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Le numéro un européen de l'hôtellerie AccorHotels va se renforcer dans le secteur du haut de gamme, avec le rachat de l'hôtelier suisse Mövenpick Hotels and Resorts pour 560 millions de francs suisses (482 millions d'euros) en numéraire.
Cette acquisition, annoncée lundi dans un communiqué, a été réalisée auprès de la maison mère du suisse Mövenpick Holding qui détenait jusque-là 66,7% du capital, et de la société Kingdom Holding, contrôlée par le prince saoudien Al-Walid ben Talal, et actionnaire à hauteur de 33,3%.
A la Bourse de Paris, les investisseurs réagissaient positivement à cette annonce. Vers 12H10 (10H10 GMT), le cours du titre de AccorHotels prenait 2,05% à 46,90 euros, dans un marché en progression de 0,24%.
Fondé en 1973, Mövenpick Hotels and Resorts est spécialisé dans le haut de gamme pour une clientèle à la fois de loisirs et d'affaires. L'enseigne gère 84 hôtels dans 27 pays, soit plus de 20.000 chambres, plus particulièrement en Europe et au Moyen-Orient, et compte 16.000 collaborateurs, selon AccorHotels.
Le suisse compte d'ailleurs renforcer sa présence dans le monde, puisqu'il prévoit l'ouverture de 42 hôtels supplémentaires d'ici à 2021, soit 11.000 chambres, "avec un fort développement au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie-Pacifique", précise le texte.
Le groupe propose également des croisières en Egypte, sur le Nil et le lac Nasser.
"Avec l'acquisition de Mövenpick, nous consolidons notre leadership sur le marché européen et accélèrerons encore notre développement sur les marchés émergents, notamment au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie-Pacifique", s'est félicité le PDG d'AccorHotels Sébastien Bazin, cité dans le communiqué.
L'opération devrait être finalisée au cours du deuxième semestre 2018 après l'approbation des autorités réglementaires. Elle contribuera positivement aux résultats d'AccorHotels "dès la première année", a assuré le groupe français.
Pour se diversifier et mieux résister à la concurrence des plates-formes de location entre particuliers et celle des grandes centrales de réservation en ligne, AccorHotels, qui se présente comme le numéro deux mondial sur le segment du haut de gamme et du luxe, a multiplié les acquisitions depuis quatre ans.
- "Consolidation" -
Il a investi dans les plates-formes de location de résidences de luxe (Onefinestay), la vente privée de voyages (VeryChic) ou la conciergerie (John Paul). Il s'est même diversifié dans l'événementiel - avec une part minoritaire dans Noctis, gérant d'emblématiques clubs parisiens comme Castel ou Raspoutine - et dans l'immobilier commercial avec Bouygues.
Plus récemment, le groupe a annoncé sa prise de participation de 50% dans le conglomérat sud-africain Mantis, qui possède plusieurs hôtels de luxe sur le continent africain notamment.
"Ces mouvements accentuent la dynamique de consolidation constatée ces dernières années", selon une note du cabinet spécialisé MKG Consulting.
"L'hôtellerie a enregistré depuis trois ans de nombreux mouvements de fusion-acquisitions ayant entraîné d'importantes mutations dans le paysage du secteur et dans la hiérarchie mondiale des acteurs", constate encore le cabinet, qui cite notamment le rachat de Starwood par Marriott International ou encore de la chaîne d'"hôtels-boutiques" Kimpton par InterContinental Hotels Group (IHG).
Pour soutenir sa stratégie de croissance externe, AccorHotels peut compter sur la cession de 55% d'AccorInvest, l'entité regroupant ses activités immobilières, à un groupe d'investisseurs comprenant des fonds souverains saoudien et singapourien.
Cette opération va en effet permettre au groupe français de bénéficier d'un apport de liquidités brut de 4,4 milliards d'euros. En plus des acquisitions, le groupe souhaite mettre à profit cet argent pour racheter 1,35 milliard d'euros d'actions, soit 10% de sa valorisation boursière actuelle.
A cette occasion, le PDG du groupe français avait annoncé que le géant de l'hôtellerie allait poursuivre ses acquisitions ciblées et qu'il pourrait totaliser d'ici cinq ans une quarantaine de marques.
Sur l'année 2017, AccorHotels, qui compte plus de 4.300 hôtels dans 100 pays, a affiché un bénéfice net en forte hausse (+66,4% à 441 millions d'euros), malgré un chiffre d'affaires divisé par près de trois (à 1,94 milliard d'euros) en raison de l'opération de cession de son pôle immobilier.