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Les finances des villes wallonnes ne sont pas bonnes: "Tout cela va devoir se résoudre par des augmentations d'impôts", avertit un économiste

Nous vous en parlions ce matin, selon des rapports confidentiels, la ville de Liège serait au bord de la faillite. D'autres grandes villes wallonnes sont dans des situations financières catastrophiques, comme Mons, Namur ou Charleroi. Qu'est-ce que cela implique pour le citoyen? Réponse avec l'économiste Bruno Colmant.

Est-ce possible pour une ville d'être déclarée en "faillite"?

Non, la faillite c'est une façon d'apurer les dettes. Ce n'est pas applicable à une ville, à une commune. On parle de cessation de paiement et donc de financement par des tiers, par des banques, par les Régions, parce que manifestement, il faut que la ville continue à assurer ses risques de proximité.

Donc, la réalité du problème, c'est qu'on peut rationaliser les finances d'une ville, mais on le fait en déplaçant le problème ailleurs, et à un certain moment, soit on réduit cette aide à la population, soit on augmente les impôts communaux. Mais on sait que c'est difficile dans des communes qui sont déjà avec une population qui est un peu précarisée.

La ville va devoir emprunter, mais à qui? Certaines banques refusent que leurs prêts servent à financer les grandes villes.

Oui, les banques ne veulent pas concentrer leur risque sur des débiteurs particuliers. Donc ce qui va sans doute se passer, c'est que les banques vont prêter à un organisme intermédiaire qui dépend de la Région wallonne.

Ça permet de mutualiser les risques et cet organisme va lui-même redistribuer le financement auprès de certaines villes, comme Mons, Liège et Charleroi. Parce que de toute façon, il va falloir refinancer les villes. Donc, même si on met en œuvre des économies, ce ne sera pas dans un tempo suffisant pour permettre de résoudre l'endettement.

Les villes vont devoir rembourser cet argent. Qu'est-ce que cela implique pour les citoyens?

En fait, je crois que nous ne sommes plus conscients des services à la population. Plus conscients de ce qu'apportent la police, les services communaux, … On s'y est habitué, sans vouloir en payer le prix réel. Ça veut dire deux choses. Ou bien, pour la population, on réduit vraiment les services, on rationalise, c'est possible. Ou bien, on augmente les impôts, les impôts communaux.

Je sais que Liège est déjà extrêmement imposée, sans doute c'est une des communes les plus imposées de Belgique. Mais en même temps, il y a un équilibre à faire et je crois qu'immanquablement, les grandes villes passeront par une augmentation des impôts.

Il y a un problème que je voudrais aussi mentionner, c'est que le gouvernement fédéral veut limiter les allocations de chômage à deux ans. Ce qui veut dire qu'après deux ans, les chômeurs devraient passer sous le contrôle du CPAS.

On sait que les CPAS, qui dépendent des communes, sont déjà super endettés. Donc des mesures fédérales pourraient elles-mêmes aggraver le problème. Donc, tout ça, ce sont des déplacements de financement, des déplacements de dépenses, et qui vont, à un moment, devoir se résoudre, je crois, par des augmentations d'impôts.

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