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Arthur H redouble d'amour

"Chien fou et amoureux ? Ah oui! C'est complètement moi": Arthur H, la voix la plus rauque de la chanson française, revient avec un double album au recto apaisé et envoûtant, au verso secoué et hédoniste.

Depuis 28 ans, Arthur H étend son univers aux confins du rock, du cabaret, du jazz, du blues, de l'électro et de la poésie. Baudelairien côté spleen, Gullivérien côté onirique, Gainsbourgeois côté lyrique, Higeliniste côté foutraque.

Musicien inclassable, le fils de Jacques Higelin a longtemps aimé confronter les genres dans un maelström d'émotions sonores. Mais cette fois, l'inspiration née de voyages au Mexique, à Bali et au Japon, fut à ce point foisonnante que l'idée s'est peu à peu imposée de faire un double album aux ambiances distinctes: cet "Amour chien fou" aux 18 chansons qui paraît vendredi.

"C'était l'idée de ma compagne Léonore Mercier, qui est artiste contemporaine et a beaucoup participé au disque. Elle m'a dit +Il y a tes ballades, tes chansons émotionnelles, douces, atmosphériques. Et il y a tes morceaux disco-punk, enlevés, dansants+. Elle m'a suggéré de séparer ces deux univers, pour permettre aux gens de choisir ce qu'ils veulent écouter", explique Arthur H.

"Ça m'a beaucoup parlé, parce que je crois qu'un album c'est une histoire qu'on peut écouter du début à la fin. Du coup j'ai composé en pensant à cette idée-là", poursuit l'auteur-compositeur pour qui il est préférable "d'écouter les chansons dans l'ordre, car on pourra y trouver un fil conducteur".

Et surtout une variation sur le même thème, l'amour, qu'Arthur H concède aborder "sous pleins d'aspects très différents" dans son 10e album.

Par déclarations d'abord. A sa mère dans "La boxeuse amoureuse", qui met K.O. d'entrée avec sa magnifique mélodie au piano. A la femme qui partage sa vie dans "Ma Reine de coeur". A Lhasa, la chanteuse, l'amie trop tôt disparue "Sous les étoiles à Montréal". Aux membres de sa famille dans "Brigade légère".

- "S'offrir entièrement" -

Par fantasmes ensuite, avec cette "La Dame du lac" qui commence comme les Doors et finit comme Nick Cave, et la fameuse "Lily Dale", sa "Melody Nelson" à lui, qu'il convoque de nouveau quinze ans après "Négresse blanche" (2003). Planants sur ce titre, les volutes de Serge Gainsbourg, période "L'homme à la tête de chou", enveloppent aussi le morceau "Inversion mélancolique".

L'amour se veut langoureux dans "Moonlove fantaisie" sur le premier disque et bien plus chaud dans "Moonlove déesse", sa suite à la ligne de basse très "Billie Jean" sur le second. Il se veut aussi mordant dans "Nosferatu", une chanson qui "aborde une autre caractéristique de l'amour qui est le vampirisme. On se suce le sang mutuellement".

Puis vient cet "Amour chien fou", qui clôt l'ensemble et semble donc définir, dans sa période actuelle, l'artiste de 51 ans à la barbe hirsute et aux cheveux ébouriffés recouverts d'un haut de forme.

"Le chien fou, je l'aime bien", dit-il. "Il ne réfléchit pas. Il est à sa façon un peu pathétique. Il est là, fou pour son maître ou sa maîtresse. J'aime beaucoup sa façon de s'offrir entièrement. Cette espèce de joie totale, très enfantine, où tout d'un coup son énergie est libérée. Nous, nous avons tellement tendance à nous étouffer nous-mêmes, à nous éteindre à petit feu. Alors que le chien non."

En ce sens, Arthur H prouve qu'un grand et beau disque peut naître d'un amour heureux et épanoui et pas uniquement d'un chagrin et d'un coeur brisé. "C'est sûr que l'amour douloureux est plus poignant. Il peut être en apparence plus intense. Mais je trouve que dans la joie, il y a aussi quelque chose de très poignant, de très émouvant."

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