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L’État providence tel qu’il existe en Europe s’écroulera de votre vivant si la politique ne change pas. Tel est le message qu’a adressé le Premier ministre, Bart De Wever, mardi aux étudiants de l’université de Gand (UGent) lors d’une leçon inaugurale. Pour inverser la tendance, l’Europe doit mettre de l’ordre dans ses priorités, une tâche pour laquelle les pays du Benelux peuvent jouer le rôle d’une avant-garde, selon lui.
Cette leçon du chef du gouvernement fédéral n’est pas la première à l’université de Gand. Il y a dix ans, celui qui était encore président de la N-VA avait disserté d’immigration devant les étudiants. Selon lui, dix ans plus tard, ses propos sont devenus la pensée dominante. Il a donc conseillé aux étudiants de bien écouter son discours de ce mardi.
Le Premier ministre a dressé un sombre portrait de l’État providence, troisième voie qui s’est imposée dans l’Europe de l’après-guerre, loin du communisme et d’un capitalisme débridé. Mais « cette période prend fin 80 ans plus tard », a-t-il affirmé. Le socle de prospérité sur lequel se sont construits les pensions, les soins de santé et la lutte contre la pauvreté ne peut désormais plus les porter. « A politique inchangée, l’État providence s’écroulera, pas de mon vivant mais du vôtre ».
Des solutions existent, selon M. De Wever : travailler plus longtemps, augmenter la productivité, relever le taux d’emploi et réduire les dépenses publiques. Mais la Belgique n’excelle dans aucun de ces domaines, à l’entendre. D’où l’importance de dépenses plus basses et de réformes, comme la limitation dans le temps des allocations de chômage et le retour au travail des malades de longue durée, à quoi s’emploie le gouvernement fédéral.
La coalition Arizona a « déjà fait un bon bout de chemin », estime-t-il, grâce aux mesures du gouvernement, et peut-être celles du prochain. Mais, à ses yeux, l’enjeu se situe au niveau européen. Il appelle l’UE à développer tout son potentiel économique, par exemple en achevant la mise en place du marché unique. Le chef du gouvernement déplore la « guerre commerciale contre nous-mêmes » menée au sein de l’Europe avec des tarifs parfois plus élevés que ceux pratiqués par les États-Unis. Il voit dans les pays du Benelux un « fer de lance » au sein de l’Union, comme ils l’ont déjà été par le passé.
C’est sur cette mission que devrait se concentrer l’UE, a plaidé M. De Wever. A ses yeux, l’Europe s’est perdue en voulant mettre en oeuvre la politique « la plus respectueuse du climat qui soit ». « Si nos priorités sont bien définies, le reste suivra. Si nous ne le faisons pas, nous sommes comme des oiseaux pour le chat », a-t-il asséné.
Le Premier ministre a délivré un message plutôt sombre aux étudiants. Il a reconnu lui-même qu’il oscillait entre ’espoir et frustration » mais à l’entendre, un nouvel « âge d’or » est possible, comme celui qu’a connu Gand au 16e siècle.
Le nationaliste flamand est aussi revenu sur sa vie politique. « Quelle a été votre plus grande erreur politique ? » lui a demandé un étudiant. « La plus grande erreur politique a été l’inexpérience avec laquelle nous sommes montés dans la coalition suédoise. Les résultats des négociations étaient insuffisants et nous avions trop de confiance dans l’exécution loyale de l’accord de gouvernement par nos partenaires. L’addition nous a coûté cher et a coûté cher au pays ».



















