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« Dire que la Belgique peut résoudre les problèmes au Proche-Orient, c’est mentir aux gens » : Bart De Wever répond aux critiques sur la reconnaissance de la Palestine

Par RTL info avec Loïc Parmentier
Ce matin au Parlement, le Premier ministre Bart De Wever a été interrogé sur la position de la Belgique quelques jours avant son déplacement pour l’Assemblée Générale des Nations Unies.

Bart De Wever a justifié cet accord et l’a défendu bec et ongles devant les députés malgré les critiques de l’opposition, malgré l’offensive terrestre lancée par Israël à Gaza. Pour le Premier ministre, l’accord trouvé est le meilleur compromis possible. Il y a d’un côté cette reconnaissance de la Palestine en deux étapes. Une première fois aux Nations Unies, ce sera le volet politique et symbolique. Et puis une seconde fois légalement par arrêté royal quand tous les otages seront libérés et quand le Hamas sera mis hors-jeu. Puis dans cet accord il y a aussi des sanctions contre Israël.

La Belgique en fait-elle assez ? « On a été champion du monde en termes d’aide humanitaire aux Palestiniens, champion du monde, aucun pays au monde n’a fait plus que nous. Est-ce que ça suffit ? Ça ne suffit jamais. Si on regarde la situation sur le terrain, c’est épouvantable. On s’est décidé de mettre de la pression sur Israël, donc on va soutenir chaque sanction que l’Union Européenne peut proposer, chaque sanction, sans discussion. On a même adopté des sanctions au niveau fédéral. Mais dire que la Belgique est une grande puissance qui peut vraiment influencer le théâtre géopolitique ou résoudre les problèmes au Proche-Orient, c’est mentir aux gens. Et je n’ai pas l’habitude de faire ça. »

De Wever n’apprécie pas les « procès d’intention » qui lui sont faits

Le Premier ministre s’était vu reprocher de ne pas avoir interrompu ses vacances en Afrique du Sud pour venir au parlement, alors que la situation politique était tendue dans la majorité et que la mobilisation citoyenne battait son plein sur la reconnaissance de la Palestine. « Je crois que les Palestiniens ont droit à leur propre État et à vivre en paix en coexistence avec Israël. Et les procès d’intention qui m’accusent d’indifférence, je ne vais pas les oublier, ce sont des mots qui pèsent lourd », a-t-il affirmé. « On a respecté la deadline. Est-ce que, si j’avais interrompu mes vacances, cela aurait mis fin à la guerre ? C’est dangereux de dire ça », a fait remarquer M. De Wever.

Selon M. De Wever, il n’y a pas d’ambiguïté dans son chef : dès sa visite au président français Emmanuel Macron au printemps, il l’a assuré du soutien de la Belgique à la déclaration de New York, et il s’est employé à convaincre ses homologues néerlandais et allemand d’adopter la même attitude.

« La réputation de notre pays est gravement atteinte »

Bart De Wever a également exprimé son regret devant la décision prise par le conseil d’administration du Festival van Vlaanderen de maintenir la déprogrammation du concert dirigé par un chef d’orchestre israélien. « Je le regrette, c’est une faute », a-t-il dit en commission de la Chambre, en réponse à Sam Van Rooy (Vlaams Belang) et Denis Ducarme (MR). « Je ne pense pas que le Festival de Gand ait l’intention de faire quelque chose d’antisémite, je ne leur ferai pas ce procès d’intention, mais de facto, c’est ce qu’ils ont fait », a affirmé M. De Wever.

« Un orchestre allemand qui ne peut pas venir en Belgique parce que son chef est israélien, cela a explosé comme une bombe. Immédiatement, j’ai reçu des questions tant au niveau national que de l’étranger, de l’Allemagne en particulier. C’est un fait exceptionnel qu’un ambassadeur, un ambassadeur d’Allemagne, exprime son mécontentement que je partage pleinement. La réputation de notre pays est gravement atteinte. L’ambassadeur m’a dit qu’écarter un chef d’orchestre uniquement parce qu’il est Israélien était totalement répréhensible. Le chancelier Merz a été très clair là-dessus aussi. Qu’on le veuille ou non, la réputation de la Flandre et de notre pays a été écornée ».

L’une des raisons qui ont poussé les organisateurs du festival à déprogrammer le concert que devait donner l’orchestre philharmonique de Munich est le manque de clarté du chef Lahav Shani à l’égard de la situation dans la bande de Gaza et la politique du gouvernement israélien. Il lui a été demandé de prendre ses distances, une requête à laquelle l’intéressé n’aurait pas donné suite. « On a demandé à ce dirigeant de signer une déclaration publique et politique, cela va totalement à l’encontre de la liberté artistique et du principe de la démocratie même, cela ne se fait pas », a ajouté le Premier ministre.

Samedi soir, M. De Wever s’est rendu à Essen, en Allemagne, pour assister à un concert dirigé par M. Lahani. Il s’est entretenu ensuite avec le chef d’orchestre. Devant la presse, il ne s’est pas étendu sur leur entretien mais selon lui « c’est un homme qui a des convictions très honorables ». « Viser quelqu’un comme lui, ce n’est pas acceptable », a-t-il affirmé.

Au niveau européen, le commissaire aux Affaires intérieures Magnus Brunner s’est dit gravement préoccupé et a demandé à la coordinatrice de l’UE pour la lutte contre l’antisémitisme de collaborer avec les autorités et les organisateurs du festival « pour garantir que cela ne puisse plus se reproduire ».

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