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Le précédent numéro de Je vous dérange, diffusé début novembre, avait marqué les esprits. Christophe Deborsu y partageait le quotidien de ceux qui vivent des allocations sociales, leurs difficultés, leurs stratégies et parfois leurs fraudes. Une « immersion brute » qui avait provoqué de vives réactions. Un mois plus tard, le journaliste et son équipe reviennent avec un autre sujet sensible : le pouvoir d’achat des Belges.
« Le pouvoir d’achat des Belges a doublé depuis 1990 »
Dans ce nouvel épisode, Christophe Deborsu s’attaque à une idée reçue : celle d’un pouvoir d’achat en chute libre. « On entend en permanence partout que le pouvoir d’achat diminue », constate-t-il. Pourtant, les chiffres racontent une autre histoire. D’après les données de l’OCDE et de la Banque nationale, le pouvoir d’achat des Belges a doublé depuis 1990. « Autrement dit, on peut aller deux fois plus au restaurant, voyager deux fois plus ou acheter 2 fois plus dans les magasins qu’il y a 35 ans », résume-t-il. « Il faut tout de suite dire, évidemment, que c’est une moyenne », précise le journaliste, certains Belges ayant progressé plus que d’autres en terme de pouvoir d’achat.
Les économistes sont formels
Les experts confirment cette analyse. Bertrand Candelon, professeur à l’UCLouvain, rappelle que « notre capacité d’achat est nettement plus élevée que celle de nos parents ou grands-parents ». Charlotte de Montpellier, macro-économiste chez ING, corrobore : « Depuis le début des années nonante, le pouvoir d’achat réel a fait fois deux. »
Même diagnostic pour Bram De Rock, économiste à l’Université de Bruxelles : « Oui, le pouvoir d’achat des Belges augmente. L’OCDE le montre clairement. » Conscient du scepticisme qu’il suscite, il ironise : « Il y aura bien sûr des gens sur les réseaux sociaux qui vont me décrire, comme ce professeur de l’ULB complètement dingue. Pourtant, l’indexation des salaires protège la plupart d’entre nous quand les prix augmentent. »
Quand le ressenti contredit les chiffres
Pourquoi cette impression collective d’un appauvrissement ? Le neurologue Steven Laureys avance une explication étonnante : « Nous sommes beaucoup plus sensibles aux pertes qu’aux gains. C’est un héritage de notre évolution. Depuis des millions d’années, notre cerveau s’est façonné pour repérer des menaces : manquer de nourriture, être attaqué dans la savane. Il vaut mieux surestimer un danger que le sous estimer. » Cette sensibilité expliquerait le pessimisme ambiant, malgré des données objectives positives. Christophe Deborsu souligne néanmoins qu’il y a des Belges pour qui la réalité est tout autre. Les parents solos, notamment, voient leur pouvoir d’achat diminuer. « Là, oui, c’est clairement un problème. »
« Je vous dérange », en exclusivité sur RTL play.
