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Comment la Belgique subira les droits de douane imposés par Donald Trump? Voici les secteurs où "le choc va être le plus rude"

Le retour des droits de douane voulus par Trump menacent l'emploi en Belgique, notamment dans le secteur pharmaceutique et de la chimie, assure l'économiste Philippe Ledent. Cette décision pourrait aussi coûter un milliard aux entreprises technologiques belges et 3 milliards aux entreprises flamandes.

EN DEUX MOTS :

  • Les nouvelles taxes américaines risquent de fortement pénaliser les exportations belges, notamment dans le secteur pharmaceutique et de la chimie.
  • Les entreprises belges pourraient perdre des marchés aux États-Unis, avec des conséquences sur l’emploi.
  • L’Europe pourrait riposter, ce qui ferait grimper les prix de certains produits importés des États-Unis chez nous.

"Fondamentalement, il y a un tournant et je pense qu'on ne reviendra pas à cette mondialisation des 20 dernières années", réagit l'économiste de chez ING Philippe Ledent aux droits de douane imposés par Donald Trump.

Dans le 7h50, ce mercredi matin, il explique les conséquences de cette décision : "Ça veut dire que ça va réduire les flux d'exportations vers les États-Unis puisque le produit américain, quand il y en a un, deviendra un peu plus intéressant (pour les Américains, ndlr). Donc nous, nous risquons de moins exporter vers les États-Unis. Ça veut dire que les entreprises, même en Belgique, qui exportent vers les États-Unis, subiront des conséquences en matière d'emploi", prévoit-il.

Pour rappel, un droit de douane est une taxe que les pays appliquent aux marchandises importées pour augmenter leur coût et favoriser la production locale, tout en générant des revenus pour l'État. Concrètement, cela veut dire que les Américains payeront plus cher un produit importé de l'étranger, y compris d'Europe, ce qui pourrait les décourager à l'acheter si un produit local et moins cher existe.

En 2023, les exportations vers le marché américain représentaient 28 milliards d'euros.

Le secteur pharmaceutique et de la chimie particulièrement impacté

En Belgique, quels seront les secteurs les plus exposés ? "La pharma et la chimie", répond-il sans hésiter. "Souvent, on pense à des produits du supermarché. Mais la réalité du commerce n'est pas celle-là. C'est plutôt des composants, des produits de base chimiques, pharmaceutiques, que l'on vend vers les États-Unis et donc qui sont bien en amont du produit que le consommateur final consomme". C'est dans ces secteurs-là que des pertes d'emploi sont le plus à craindre, "que le choc va être le plus rude".

Selon la fédération sectorielle Agoria, industrie technologique belge va être "durement" frappée également. Selon elle, "plus d'un milliard de droits de douane" vont s'imposer aux exportations belges vers les États-Unis.

Selon un premier calcul, les droits de douane sur les produits flamands devraient être multipliés par huit, de 376 millions à 2,9 milliards d'euros par an, indique le ministre-président flamand Matthias Diependaele (N-VA). "On ne sait pas encore dans quelle mesure ces droits d'importation supplémentaires seront répercutés par les entreprises américaines sur les exportateurs flamands, ni quels en seront les effets secondaires", ajoute-t-il.

Quel impact sur les prix chez nous?

Faut-il aussi craindre des conséquences pour notre porte-monnaie ? Les prix, vont-ils drastiquement augmenter ? Pas automatiquement, estime l'économiste. "Disons que là, c'est plus au travers des mesures de rétorsion (de représaille, ndlr) que l'Union européenne pourrait prendre. (...) L'Europe pourrait dire 'alors nous, on en remet une couche' et à ce moment là, on risque d'avoir des produits qui sont directement en provenance des États-Unis, dont le prix augmentera ou encore une fois au travers de composants que nous importons des États-Unis", explique-t-il.

En revanche, Philippe Ledent doute que la mesure puisse avoir un impact sur le prix du pétrole. "Trump a un autre objectif de faire baisser le prix du pétrole, parce que c'est une corde sensible pour le ménage américain. Et donc moi, j'aurais moins peur par rapport au prix du pétrole".

La FEB se montre inquiète

La Fédération des entreprises de Belgique (FEB), la principale organisation patronale du pays, craint que la décision de Donald Trump soit "très dommageable pour la Belgique, l'Europe et l'économie mondiale". Olivier Joris, directeur Europe et International du département d'études, pense que nous serons affectés de deux manières. "Premièrement, il y a l'impact sur nos relations commerciales bilatérales avec les États-Unis. Les Américains sont notre quatrième partenaire commercial après l'Allemagne, la France et les Pays-Bas. L'annonce d'un prélèvement supplémentaire de 20% est donc évidemment une très mauvaise nouvelle."

Mais Olivier Joris souligne également un effet indirect. "La Belgique exporte de nombreux composants semi-finis vers des pays comme la France, l'Allemagne ou les Pays-Bas, qui exportent ensuite des produits finis vers les États-Unis. Nous pourrions donc être doublement touchés."

Les droits de douane affecteront différents types d'exportations belges, allant des produits chimiques aux machines, en passant par les voitures et les denrées alimentaires. Pour la FEB, il est encore trop tôt pour chiffrer l'impact, mais l'effet néfaste "est inévitable", prévient-elle.

La Fédération est d'avis que l'Europe doit réagir, mais de manière proportionnée. "Nous devons éviter d'impacter certains secteurs de manière exagérée. L'exercice ne sera pas facile. Nous devons éviter de perturber les chaînes d'approvisionnement. Le dialogue est notre priorité. Nous espérons que l'escalade sera de courte durée et qu'un accord gagnant-gagnant pourra être trouvé."

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