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L'ancienne ministre de l'Emploi, l'Action sociale, la Santé et l'Égalité des Chances est l'invitée de Martin Buxant. Elle partage ses coups de coeurs et ses déception, son rapport à Liège et le projet du PS après les élections de juin. Voici le Regard de Christie Morreale sur 2024.
Christie Morreale (PS) s'est confiée à Martin Buxant dans le vidéocast Regard sur 2024. En cette fin d'année, l'heure est d'abord à la rétrospective pour la socialiste qui a fait l'actualité à de multiples reprises : "C'était une année de changement", entame d'emblée Christie Morreale. "J'étais ministre, aujourd'hui, je suis députée, cheffe de l'opposition. Et en même temps, j'ai déménagé à Liège. Ça, je dirais que c'est très positif."
Un changement d'adresse significatif et symbolique : "Il y a dix ans, je n'aurais jamais imaginé vivre en plein cœur de Liège. J'ai commencé à faire mon jogging sur les quais de Meuse, ça m'a plu. La ville se transforme à travers de grands projets, ça m'a donné envie d'y passer plus de temps", explique-t-elle.
La socialiste, qui a reçu plus de 30.000 voix de préférence lors des élections de juin, un score qui lui a fait "chaud au cœur", dit avoir écouté le signal de la population : "J'ai eu un gros soutien des Liégeois qui m'ont dit : 'Écoute, on aimerait que tu viennes, il n'y a plus de ministre issu de la ville de Liège, ni à la Région, ni au Fédéral, ni à la Fédération Wallonie-Bruxelles', j'ai suivi mon cœur, et je me suis installée totalement à Liège", raconte Christie Morreale.
Martin Buxant et la députée wallonne ont d'ailleurs abordé la question de la gouvernance de la Cité Ardente, une coalition PS-MR, renvoyant le PTB dans l'opposition. Un choix assumé : "Le MR était déjà dans la majorité sous l'ancienne législature et ça s'était assez bien passé sur le plan humain. Ils ont construit des choses qu'ils avaient envie de continuer ensemble, notamment sur les finances publiques ou sur le dossier de la toxicomanie", justifie-t-elle. Pour rappel, à l'heure où nous écrivons ces lignes, Christie Morreale assume deux casquettes : celle de cheffe de groupe socialiste au Parlement wallon, et celle de députée de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Passage de flambeau
Les différents dossiers doivent être bouclés par l'actuel bourgmestre de Liège, Willy Demeyer (PS). Ce dernier a déjà annoncé ne pas vouloir assumer la fonction durant toute la législature de 6 ans. "Il souhaite finaliser les dossiers, puis passer le flambeau", confie la députée wallonne. Un poste qui reviendrait à Christie Morreale : "Le mayorat revient à la personne qui a le plus de voix sur la liste", rappelle-t-elle. Une "grande fierté" qui lui met du baume au cœur : "Il y a quatre mois, je ne me serais jamais imaginée ici, au cœur de la Cité Ardente. C'est la meilleure des adoptions", avoue-t-elle en arborant son plus grand sourire.
Malgré tout, 2024 reste aussi une année amère pour le Parti socialiste, grand perdant des élections de juin. "On doit faire ce travail d'introspection", lance Christie Morreale. "Paul Magnette a proposé une méthode pour, d'ici mars, faire un travail de fond sur nos valeurs socles, sur ce qu'on veut être au 21e siècle. On doit regagner le cœur des citoyens en général", ajoute-t-elle.
Ce serait une erreur de ne changer que de nom
Une remise en question qui pourrait passer par un changement d'identité : "Ça vous attristerait ou pas, que le Parti socialiste change de nom en 2025 ?", demande Martin Buxant. "Ça ne m'attristerait pas spécialement, mais ce serait une erreur de ne faire que ça. Un simple changement de nom, ce serait du façadisme", répond-elle. "Le plus important, c’est le travail de fond sur ce qu’on est et les solutions qu’on met en place. Si un changement de nom arrive, il doit être la conséquence de cette réflexion, pas l’inverse", ajoute la socialiste.
L'importance des apparences
Prioriser les apparences ou le fond, une question qui ne se pose pas, selon Christie Morreale. Et ça vaut aussi pour son propre look : "Je préfère rester simple", lance-t-elle, d'emblée. "Je représente les gens, donc je fais attention à être correcte, mais je ne veux pas devenir quelqu'un d'autre. Je reste assez naturelle et spontanée", ajoute la députée régionale qui souligne ne pas aimer se voir sur les écrans. "Je déteste ça, je n'aime pas mon image, ni ma voix. Mes proches me soutiennent davantage. Quand mes enfants disent que c'était bien, ça compte double."
Coup de coeur
Le coup de cœur de Christie Morreale en 2024, c'est Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol : "C'est un leader européen qui est à la fois féministe, qui a relevé la gauche, qui a relevé son pays, ses finances, qui a remis l'Espagne au cœur de l'Europe, c'est le genre de progressiste qui m'inspire et pour lequel j'ai une forme d'admiration", avoue la socialiste.
Beaucoup d'émotion
Culturellement, elle relève un documentaire qui les ont marqués, elle et son fils : L'acier a coulé dans nos veines, de Thierry Michel, produit par Christine Pireaux. Un documentaire sur les sidérurgistes, un métier qui garde une place toute particulière dans le cœur de Christie Morreale. "Je crois que jusqu'à cinq générations de ma famille ont travaillé dans la sidérurgie", pense-t-elle. "Mon fils n'a jamais vu une sidérurgie en tant que telle. Là, il a vu l'envers du décor. C'était beaucoup d'émotion."
"Mon grand-père a d'abord travaillé dans les mines, puis il est allé à la scierie. Et du côté de ma maman, ce sont aussi des personnes venues de Hollande, et même de Flandre pour travailler, c'était l'immigration économique de l'époque", raconte Christie Morreale qui souligne que son deuxième nom est "De Klerk".
Déception
Sans aucun doute, la plus grosse déception de 2024, pour la socialiste, s'est matérialisée en juin. "On a perdu 2%, mais c'est surtout la droite et le centre qui ont gagné, ce qui leur a permis de faire une majorité. Du coup, ils mènent une autre politique. Et parfois, c'est un peu ça la déception, des combats qu'on avait portés sont déconstruits très rapidement", déplore-t-elle.
La députée donne deux exemples : "Les collations saines, c'est un projet éco-socialiste que je portais, où des maraîchers de toute la Wallonie approvisionnaient les écoles avec une alimentation saine et durable, transformée par des stagiaires en formation. Ça vient d'être annulé", regrette Christie Morreale.
Autre mesure phare, la gratuité des TEC pour les jeunes de 18 à 25 ans "pour qu'on les incite à voyager et à prendre les transports en commun" est en sursis pendant un an. "On a gagné un an, c'est la preuve que même dans l'opposition, on peut encore porter des combats si la pression est suffisante. On verra si à partir de 2026 s'ils abandonnent ou pas", glisse-t-elle.
L'intégralité de l'interview Regard sur 2024 de Christie Morreale