van Holsbeke s’était qualifié au sabre. Avant lui, il fallait remonter à 2004 et au Verviétois Cédric Gohy pour retrouver les traces d'un escrimeur représentant la Belgique aux JO. "Si on pouvait déjà avoir des sélectionnés aux Jeux régulièrement, ça serait bien", souligne ainsi Frédéric Fenoul qui espère également des podiums aux Championnats du Monde et d'Europe. "Je ne vous promettrais pas une médaille en senior d’ici deux ans", ajoute-t-il.


La Belgique est un "petit poucet"

Quelles difficultés rencontre la Belgique pour arriver au plus haut niveau?

"On est en concurrence avec des grosses nations comme la France, l’Italie, la Russie ou la Hongrie. Ce sont quasiment tous des semi-professionnels alors que nous faisons avec des amateurs, des gens qui ne vivront pas de l’escrime. On est obligé de faire en sorte qu’ils puissent concilier un projet personnel et un projet sportif. Ce n’est pas toujours simple. La situation est comparable au judo ou à la gymnastique. C’est la principale limite. Les Italiens et les Russes ne se posent pas la question. Ils sont soit militaires ou sous contrat avec l’Etat. Ils sont payés pour s’entraîner. La Belgique est donc un petit poucet."


Impossible de réussir sans l’aide des parents ? Le coach national tempère un peu

Pour réussir dans cette discipline, il faut être bien entouré et aidé financièrement par ses parents. Mais en cas de bons résultats, une aide supplémentaire pourra venir s'ajouter. 

"Par rapport à ce que j’ai connu en France, on est très bien aidé par l’Adeps. Ils apportent un gros soutien financier. A partir du moment où on commence à faire des résultats, l’Adeps peut financer la saison d'un escrimeur comme Maxime. Aller au Salvador n’est pas gratuit. C’est un atout que j’ai découvert en arrivant en Belgique", confie Frédéric Fenoul.


"Les Belges sont volontaires et c’est très agréable"

Par contre, avant d’avoir des résultats effectivement, cela implique des dépenses. "Quand Maxime n’avait pas encore fait des résultats, il n’avait pas de statut et donc les parents ont dû financer ses participations aux compétitions, les entraînements et de nombreux trajets. Il y a un gros investissement. Venant de France, j’ai été très surpris car les gens sont prêts à le faire. Je n’ai pas besoin de les forcer. Ils sont volontaires et c’est très agréable de travailler dans ces conditions-là", conclut l'entraîneur national.

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