Partager:
Pièges tendus sur une application de rencontres, insultes, coups, menaces... Huit victimes homosexuelles ont été ciblées à Bruxelles. Le procès de leurs agresseurs s'est ouvert aujourd'hui.
Le tribunal correctionnel de Bruxelles examine cette semaine une affaire glaçante. Deux jeunes hommes sont accusés d’avoir tendu des pièges à huit victimes homosexuelles, via l’application de rencontres Grindr. À chaque fois, les faits suivent le même scénario : un faux rendez-vous, une embuscade, des agressions physiques, parfois sous la menace d’un couteau, et des vols.
Il me traitait de "sale pédé"
L’une des victimes, un homme d’une cinquantaine d’années, a raconté l’agression subie en juin dernier. "Ils étaient deux. Il y en a un qui est resté avec moi pendant que l'autre allait au Mister Cash pour vider mon compte", confie-t-il. "Celui qui est revenu voulait me lacérer le visage, me traitait de ‘sale pédé’. Il voulait vraiment me casser la gueule. Il voulait me défigurer parce que j'étais gay".
Une violence ciblée et préméditée
Pour les avocats des parties civiles, la préméditation est évidente. "Les prévenus ont établi un véritable stratagème pour coincer leurs victimes dans des lieux reculés et les battre quasi à mort", explique Me Maryse Alié. Me Olivia Venet, qui représente Unia – l’institution publique de lutte contre les discriminations – insiste : "Ce ne sont pas seulement des agressions à but lucratif. Les violences sont disproportionnées, gratuites, et accompagnées d’insultes à caractère homophobe".
Ces éléments pourraient aggraver les peines encourues, les agressions à caractère sexiste ou homophobe étant considérées comme des circonstances aggravantes par la loi belge. Les prévenus risquent de la prison ferme et de lourdes amendes.
Les accusés en aveu
Lors de l’audience, les deux jeunes hommes – aujourd’hui âgés de 18 et 19 ans – ont reconnu certains faits, tout en contestant certaines accusations. Leur défense évoque des parcours de vie difficiles : errance, addictions, conflits familiaux.
Une distorsion cognitive
L’un des avocats, Me Bruno Dayez, avance un biais cognitif chez ses clients : "Ils fixaient des rendez-vous en se faisant passer pour des mineurs, et molestaient leurs victimes au lieu de laisser la justice faire son œuvre. Ce n’est pas de l’homophobie au sens propre", affirme-t-il, évoquant "une distorsion cognitive" qui amènerait à assimiler homosexuels et pédophiles, une confusion gravement erronée, souligne-t-il.
Une justice réparatrice
Parmi les victimes, certaines demandent une réponse plus symbolique que punitive. "Je ne veux pas d’argent, ni de prison", déclare l’un des plaignants. "Dans mon idéal, ces personnes devraient faire des travaux d'intérêt général dans des associations LGBT. Ce serait une forme de réparation utile".
L’audience se tient à huis clos, en présence des victimes, de leurs familles et de représentants d’Unia. Un troisième complice, mineur au moment des faits, sera jugé séparément par une juridiction de la jeunesse.


















