Accueil Actu Belgique Politique

Cette mesure concernant l'emploi en Wallonie que Pierre-Yves Jeholet veut réformer fait bondir la FGTB: "une manipulation grossière"

Pierre-Yves Jeholet, le ministre wallon de l'économie, veut réformer les cellules de reconversion en Wallonie. La FGTB, elle, dénonce "une manipulation grossière, qui cache mal la volonté de démanteler un outil qui gêne".

Le ministre wallon de l'économie Pierre-Yves Jeholet (MR) veut copier le modèle bruxellois et flamand pour les cellules de reconversion, et ne veut plus des syndicats pour "porter à 100% ces cellules", écrit mardi Le Soir. "Les cellules de reconversion pour l'emploi ne fonctionnent pas assez bien en Wallonie", dit-il, se basant, pour appuyer ses dires, sur le taux de réinsertion de 56,5%, soit une chute de 20% par rapport à 2023.

Les cellules de reconversion sont mises en place à la demande des syndicats en cas de faillite ou de licenciements collectifs dans une entreprise établie en Wallonie. Elles accompagnent les personnes licenciées dans leur recherche d'un nouvel emploi.

"Actuellement, en Wallonie", explique le ministre, "les cellules fonctionnent durant un an, avec une prolongation possible d'une année supplémentaire, alors qu'en Flandre ou à Bruxelles, elles ne fonctionnent que six mois, avant une prise en charge des personnes par le VDAB ou Actiris. Cela force à un accompagnement plus rapide des travailleurs."

Alors qu'actuellement, les cellules de reconversion sont portées par les syndicats, le ministre aimerait désormais les confier à des opérateurs privés. "Actuellement, les frais sont en charge du budget du Forem et de la Région wallonne. Cela coûte 10 millions d'euros par an, dont 4 pour les payements des accompagnateurs sociaux des syndicats. Je voudrais responsabiliser l'employeur qui licencie massivement en lui faisant assumer ses choix et en le forçant à rembourser les frais et les questions d'outplacement qu'on confierait à des opérateurs privés comme Randstad RiseSmart, LHH, Ascento, Travvant, ATH ou Right Management.

La FGTB répond

L'intention du ministre wallon de l'Économie, Pierre-Yves Jeholet, de confier les cellules de reconversion à des opérateurs privés est reçue comme un véritable affront par la FGTB wallonne. Le syndicat socialiste balaie, dans un communiqué envoyé à l'aube mardi, les chiffres avancés par le ministre, "une manipulation grossière, qui cache mal la volonté de démanteler un outil qui gêne".

La FGTB rétorque que le taux annoncé par le Ministre de 56,5% de réinsertion a été biaisé l'an dernier par un nombre important de malades de longue durée chez les travailleurs issus de l'entreprise TNT. En corrigeant le biais, "le vrai taux de réinsertion en 2024 est de 65,87%", selon la FGTB. Et ce alors que la majorité des bénéficiaires des cellules de reconversion sont âgés de plus de 45 ans, "souvent sans diplôme secondaire" et ont parfois passé "20 ou 30 ans dans la même entreprise".  

"Ce que le ministre attaque, ce n'est pas un dispositif inefficace. Ce qu'il attaque, ce sont les syndicats", dénonce la FGTB wallonne. "Parce qu'ils dérangent. Parce qu'ils réussissent là où d'autres échouent. Parce qu'ils refusent que l'emploi soit une marchandise."  

Si le syndicat se dit prêt à discuter d'ouvrir en partie le mécanisme à des opérateurs privés, il refuse d'en être exclu. Confier l'insertion aux entreprises d'intérim serait une mauvaise idée alors que ces opérateurs "multiplient les contrats précaires (et) abandonnent les plus âgés". La FGTB demande à être reçue au parlement wallon afin de défendre sa cause.

Contenus sponsorisés

À la une

Les plus lus

Le fils d’Isabelle, 12 ans, abusé sexuellement par un employé dans une école de Charleroi : la famille est prise en charge dans un centre spécialisé

À Charleroi, le Centre de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS) interpellent et inquiètent. Plus d’un patient sur deux qui y est accueilli est mineur. Une proportion bien plus élevée que la moyenne nationale. Pour l’instant, difficile d’obtenir des réponses claires : les spécialistes eux-mêmes peinent à interpréter ces données. Dans ce contexte préoccupant, nous avons rencontré une maman dont le fils a été victime d’abus sexuels. Elle a accepté de nous confier son récit, un témoignage douloureux. La famille a été prise en charge dans le centre.