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Les IPPJ (Institutions Publiques de Protection de la Jeunesse) sont des centres de détention pour les mineurs ayant commis des faits délinquants graves. En Fédération Wallonie-Bruxelles, on en dénombre 6 : Fraipont, Saint-Servais, Wauthier-Braine, Jumet, Saint-Hubert et Braine-Le-Château. C’est dans cette dernière institution que notre journaliste s’est immiscé afin d’en comprendre le fonctionnement.
« On a quatre unités, qu’on dénomme A, B, C et D. Chacun peut accueillir 10 mineurs. », détaille Jean-Yves Charlier, directeur de l’IPPJ de Braine-Le-Château. Ces petits groupes de 10 permettent un suivi plus personnalisé. L’enfermement des jeunes est rythmé par des moments en chambre, des activités, des cours, mais également une réunion hebdomadaire de l’équipe éducative afin d’assurer une réinsertion dans la société.
Dans cette IPPJ, un terrain permet aux jeunes de s’adonner à certains sports comme le football ou encore le rugby. Derrière tout cela, des caméras filment 24 heures sur 24 le lieu. « Il y a un contrôle permanent pour s’assurer que tout se passe dans de bonnes conditions. », confie le directeur.
Un certain dysfonctionnement
Malgré tous ces dispositifs mis en place, tout ne se déroule pas comme il le faudrait. « Les gens qui sont sur le terrain sont démunis face aux jeunes avec lesquels ils travaillent. C’est tout le secteur qu’il faut revoir. », déplore Éric Beuken, éducateur à l’IPPJ de Fraipont et délégué syndical CSC.
Pour mieux comprendre tout cela, notre journaliste a fait la rencontre de Maxime, un jeune de 16 ans passé par une IPPJ. « S’il y a un éducateur en moins l’après-midi, on ne peut pas sortir des chambres. Cela arrivait une fois toutes les deux semaines au minimum. Je m’embêtais dans ma chambre, j’en avais marre. », explique l’adolescent. Autre problème, le manque de psychologue. « Tant que je n’avais pas de psy, ma juge me disait que je n’évoluais pas. Je n’en ai pas eu pendant 4 mois. C’est-à-dire que je ne pouvais pas changer sans avoir de psy et ce n’était pas de ma faute. », souligne Maxime.
Des bâtiments vétustes
Pour Christophe Rémillon, membre de la Commission de surveillance des IPPJ, le témoignage du jeune ne l’étonne pas. « Il y a un manque de personnel, le personnel est fatigué, en pénurie et donc automatiquement, ça va avoir une incidence sur cette mission première, sur les jeunes qui vont devoir rester en chambre puisqu’en fait, on va renier dans les activités sportives qui sont finalement les activités les plus importantes, l’outil premier pour les éducateurs », analyse-t-il.
Autre problème, les bâtiments en eux-mêmes. « Je constate surtout sur les terrains, ce sont des équipes découragées dans des bâtiments vétustes, avec de l’humidité, des faux plafonds qui tombent, des douches qui sont en mauvais état, mais surtout un manque criant de matériel, des ordinateurs qui ne fonctionnent plus. Quand on retire à ces éducateurs le premier outil qui leur permet de travailler avec les jeunes pour faire des activités socio-sportives, pour rentrer en relation avec les jeunes, gagner leur confiance, c’est un véritable drame. », constate Christophe.
















