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A minuit pile, Samar Almogren a, pour la première fois, tourné la clef de contact d'une voiture, comme des centaines de ses concitoyennes, sitôt l'interdiction aux femmes de conduire, en vigueur depuis des décennies en Arabie saoudite, levée dimanche.
Un moment inoubliable pour cette animatrice de télévision, qui dit se sentir désormais "libre comme un oiseau".
"J'ai un permis international et j'ai déjà conduit à l'étranger mais ici, chez moi, ce sera totalement différent", souligne cette jeune femme qui a étudié à l'étranger après y avoir été encouragée par son père.
Assise au volant de sa voiture dans les rues de Ryad, elle affiche un large sourire. "J'en ai des frissons tout le long du corps. Monter dans ma voiture, tenir ce volant, après avoir passé ma vie assise sur le siège arrière... Maintenant, c'est de ma responsabilité et je suis plus que jamais prête à l'assumer".
"J'ai toujours su que ce jour viendrait. Mais c'est arrivé vite. Soudainement", dit-elle, la tête couverte d'un foulard blanc.
Car "j'ai décidé de m'habiller en blanc ce soir. L'abaya noire est devenue la marque de la femme musulmane. Mais il n'y a pas de texte religieux qui prescrit qu'une femme doit s'habiller d'une abaya noire", dit-elle.
"Je ne suis pas contre l'abaya noire, mais je suis contre forcer quiconque à la porter", ajoute-t-elle, le blanc étant pour elle la "couleur de la paix".
"J'ai enlevé mon niqab il y a longtemps. Quand j'ai décidé de montrer mon visage à la télévision, ça ne s'est pas très bien passé. Mes frères étaient très en colère, mais mon père m'a soutenue", raconte encore cette mère de famille.
L'interdiction de conduire, "c'était le plus gros obstacle. Je n'en vois désormais pas d'autre. Pouvoir conduire était le plus important et c'est maintenant chose faite", se félicite l'animatrice de talk-show et écrivaine.
Pourtant, "je déteste conduire", avoue-t-elle, "mais ce n'est pas la question, le fait est que c'est mon droit. Je peux désormais conduire. Que je le veuille ou non est une autre question".
Elle sait d'ailleurs déjà que les occasions de se retrouver au volant ne vont pas manquer.
"Beaucoup de personnes me demandent déjà de les conduire au travail ou de venir prendre un café. Ça va être génial de pouvoir emmener ma mère, plutôt que de la faire asseoir sur le siège arrière avec un chauffeur qui est un étranger", explique Samar.
Sa mère est trop âgée pour se mettre à la conduite mais avec ses soeurs elles ont prévu de la promener en voiture: "On veut la gâter", dit-elle.
Le plus important à ses yeux, c'est que désormais elle peut emmener son bébé toute seule en voiture, au lieu de le confier à un chauffeur.
Heureuse, comme des milliers de Saoudiennes, elle dit se sentir désormais "comme un papillon..... Non, un oiseau. Je me sens libre comme un oiseau."