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Invitée de l’émission "Face à Buxant", l’ancienne ministre de la Défense a émis de vives réserves sur l’orientation prise par son successeur Theo Francken (N-VA).
Ce dimanche soir, Ludivine Dedonder, députée PS et ancienne ministre de la Défense, était l'invitée de l'émission politique "Face à Buxant" sur RTL info. Interrogée sur les ambitions budgétaires du gouvernement fédéral en matière de défense — notamment l’annonce d’un investissement supplémentaire de 4 milliards d’euros — elle a exprimé son scepticisme, dénonçant un manque de vision stratégique et une dépendance excessive à l’égard des États-Unis.
"Pour faire quoi, acheter quoi, et au détriment de quoi ?"
À la question de Martin Buxant sur l’opportunité de ce renforcement budgétaire, Ludivine Dedonder n’a pas contesté l’importance de la défense, mais a mis en garde contre une politique aveugle : "4 milliards, c'est effectivement beaucoup d'argent. Ça veut dire qu'en vitesse de croisière, on est sur un budget de plus de 10 milliards par an".
Elle ajoute: "Les questions fondamentales, c'est de savoir pour faire quoi, pour acheter quoi, et surtout comment on va le financer, au détriment de quoi ?"
L’ancienne ministre s’est montrée particulièrement virulente à l’égard de son successeur, Theo Francken (N-VA), nouveau titulaire du portefeuille de la Défense : "On ne voit aucune stratégie chez Theo Francken. On a un peu l'impression qu'il est dans un grand magasin de jouets, et qu'il va choisir tout ce qu'il peut pour atteindre au plus vite ses 2% et pouvoir finalement jouer les gros durs au sommet de l'OTAN". Une référence au seuil de 2 % du PIB consacré à la défense, objectif fixé par l’OTAN pour ses membres.
Une défense européenne autonome
Plus fondamentalement, Ludivine Dedonder a plaidé pour une rupture avec une logique d’équipement tournée vers les États-Unis, comme l’illustrent les achats d’avions de chasse F-35. "La stratégie, aujourd'hui plus que jamais, c'est d'investir dans la défense européenne. Pour moi, certainement pas en investissant dans des capacités qui proviennent des États-Unis".
Il est aveuglé par les États-Unis
Elle dénonce ce qu’elle considère comme une fascination de Theo Francken pour l’Amérique : "Il est aveuglé par les États-Unis, et ça ne date pas d’hier. En 2018, c’était déjà le cas. Aveuglé, malgré le fait que les États-Unis nous maltraitent, nous menacent..."
Et de conclure : "Ce sont nos alliés, mais nous avons besoin plus que jamais d'une autonomie stratégique, d'une défense européenne, de ne plus être dépendant des Américains, ni de personne."
Un appel clair à redéfinir les priorités de la politique belge de défense, alors que le gouvernement s’apprête à investir massivement dans ce domaine sensible.
Vos rendez-vous "Face à Buxant" en intégralité sont rassemblés sur le site et l'application RTL info

















